Serge Zossou au sujet de son livre : « C’est une œuvre diplomatique pour les acteurs culturels »

« Répertoire des Organisations Culturelles au Bénin de 1991 à 2015 » est l’ouvrage qu’a publié en décembre 2016 l’Expert-Consultant- Manager en Développement Culturel, Serge Zossou. Dans cet entretien exclusif qu’il a accordé au site www.dekartcom.net, il raconte les coulisses de son initiative tout en regrettant l’attitude du Ministre du Tourisme et de la Culture, Ange N’Koué qui, selon ses propos, a exprimé un dégoût vis- à – vis de ce livre.

Lire ici l’intégralité de l’interview

Dekartcom : Vous avez publié en décembre 2016 un ouvrage intitulé « Répertoire des Organisations Culturelles au Bénin de 1991 à 2015 », dites nous les motivations qui sont à la base de cette initiative ?

Le promoteur du festival Gankéké Serge Zossou Photo: Benincultures
Le promoteur du festival Gankéké Serge Zossou
Photo: Benincultures

Serge Zossou : Le secteur culturel au Bénin se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif pour son émergence après une décennie de maux liés à la définition d’une vision claire, à son organisation et à la discipline de ses acteurs. En effet nous étions face à l’absence d’une politique nationale réelle de développement culturel, ce qui a fait le nid à l’émergence de toutes sortes d’acteurs culturels, catégories et filières confondues. Ces derniers se constituaient de plus en plus en associations, ONG, fondations, fédérations et confédérations au point où de nombreuses machinations sont nées de part et d’autres, qui pour happer des financements publics, qui pour gagner des postes de représentants des artistes au sein des conseils d’Administrations, des directions techniques et sous tutelle. C’est avec étonnement que l’on apprend que tel est propriétaire de 200 associations, tels autres de 500. Nous avions alors jugé au sein du cabinet Python Forum qu’en réalisant l’étude sur les organisations culturelles créées au Bénin du lendemain de la conférence nationale à 2016, nous contribuerons à la connaissance et à l’organisation du secteur culturel au Bénin.

Vos investigations ont duré combien de temps ?
L’étude a démarré en Octobre 2015 avec un collège de 10 personnes pour la collecte des données au niveau des Archives Nationales et du Journal Officiel. Ensuite une équipe de trois personnes a vérifié étape par étape toutes les organisations recensées pour les corrections. Cela a pris en février 2016. C’est alors que le montage et la création graphique ont permis d’avoir le document final que nous avons publié officiellement le 10 décembre 2016 à l’Institut Français du Bénin. L’étude a donc duré 01 an 02 mois.

Parlez-nous des coulisses de la rédaction de l’ouvrage ?
Il faut dire que ce n’est pas notre ouvrage puisque sa destination finale est le monde de la science, de la recherche, des études, de la gouvernance et de la diplomatie. Nous avons travaillé avec nos propres moyens et l’aide d’un aîné, aide que nous n’avons reçu que partiellement jusque là. Nous nous sommes dits qu’en travaillant avant de demander de l’aide, nous serions plus crédibles.

Mais grande a été notre étonnement lorsque le ministre du tourisme et de la culture, rencontré un beau matin nous a dit que notre document ne l’intéressait pas. Nous avions déposé des demandes d’accompagnement financier au fonds d’aide à la culture, au ministère du tourisme et de la culture sans aucun succès. C’est alors qu’en réponse à un courrier adressé, l’ambassade de France au Bénin a accepté prendre en charge le volet lancement du répertoire en mettant à notre disposition l’Institut Français du Bénin. Mais peut-on faire un lancement si l’ouvrage n’est pas dupliqué ? Cela a été notre principale difficulté. Nous avons donc imprimé une dizaine d’exemplaire pour effectuer le lancement en attendant de mobiliser les ressources nécessaires pour la duplication et la vulgarisation de l’ouvrage.

Quelle serait l’utilité de ce livre dans l’environnement culturel du Bénin ?
Ce livre contribuera à réaliser toutes les études nécessaires dans le secteur de la culture. Il est une œuvre scientifique, politique et diplomatique pour les acteurs culturels, les universitaires, les partenaires technique et financier et l’Etat en ce sens qu’il renseigne sur les différentes organisations, leurs numéros d’enregistrements, les objectifs, les membres de bureaux et les adresses.

A partir de cela, les sociologues, psychologues et anthropologues peuvent mener des études plus approfondies qui permettront de redorer le blason du secteur et le faire rayonner à travers ses productions. Les politiques publiques, les projets-programmes seront mieux orientés et le suivi-évaluation facile.

Qu’est-ce que vous avez souhaité dire que nous n’avons pas évoqué?
Je voudrais attirer l’attention du ministre du tourisme et de la culture et ses directions techniques et sous tutelles sur la nécessité de financer la duplication et la vulgarisation de cet ouvrage. Chaque acteur culturel, les universités, directions, ambassades, représentations diplomatiques, bibliothèques et lieux de culture doivent avoir à portée de main cet ouvrage et cela relève de l’accompagnement public. Ce n’est qu’à ce prix que nous contribuerons à la redynamisation du secteur culturel.

Réalisation : Esckil AGBO et Faïdatou COCOHOU (Stg)