Le jeune écrivain béninois Modeste Gansou Wéwé publie, en avril 2015, chez Les Editions Plurielles, son deuxième roman : Meurtre à la Pendjari ; un livre de 213 pages dénonçant la cruauté des politiques, avides du pouvoir.
Ce roman se développe sur quinze chapitres et a tout pour être appelé thriller. Il frémit le lecteur parce que rempli de suspenses, de tensions dans le procédé narratif et le tient en haleine jusqu’au détachement du nœud de l’histoire.
Silvère Yémalin, un jeune architecte est victime d’une machination politique, ficelée par de manipulations, d’hommes politiques, de journalistes, de vils individus…et commanditée par Kora Takidi, un jeune politicien qui convoite le poste de Président de la République. La victime connut la prison, parce que, accusé du supposé meurtre de son épouse, qui en réalité a été enlevée par les hommes de main du politicard dont le journaliste Adrien Dodji.
Le masque de Kora Takidi est- il tombé ? Silvère Yémalin, a-t-il retrouvé sa liberté ? Et son épouse, présumée assassinée, a-t-elle retrouvé les siens ?
Pour avoir de suites à ces interrogations, il faudra parcourir les quinze chapitres de cette œuvre dans laquelle peuvent se regarder, tel dans un miroir, les hommes et femmes politiques du monde entier.
Un thriller juridique
Derrière les barreaux, Silvère Yémalin affronte plusieurs ennemis dont Inoussa et Sambo, deux brigands en mission pour le commissaire Aglinon, sur injonction du Ministre des finances et beau- père de la victime, Stanislas Vézinou. Les hors- la- loi ont vainement essayé d’attenter à la vie de Yémalin.
Dans cette mésaventure, il reçoit le soutien de son ami, Jean Paul Binon, un avocat chevronné ayant pris la résolution de le représenter au tribunal.
Outre les épreuves du héros, Modeste Gansou Wéwé, comme Thomas Harris dans Le silence des agneaux, a, dans un style explicite, créé des personnages, spécialistes ou experts au service de la justice qui, tout en risquant leur vie, se sont investis dans l’étude du crime. Le médecin – légiste Adamou Bio (page 149); Karl Dedy, scénariste (page 155) Charles Vivo, expert en graphologie (page 185).
Une œuvre côtoyant le roman policier
Dans Anthologie de la littérature policière, le roman policier est, selon Georges Sadoul « le récit rationnel d’une enquête menée sur un problème dont le ressort principal est un crime ». Une signification qui prend, confortablement siège dans Meurtre à la Pendjari.

En effet, dans le roman de Modeste Gansou Wéwé, il y a présence d’un crime sinon plusieurs : Tentative d’assassinat (page 90), meurtre, (pages 44, 169, 213) enlèvement (page 169). L’enquête a été menée aussi bien par la police que par l’avocat Jean- Paul Binon et puis, le crime élucidé. Dans le livre, on retrouve les six données constantes du roman policier : le crime, le mobile, le coupable, le mode opératoire et l’enquête.
On peut donc, sans gêne, qualifier Meurtre à la Pendjari d’un Polar, ce qui signifie, roman policier en argot, un langage destiné à garantir la discrétion des échanges.
Un roman didactique
Ce roman, se veut, a-t-on constaté, instructif. Modeste Gansou Wéwé y présente un exposé pédagogique. Le lecteur peut y apprendre le fonctionnement de l’appareil judiciaire, le déroulement des procès et des termes spécifiques à ce secteur. En dehors de la justice, des aspects relatifs aux secteurs de la santé et de la graphologie ont été abordés. A la page 150, on peut lire tout un cours sur le Rohypnol (GHB), « un stupéfiant qui, à faible dose, provoque une légère euphorie et une désinhibition… A forte dose, il provoque une perte de conscience et des trouble de mémoire ».
Esckil AGBO