L’événement Bonjour Bénin 2015 s’est tenu, comme annoncé. Bardol Migan et son équipe ont tenu leur promesse. Mais le public n’y était pas. La première eucharistie du rire de l’année 2015 au Bénin a vu ses fidèles, adopter la politique de chaises vides.
Les artistes, ‘’humoristes’’ conviés pour faire le coup d’essai de l’événement avaient devant eux un public maigre, réduit aux organisateurs, à quelques journalistes et à certaines personnalités de la chaîne culturelle du pays.
Cette situation, un promoteur culturel l’a pressentie bien des minutes avant le lancement de la soirée. Celui-ci, au cours d’une discussion avec l’un de ses collègues, disait: « J’ai peur du public béninois. On ne doit pas faire confiance au public béninois. Je me demande si les gens viendront à l’événement. S’ils ne viennent pas, cela me ferait mal parce qu’il y a une bonne communication autour. » Des craintes intuitives, a-t-on constaté, qui n’ont pas tardé à prendre corps. Le public, osons- le dire, n’a pas fait le déplacement.
Et cela, l’on peut tenter d’en donner les raisons.
D’abord, il est nécessaire de rappeler que le peuple béninois connaît l’art. Il le connaît si bien que, c’est quand on porte l’art vers lui qu’il le consomme, et à satiété. Donc, on ne saurait lui tordre le cou dans ce qui est arrivé le dimanche 04 janvier 2015 au FITHEB.
Bonjour Bénin est un événement d’humour qui est à sa première édition. Donc, la population n’en savait absolument rien. A partir de ce moment, il est important de la conditionner à la manifestation. Ceci, en déplaçant l’événement vers elle. On aurait mieux fait de célébrer cette première édition de Bonjour Bénin en plein air. Autrement dit, le coup d’essai se serait un coup de maître si le spectacle était ouvert au public. Pas de billets d’entrée, donc pas de Bonjour Bénin 2015 dans une salle. En agissant, le comité d’organisation aurait réussi à semer la graine de ce spectacle d’histoires drôles dans le quotidien des Béninois, les préparant, par conséquent pour les prochaines éditions.
La Côte d’Ivoire que le Bénin imite en initiant ce projet, a commémoré la 9ème édition le 27 décembre 2014. Même si celle-ci n’a pas eu de succès comme les éditions précédentes, le pays d’Houphouët Boigny s’est donné un nom dans l’Afrique francophone avec ce projet.
Le comité d’organisation (Radio et télévision Ivoirienne 1) avait pris des dispositions dès le départ pour emballer toute la population ivoirienne dans ce voyage du rire en début d’année. Les billets d’entrée de Bonjour Côte d’Ivoire sont vendus à des milliers de spectateurs et ce, parfois, des mois avant l’émission ou si vous voulez l’événement. Le projet était bien pensé, bien rédigé et mature…
Quel spectacle pour quel public !
Bonjour Bénin 2015 était annoncé comme un spectacle d’humour. Donc une scène qui assouvira la soif d’histoires drôles des spectateurs. Ils devraient rire à gorge déployée, avons- nous bombé le torse d’annoncer. Hélas !
Le FITHEB n’a pas connu exactement cela le dimanche dernier. Le faible public a eu droit, plutôt, comme l’a d’ailleurs dit, Jasmin Ghézo dans son animation, a de petites tranches d’humours. Slam, chorégaphies de danses urbaines, ballet, acrobaties … ont été les éléments ayant occupé la grande partie de la soirée.
Toute analyse faite, on retient deux choses.
Les humoristes

annoncés n’étaient pas au nombre. Soit pour défaut de logistique ? Ou pour manque de talents dans le pays ? A la première interrogation, la réponse ne peut qu’être affirmative quand on se réfère aux grands noms d’humoristes annoncés quelques semaines plus tôt. Les talents, à notre avis ne manquent pas.
Donc, les dés n’auraient pas été bien pipés…, le temps ne l’ayant pas permis.
Y partant, il urge que l’équipe organisatrice de cet événement dont la ligne éditoriale est de faire rire le peuple béninois en début de chaque année, se mette ab ovo au travail. Pour donner plus d’éclat à la deuxième édition, c’est-à-dire à Bonjour Bénin 2016, Bardol Migan et ses Hommes doivent se mettre au travail dès maintenant.
Encore 359 jours [à la date de publication de la chronique] pour qu’ils préparent cet événement que tout le monde veut voir grandir à la hauteur de celui de la Côte d’Ivoire, ou même plus.
Esckil AGBO