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Charly Djikou à Le Centre : « Je conçois des Dieux de pierre qui se vénèrent dans des églises … »

Charly Djikou artiste sculpteur de pierre. Ph/ Tognidaho

Le travail et les œuvres du sculpteur, Charly Djikou étaient l’objet de grande curiosité, le mercredi 16 juin 2021 à l’espace culturel, «Le Centre» de Cotonou.

Au détours d’une causerie-débat initiée par l’institution dirigée par Marion Hamard, le public s’est invité dans l’intimité du mystérieux sculpteur de pierre, qui, sans ambigüité, s’est révélé à un auditoire composé de fans, d’artistes, de curieux, d’étudiants mais aussi de parents et proches venus l’écouter.

Sculpteur de pierre d’origine béninoise, Charly Djikou est un artiste atypique. Il sculpte sur pierre qui est sa matière première et ses œuvres très impressionnantes suscitent une réelle curiosité dans l’opinion.

Artiste autodidacte, Charly Djikou, parle de sa relation avec la pierre. «La pierre m’a adopté et je l’ai conquise.», se plaire-t-il à laisser entendre.

Pour le plasticien, sculpter la pierre, résulte d’une passion, d’un engagement d’un sacerdoce qui consiste pour lui, à projeter du beau mais surtout à imprimer son nom dans le grand livre de la vie, avec une matière qui transcende le temps.

« Mon ambition de travailler la pierre est née de ma grande volonté à me rendre immortel. Je veux qu’après ma mort, l’on continue de parler de moi sur des centaines d’années. Et pour concrétiser ce rêve, la pierre m’a été inspirée.» raconte le sculpteur de pierre.

Pour cet artiste, au-delà d’une simple matière première, la pierre représente pour lui, un creuset d’inspiration, une alliée, une partenaire, une complice. Sa démarche de création ressemble à un parcours initiatique. «Quand je cible une pierre pour une création, je l’apprivoise, lui expose mon projet, je travaille à acquérir son adhésion. Quand elle m’accorde son quitus, alors elle s’offre à moi, et j’intègre son univers, je la dompte et la façonne à son gré, jusqu’à ce qu’elle me révèle ce qui émane de notre complicité. Mon travail résulte alors d’une grande complicité avec la pierre, sans quoi, rien ne peut se faire. » Explique l’artiste avec beaucoup de passion.

Bien que n’ayant jamais connu le collège, Charly Djikou, se targue d’avoir fait de grandes études, et par surcroit dans la plus grande école. « J’ai fais l’école de la vie, et j’ai obtenu des connaissances qui ne s’enseignent pas dans les écoles classiques. L’école de la vie m’a enseigné la nature, l’univers, les valeurs, le respect des principes, et m’a révélé l’art et la création. Cette école à faire de moi un Dieu. Et le sort veut que bien qu’étant animiste et je conçoive des dieux de pierre qui se vénèrent dans des églises.» Ironise le créateur.

Malgré la pertinence de ses œuvres, ce sculpteur travaille avec des outils rudimentaires, épais, lourds, rugueux et difficiles à manipuler. Il utilise des instruments variés comme le marteau, le burin, la meule électrique et des dispositifs de protection contre le bruit, la poussière, et bien d’autres.

Charly Djikou taille ses œuvres sur du marbre, du granite, du marbre blanc, puisés des régions de Lanta dans la commune de Djidja, de Dassa-Zoumé, Dan, Savalou… au Bénin.

L’ensemble de ses œuvres parle d’amour, de paix, d’identité, de conscience humaine et de nombreuses autres thématiques socioculturelles.

L’artiste se laisse souvent guider dans son inspiration par sa culture, la tradition africaine, les us et rituels endogènes.
Il exhorte la jeune génération de sculpteurs à adopter la pierre, car selon lui, cette matière est révélatrice de talent et de beauté artistique.

Mieux, l’artiste implore les populations à construire leur maison avec de la pierre, afin de s’assurer d’inscrire leur efforts dans la durée. Car selon lui, «la pierre ne se détériore jamais, elle dure toute une vie, et longtemps après la vie».

Franck Raoul PEDRO (Collaborateur)

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