Le monde entier a célébré le samedi 23 août passé la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Au Bénin, l’événement est passé sous silence. Aucune manifestation officielle n’a été organisée pour commémorer ladite journée. Ne partageant pas ce comportement des autorités de son pays, le professeur Nouréini Tidjani- Serpos, ancien sous- directeur général de l’Unesco, à travers une déclaration de presse a exprimé sa déception. A l’en croire, le Bénin, au regard de sa participation au commerce triangulaire, ne saurait rester muet le jour décrété pour honorer la mémoire des valeureux Noirs déportés en Amérique. Pour lui, « il faut absolument empêcher le silence s’installer sur l’immense tragédie qui a fait la déportation de dizaines de millions d’Africains vers l’Amérique »
Lire ici un extrait de sa déclaration

« …les écoles du monde entier, conformément à la résolution 4029 c de la conférence générale de l’Unesco doivent célébrer cette journée en organisant des défilés, des représentations théâtrales, des expositions sur le thème des droits de l’homme et rappelé les formes modernes d’esclavage. Dans tous les Etats, il était prévu que les programmes scolaires devaient être revus de sorte que dans ces programmes- là, nos élèves puissent avoir une part de cette institutionnalisation de la mémoire. Mais bizarrement le Bénin, qui non seulement a, avec Haïti lancé, l’idée de la résolution de l’esclave se perd. Il n’y a rien. Strictement rien. Aucun programme scolaire n’a été fait. Il y a comme une amnésie historique. J’en appelle au Chef de l’Etat, au Président de la république. Il est très important que cette journée internationale de la traite négrière et de son abolition soit une journée fondamentale pour nous. Tout le monde sait la part que le Bénin a eu à prendre dans la traite négrière. Tout le monde sait l’effort énorme qui a été fait par le régime du président Soglo pour institutionnaliser cette mémoire avec la route de l’esclave à Ouidah. Mais aujourd’hui, c’est un silence qui nous questionne, qui nous pose énormément de problèmes. Au niveau des ministères de l’enseignement, il y a un silence mortel. Et c’est absolument incompréhensible qu’une journée aussi importante pour notre mémoire puisse passer sans que personne ne réagisse. Pourquoi, ce silence mortel. Pourquoi, il n’y a pas d’activités culturelles partout ? Pourquoi, dans nos écoles, on n’a pas préparé cette journée- là ? Pourquoi, on n’a pas mis à disposition les moyens pour la célébration de cette journée. Il faut qu’on nous dise que cette journée est incontournable dans notre pays. Je crois que le chef de l’Etat a une responsabilité personnelle. Il faut que le chef de l’Etat fasse quelque chose. Nous ne devons pas jouer avec notre passé. Nous pouvons encore rattraper le retard. Au lieu que cela soit une journée, on peut consacrer une semaine à ce sujet. Des instructions doivent être données pour qu’on commence à revoir les programmes et que nous puissions savoir que nos enfants ont dans leur programme d’histoire des éléments leur permettant de ne pas oublier ces éléments de leur histoire. Sinon nous serons un peuple sans mémoire, un peuple qui joue avec son passé. »
Propos recueillis par Eskil AGBO