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Fitheb migratoire_ Dassa : Belle de Minuit Wax, ce théâtre pour adulte

Ce soir -là, comme il est de son habitude au bord des trottoirs, elle se préparait à emballer un nouveau client. Wassila en a trouvé mais pas comme les autres… Celui-ci est son géniteur, l’homme qui l’a abandonné, sa mère et elle quand elle avait deux ans. Belle de Minuit Wax (BMW), ce spectacle a nourri Dassa – Zounmè d’émotions le samedi 27 août 2016 à l’occasion du Fitheb migratoire.

Avant cette représentation du département des collines, BMW, un texte de Mohamed Mama, mis en scène par Humbert Boko et distribué par Judith Houndjo, Lucas Alavo et Humbert lui – même a parcouru certaines grandes villes du Bénin dont Porto- Novo (Cemaac) et Cotonou (sélection officielle de la 13ème édition du Fitheb).

La création met en jeu l’histoire d’un père de famille qui, sous la pesanteur de la disette abandonne son épouse et sa fille. Désormais seule, après le décès de sa mère, Wassila, la fille, choisit de se prostituer pour satisfaire ses besoins fondamentaux.

Dans cette aventure, elle se fait appeler Belle de Minuit Wax (BMW) et croise une nuit, Djikpata, un faux- agent de police, habitué des excursions nocturnes. Interpellée par ce dernier, la jeune prostituée s’affiche peu courtoise. Fâché, le policier essaie de déstabiliser son interlocutrice qui réussit à l’emporter dans une envie charnelle à travers une série de jeux de séduction. Habillement, BMW lui prend son arme et décide de le punir en le signalant à ses supérieurs. L’agent- escroc, plongé dans de supplications décline sa vraie identité. Aussitôt, Wassila s’évanouit. A son réveil, au fil de leur conversation, les deux se rendent- compte qu’ils sont pères et fille. La scène se déroule devant un malade mental qui semble connaître leur histoire.

Théâtre pour adulte
Le sujet traité dans cette pièce pose la problématique de la responsabilité familiale. Il ‘’indexe’’ les parents, couards qui ne tiennent pas compte des conséquences néfastes éventuelles de leurs actes sur la vie de leurs progénitures. La pièce, à cet effet, interpelle les géniteurs sur le rôle qui est le leur face à l’avenir des enfants. Quand on suit la représentation, on conclut que la vie réserve bien des choses aux lâches. C’est donc une création qui fait des adultes, son point de mire.

Mise en scène mesurée dans l’expression, public turbulent et comédien non audible

Humbert Boko, le metteur en scène de  la pièce

Humbert Boko, le metteur en scène de la pièce

Humbert Boko, le metteur en scène de la pièce a rendu toute la singularité de l’écriture du flic- dramaturge béninois Mohamed Mama. Les trois comédiens ont réussi à rendre au public leur message. Accoutrements, propos, gestes et sobre décor ont permis aux spectateurs, néophytes des représentations professionnelles de comprendre la scène. Et ce dans un tohubohu non coutumier au théâtre.

En effet, pendant une trentaine de minutes, le public s’est fait remarquer par un désordre bruyant. Certains jeunes lançaient, à chaque geste des comédiens, de railleries pour faire rire d’autres. Malgré les injonctions et parfois supplications de l’artiste Gérard Hounou, présent dans le public, le regrettable comportement a pris du temps avant de se plier.

Ce geste du public, pensons- nous, traduit le besoin de la couche juvénile des zones reculées à être habituée aux créations professionnelles, avec au menu des indications régulières sur les attitudes à avoir quand on est au théâtre. Ce besoin s’avère pressant quand on sait que la vision du directeur du Fitheb, le poète Erick Hector Hounkpè est de rendre le théâtre aux populations notamment celles des contrées.

L’autre chose qu’il faut relever est la voix des comédiens, singulièrement celle de Lucas Alavo, dans le rôle du fou. Ses paroles étaient à peine audibles. Le comédien n’a pas imposé son timbre vocal au public. Il devra alors aller à l’école de Nicolas Houenou de Dravo, le principal comédien dans la création Kondo le Requin, une écriture de Jean Pliya mise en scène par Tola Koukouï.

Esckil AGBO

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