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« La Ceriseraie » à l’If-Bénin: Arbitrage du duel « rêves de développement # préservation de l’héritage »

Des étudiants de l’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt) en France et de l’Ecole internationale de théâtre du Bénin (Eitb) étaient sur scène, jeudi 22 avril 2021, sous la paillotte de l’Institut français du Bénin à Cotonou dans la pièce « La Ceriseraie », un fruit de leur collaboration désirée depuis leur première rencontre en novembre 2019.

C’est dans la pièce « La Cerisaie » de l’auteur russe Anton Tchekhov créée en 1904 que les étudiants de l’Ensatt et de l’Eitb plongent leurs talents pour en tirer « La Ceriseraie ». La représentation du jeudi 22 avril 2021 à l’Institut français du Bénin à Cotonou est une réécriture portant les griffes de Pierre Koestel. Dans une mise en scène de Marie Demesy, la création s’ouvre avec une journée noire.

Les deux filles -d’une famille de trois enfants- parties en Europe devraient rentrer ce jour. Elles sont très attendues. Le père est mourant dans une résidence, un hôtel, vouée à la ruine mais restée leur seul patrimoine où bat encore le cœur de l’histoire de cette famille. A leur arrivée, elles n’auront pas la chance de sentir un seul souffle de leur géniteur pourtant qui respirait encore il y a quelques instants. La cadette n’a de cesse défendu son aversion à revenir dans cette maison ; l’idée de la mise aux enchères de ce patrimoine est sur table ; etc. Beaucoup d’opinions se croisent sur des questions d’héritage, de tradition, de déracinement, de développement dans cette famille. Même au moment de l’inhumation du père, la contradiction est vive.

« La Ceriseraie » aborde beaucoup de thématiques. Celle relative à l’héritage, vue dans une dimension réduite en famille -une cellule de la société- et à l’échelle nationale, renvoie bien à un débat encore plus animé ces dernières années au Bénin sur le développement et la préservation du patrimoine et de l’histoire. Dans la représentation, l’hôtel a été finalement cédé pour construire un espace touristique. Ce tableau fait allusion à plusieurs projets au Bénin dont celui de la Route des pêches où il faut raser des habitations, des peuples, des histoires, pour concrétiser un rêve de développement au bord de la plage. Il y a également le cas de l’hôtel PLM Alédjo reconnu comme l’un des symboles de l’histoire notamment de la démocratie au Bénin pour avoir abrité la conférence des forces vives de la Nation mais désormais dans un état délabré. Il était question de la raser pour en faire une cité balnéaire, seulement que le gouvernement, porteur de ces idées a finalement décidé de ne pas le détruire entièrement même s’il ne sera pas conservé intact dans son architecture. L’autre espace qui a encore fait couler beaucoup d’ancres et de salives lié à cette thématique, c’est la résidence les filaos à Cotonou où a vécu l’ancien président de la République du Bénin, feu général Mathieu Kérékou. Ce lieu a été simplement démolir pour être transformé en un jardin.

« La Ceriseraie » fait le condensé des opinions sur le sujet comme sur toutes les thématiques abordées dans la pièce. La pièce met en évidence que certaines positions sont guidées par des intérêts inavoués et parfois personnels que communs. Le seul garçon de la famille voulait la vente de l’hôtel pour payer des dettes. Les motivations ne sont pas toujours les mêmes. « La Ceriseraie », c’est aussi l’invite à la désillusion, à l’union en dépit des contradictions qu’il peut y avoir sur des choix de développement. Au nom du développement, faut-il effacer les traces physiques de l’histoire ou, faut-t-il, au nom de la préservation du patrimoine, rebrousser chemin quant à la concrétisation de certains rêves de développement.

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