Son ambition est de doter le Bénin d’un festival scolaire de très grande importance. Depuis 2004, il l’a initié et, clopin clopant, il égrène les éditions et ouvre dès le 31 mars 2015 la douzième. Jean- Louis Kédagni, jeune comédien et directeur du Festival Scolaire et Universitaire de Théâtre et de Chorégraphie (FESTHEC), dans cette interview qu’il a accordée à dekartcom, fait le bilan des onze premières éditions de son événement et parle des innovations pour celle qui s’annonce.
Entretien
Dekartcom : Quand et pourquoi vous avez créé le FESTHEC?
Jean- Louis Kédagni : Ce festival est né en 2004 suite à une participation du festival Kalétas d’Orden Alladatin. C’est après ce festival que je me suis dit, pourquoi pas au sein de nous jeunes, on ne peut pas initier quelque chose pour préparer la relève. Si nous devons attendre nos aînés pour préparer cette relève, c’est faux. Parce qu’ils ne vont jamais nous laisser la place. Il n’y a pas d’écoles de théâtre au Bénin, il n’y a pas d’écoles de musique, donc il faut se former sur le tas. Si les jeunes créent déjà entre eux des sketchs, pourquoi ne pas créer un creuset pour qu’ils se retrouvent au moins une fois par an pour échanger. C’est comme ça que l’idée est venue et nous avons initié le festival à travers l’Association des Jeunes pour le Développement de la Culture (AJEDEC) que je dirige. Depuis 2004, nous avons commencé avec les difficultés. Mais on résiste pour le faire.
L’objectif de départ est- il atteint ?
Oui, je suis satisfait. Il y a des gens qui n’ont jamais fait le théâtre, qui n’ont jamais fait la musique. Mais à travers le FESTHEC, ils ont découvert l’art et sont des acteurs culturels aujourd’hui. Il y a certains qui sont devenus des promoteurs. Comme exemple, on a Karl Tokoudagba qui est le promoteur du festival de théâtre et des danses traditionnelles dans le nord. Nous avons Franck Béhanzin qui est un comédien professionnel. D’abord, il est venu en tant que festivalier et ensuite membre du comité d’organisation. Je crois qu’il était en classe de première. Il y a Lucas Alovo, Charelle Honvo et bien d ‘autres qui ont pris par là. Je ne dis pas que le FESTHEC forme mais il donne le goût de faire. Aujourd’hui, on ne peut pas parler de jeunes comédiens béninois sans citer Franck Béhanzin, Charelle Honvo…
En matière de musique et de danse, nous avons des danseuses qui sont venues sur le festival et qui sont au ballet national et qui vivent de la danse. Quelle fierté ! Le grain que nous avons germé a donné un bon fruit.
Donc il était opportun ou nécessaire de créer le FESTHEC ?
En ce moment oui et jusqu’à l’heure d’aujourd’hui, je dis, c’est toujours nécessaire. En dehors des deux écoles de théâtre que nous avons ici au Bénin, je veux parler de l’EITB d’Alougbine Dine et de celle de Florent HESSOU, ce sont les activités culturelles qui forment. Dans les années révolutionnaires, il y avait les activités culturelles tous les vendredi soirs dans les établissements scolaires. Angélique Kidjo, Tohon Stan et autres vedettes ont pris par là. Aujourd’hui, on n’en trouve pratiquement plus. Ce creuset de festival permet aux élèves de se connaître et d’échanger. C’est une opportunité de brassage entre apprenants. Je crois que c’est nécessaire.
Quelles sont les disciplines culturelles qui donnent corps au FESTHEC ?
Il y a le théâtre. Il y a la musique traditionnelle qui est obligatoire. Notre but, c’est d’amener la jeunesse à appréhender les danses de chez nous. Nous avons également la musique moderne. Toutes les musiques se font en live. Nous préparons aussi la relève au niveau des instrumentistes. Partout dans le monde, on invite les orchestres et ce sont eux qui jouent et les élèves chantent. Mais si ceux- là qui jouent meurent, que se passerait-il ? Que ce soit la musique moderne ou traditionnelle, ce sont les élèves mêmes qui jouent et qui chantent. Nous avons donc quatre rubriques : théâtre, musique traditionnelle, musique moderne et la chorégraphie.
Que peut – on retenir du bilan des onze éditions passées ?
Je suis satisfait sur le plan objectif. Mais sur le plan financier, là, il y a un problème. Depuis onze ans, c’est l’année passée que nous avons eu la chance d’être soutenue par le Fond d’Aide à la Culture. Nous avons volé de nos propres ailes pendant dix ans. C’est à la 11ème édition que le Fonds d’Aide à la Culture nous a soutenu à moins de 02% du budget total. Mais c’est quand même quelque chose. Tout le reste, c’est de notre poche.
Puisque nous avons la passion pour la chose, on continue. Il n’y a plus de grands festivals scolaires. C’est le festival Kalétas qui nous a initiés. Mais aujourd’hui, il n’existe plus, faute de moyens. Mais cela ne va pas dire que nous, on a les moyens. C’est une forme de passion où nous nous sommes dits avec ou sans argent, on le fera.

Vous êtes à la 12ème édition, n’est- ce pas ?
Oui, elle va se dérouler du 31 mars au 05 avril 2015 et va regrouper quatre pays en plus du Bénin. Il s’agit du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Togo.
Les innovations pour la prochaine édition
En matière d’innovations, nous avons demandé aux pays étrangers de venir avec les musiques traditionnelles de chez eux. Parce que l’Afrique est une. Donc, pour cette édition, il n’y aura pas que les musiques traditionnelles du Bénin. Il y aura également un spectacle de danse avec tous les danseurs qui viendront sur l’événement. Ce serait orchestré par le doyen Alougbine Dine.
Ce spectacle serait monté devant le public pour montrer comment les répétitions se passent et comment on crée un spectacle.
Vos partenaires
Nous n’avons pas jusque- là. J’ai compris qu’aujourd’hui, on veut d’abord voir. On n’a aucun sponsor. Notre sponsor, c’est l’association, ce sont les acteurs.
Merci
Réalisation : Esckil AGBO