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Bénin _ Patrimoines : Goumbé, une musique funéraire mais pas sacrée

Aline D, Porte flambeau du goumbe

Au Bénin, dans le département des collines, précisément à Dassa, il existe un engouement remarquable pour le rythme Goumbé. Sa présence sur les terres Idatcha et Tchaabè remonte à plusieurs années en arrière de manière qu’il semble difficile de nos jours de retrouver les traces de ses premiers pas. Goumbé, nous en parlons dans ce numéro du Vendredi des Patrimoines et du Tourisme.

Le Goumbé est certainement, à la fois, la musique traditionnelle la plus ancienne et la plus en vue en milieux tchaabè et Idaatcha. A Dassa où il garde sa véritable source, un événement festif, aujourd’hui, sans ‘’lui’’ n’est que du leurre. Il est présent dans tous les foyers conjugaux, les collectivités, les places publiques et même dans les bars- restaurants. Or au départ, c’était une musique funéraire.

Gilbert Akueson, responsable de la troupe Tonansé du Bénin

Gilbert Akueson, responsable de la troupe Tonansé du Bénin

« C’est quand il y a un deuil dans une maison, qu’on sort le goumbé pour aller effacer le stress de la famille éplorée », laisse entendre Gilbert Akueson, natif de Dassa, responsable de la troupe Tonansé du Bénin. Pour lui, c’est le temps moderne qui a changé les choses et aujourd’hui, ce rythme est présent dans les manifestations festives.

A en croire Gilbert Akueson, ce rythme n’est associé à aucune divinité. Il ne se jouait dans aucun couvent comme l’enseignent certaines personnes. De ses premiers pratiquants jusqu’à aujourd’hui, le goumbé n’a été et ne sera pas, à l’entendre, une musique liée à un quelconque dieu. Par conséquent, il ne peut- être considéré comme une musique sacrée.

Un rythme plein de vigueur


Pour jouer le goumbé, l’original, explique Gilbert Akueson, « on utilise deux tamtams, deux gongs et deux castagnettes ». Il forme un mélange acoustique et bien rythmé de ces instruments.

« C’est un rythme riche en sonorité grâce à la variété de percussions et de contretemps qui interviennent dans son exécution », renchérit Teddy Gandigbé, journaliste culturel et natif de Savalou avant de laisser le premier interviewé préciser : « c’est une musique qui demande d’énergie, de vibration », ceci en raison de ses tambours, en forme carrée, dont le grand se joue simultanément avec les mains et un pied.

« La première raison est d’abord sa forme. On ne saurait le mettre debout pour l’exécuter. L’autre chose est que, vous allez constater dans le rythme Goumbé, il y a une tonalité singulière de ce tambour major qui revient à une fréquence illimitée. En recherchant cette sonorité particulière qui a d’ailleurs donné son nom au rythme, les premiers qui ont exécuté le Goumbé ont trouvé qu’il fallait ajouter le membre inférieur dans son exécution pour obtenir ce que l’on voulait », clarifie Gilbert Akueson.

C’est pour ces motifs, vient ajouter le jeune chanteur MDS, que les deux tamtams restent toujours au sol et les batteurs, assis sur leurs pieds.

Pour danser le goumbé, « il faut également déployer une énergie proportionnelle. Le goumbé se danse du haut vers le bas comme presque toutes les danses du sud Bénin. Dans une rotation semi circulaire des épaules de l’avant vers l’arrière et avec une inclinaison sur les jambes, il sollicite de celui ou celle qui l’exécute un effort supplémentaire. Et selon que le danseur veuille impressionner ses spectateurs par des touches particulières, d’autres mouvements plus énergiques de hanche s’invitent dans la prestation. C’est alors qu’on voit le danseur du Goumbé dans un mouvement simultanément saccadé du thorax et de la hanche, sur une fréquence endiablée des tambours, gons, castagnette, des battements de main, des sifflements de flute et bien d’autre accompagnement », décrit le jeune journaliste Teddy Gandigbé pour montrer la force et la vitalité physique relatives à ce rythme.

La dénaturation au prix de la rénovation
Le rythme perd petitement son originalité. Au prix de la rénovation, il subit une dénaturation avancée. Dans le but de le transformer au goût du modernisme, ses nouveaux ambassadeurs n’y mettent plus les éléments appropriés pour conserver sa vraie nature.

« Les agencements de notre temps ne forment plus la qualité du goumbé original », déplore, M. Akueson. Beaucoup de personnes s’y lancent sans connaître véritablement grand- chose. « Il nous faut de relais pour sauvegarder, conserver et perpétuer ce patrimoine immatériel mais pas pour le dénaturer », martèle le responsable de la troupe Tonansé du Bénin.

Esckil AGBO

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