En 2012, il a sorti son premier roman intitulé Syram. Un an plus tard, Okri Tossou, puisque c’est de cet écrivain béninois qu’on parle enrichit l’univers romanesque de son pays avec Femmes…
Un roman de 118 pages subdivisé en six chapitres, mettant au centre la défense de la gent féminine. « Elle vient d’être violée pour la seconde fois dans sa vie » : voilà la phrase qui ouvre l’ouvrage et qui interpelle plus d’un. D’abord, elle implique que la victime qui n’est personne d’autre que l’héroïne de l’œuvre, Tayé a été déjà violée une première fois. Ensuite, cette première phrase traduit tout le formatage psychologique subi par cette dernière, du fait du viol. Un phénomène qui défraie la chronique dans le monde entier. Parlant de ce fait, l’auteur écrit à la page 53 :
« … ce phénomène n’est vraiment pas une affaire de pulsion sexuelle mais de domination masculine.» Il va plus loin, toujours à la même page et déclare que « pendant les conflits intersociaux, le viol devient une arme.» Le disciple du professeur de littérature française à l’Université d’Abomey- Calavi, Bernadin Kpogodo, montre, ainsi, du doigt comme on le constate d’ailleurs, à travers les médias, les hommes en uniforme.
En effet, dans les pays en guerre, il n’est secret pour personne que les rebelles et même les forces de l’ordre, en mission pour rétablir la paix ont des relations sexuelles violentes et sans consentement avec les femmes, les jeunes filles et parfois les adolescentes. Et ils font des milliers de victimes. Dans le roman Femmes…, on peut citer, outre Tayé, Ifè, précocement séparée de ses géniteurs et obligée à l’exil.
En outre, le viol n’a pas été la seule forme de violence faite aux femmes abordée par Okri Tossou dans son deuxième roman. Il y a développé également l’abus de la suprématie de l’homme sur la femme, le phénomène des ‘’mamans- célibataire avec enfant’’ et bien d’autres.

« …Brunelle devrait se rendre en Europe pour son Master pour les faveurs d’une bourse d’étude ; elle y alla ; trouva même un boulot, mais préféra revenir pour Paul ; elle se sacrifia, sacrifia tout, s’opposa aux décisions de ses parents ! Et voilà, aujourd’hui, après cet enfant, Paul s’est barré… Son téléphone portable est désormais constamment hors zone. Rien qui indique ou souffle sa présence ni dans le quartier ni dans la ville. Paul a disparu. Point. » Page 97. Après lecture de cette partie du roman, on se rend compte de l’état d’âme de la jeune Brunelle. Les cas du genre sont légions dans la société actuelle. Il suffit de faire un tour dans les grandes villes pour comprendre que le mal a atteint son paroxysme et il urge de trouver une solution idoine.
Pascal Okri propose à la page 78 de son livre « une campagne en ligne contre les violences faites aux femmes. » Il affiche donc de manière claire sa colère contre tous les torts faits aux êtres de ”sexe faible”. Ce faisant, il apparait comme un ardent défenseur de la cause féminine.
On peut donc le qualifier d’un romancier féministe.
Le clin d’œil aux politiciens
Dans cet ouvrage paru dans le dernier trimestre du mois de décembre 2013, aux éditions Plumes Soleil, le professeur – romancier n’a pas seulement fait le procès des agresseurs du sexe féminin.
Autrement dit, ce ne sont pas uniquement, ces derniers qui ont essuyé sa colère.
Il y a aussi les politiciens. Par la voix du jeune Iretan, un autre personnage de l’ouvrage, contraint au chômage, après des études de toxicologie en Occident, les politiques, en ont eu pour leur compte. Parlant de ceux- ci, à la page 21, il déclare : « voilà des gens qui jurent que c’est votre bonheur qui les préoccupe alors qu’ils ne vous connaissent pas. » Chose courante ! Il poursuit et clame qu’ils sont des « … infatigables athlètes, toujours en compétition », page 21.
« Les politiques, conclut-il, ne vont presque jamais à la retraite. L’écrivain, en conséquence, matérialise le « péché » des dirigeants politiques africains contre leurs populations, notamment la couche juvénile. Ceux-ci, a-t-il fait remarquer ne sont pas sensibles aux maux qui entravent l’épanouissement des jeunes. La question de chômage incarnée par Iretan en dit long sur le cas du Bénin.
Esckil AGBO