Segou 2017 _Table ronde : L’appel à une nouvelle esthétique de la culture africaine

Pour une « contribution efficiente des arts de la scène à la renaissance culturelle africaine », il est impératif de reformuler l’esthétique de cette culture. C’est en substance l’une des résolutions issues de la table ronde de l’édition 2017 du Festival sur le Fleuve Niger. Compte- rendu…

Pour aboutir à cette résolution, les participants à ladite table ronde ont analysé et approfondi les réflexions sur les grandes orientations de la 9ème édition du Marché des Arts et du Spectacle Africain (Masa), à leur présentées par le Professeur Yacouba Konaté, Directeur Général du Masa.

Danses contemporaines, humour, conte, théâtre et public sont les grands chantiers sur lesquels, à en croire le Prof Konaté, le Masa 2016 a travaillé. Les premières sont sous- étudiées, il y a donc urgence de les reconsidérer ; le deuxième ne devrait pas être un chapelet de blagues mais une discipline où la formation de ses acteurs doit être une priorité. Quant au conte, il faut l’adapter aux rythmes nouveaux du monde. Le théâtre, selon la restitution du DG/Masa souffre du niveau de langue et de langues. Pendant ce temps, le public africain est toujours réfractaire à la billetterie. D’où la nécessité de trouver une nouvelle approche pour l’économie générale des manifestations.

Au terme de l’exposé du Professeur Yacouba Konaté, l’auditoire, essentiellement constitué de directeurs d’événements, de centres culturels, enseignants- chercheurs et journalistes culturels apprécie.

Tout en corroborant les remarques faites par le DG/Masa, le musicien congolais Saintrik relève qu’il est pressant d’innover en matière de promotion culturelle en Afrique. Il illustre ses propos en présentant son initiative « Le slameur du conte » qui met le slam (art nouveau) au service du conte.

Il faut donc une nouvelle esthétique de la culture africaine, lance le metteur en scène malien, Adama Traoré. Cela passe par l’imagination du spectacle africain, conseille le Professeur Binam Bikoï, Directeur du Certodotola (Centre International de Recherche et de Documentation sur les Traditions et Langues Africaines). Les créateurs, soutient-il, doivent amener le public à transcender les instincts et créer le besoin du consommateur ; ce faisant, ils participent à sa formation et par conséquent, à la construction d’une scène africaine compétitive. Les acteurs culturels africains doivent construire sain, beau et vrai, conclut le Prof Binam Bikoï

Au-delà de l’esthétique à renouveler dans le spectacle africain, la table ronde de Ségou 2017 invite les institutions publiques, locales, sous- régionales et régionale à formuler des politiques sectorielles porteuses d’une vision de développement des arts en Afrique et souhaite une réflexion sur la question de la scénographie dans les créations actuelles. De même, elle exhorte les artistes à développer une fonction critique qui pousse la société à se transformer.

Les réflexions de cette table ronde ont donc approfondi, muri et complété celles issues des rencontres professionnelles de l’édition 2016 du Masa.

Elles ont défini des résolutions qui engagent les arts de la scène au service de la renaissance culturelle africaine. Le vœu de Mamou Daffé, au début de la table ronde, prend donc corps.

« Nous irons en mode solution pour sonder l’avenir de la culture africaine », a-t-il indiqué dans son discours introductif de la rencontre.

Esckil AGBO, envoyé spécial à Ségou

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