Le village du Festival International de Théâtre du Bénin (Fitheb), édition 2014 s’installe. L’espace devant abriter de manière ininterrompue les spectacles est construit. Il est implanté à la place Lénine de Cotonou et annonce aux usagers les couleurs du plus grand événement théâtral du Bénin, d’Afrique. Retour ici sur son aspect scénographique.
Le village du Fitheb a huit quartiers dont les numéros d’identification constituent des couleurs. C’est un espace qui a été organisé par l’Association Place O Scéno dont le président est le Scénographe béninois Abdoulaye Farouk. Celui-ci s’explique: « au départ, je voudrais transformer toute la place en un voilier. Mais quand je suis venu et que j’ai constaté qu’il y a des artistes plasticiens qui s’occupaient déjà des entrées du village, tout de suite, j’ai modifié. La place Lénine a deux niveaux. Mon équipe et moi sommes au premier et on gère l’organisation de l’espace et les plasticiens au deuxième niveau s’occupant comme je viens de le dire des portails… Nous, on a un travail scénographique. On a travaillé sur des thématiques en utilisant des matières qui sont symboliques dans notre culture ».
Les quartiers du village sont découpés par des pyramides construites à base de roseaux, matières flexibles non cassables. Leur usage dans la construction du village du Fitheb 2014 traduit la résistance de l’événement nonobstant ses multiples difficultés. On pense donc qu’après 24 ans d’existence, sous le poids de douze éditions, le Fitheb malgré ses souffrances ne va pas s’effondrer.
Outre les pyramides, il y a au sein du village, des caisses de lumières réalisées avec des palettes, instruments en bois dont le résistor est symbolique au Bénin.

Pour Farouk Abdoulaye son utilisation pour la mise en place du village répond à l’envie d’être dans la matière brute de tous les jours. Il matérialise la résistance de l’édition de transition.
Autour du village, il y a des arbres illuminés faisant sortir, selon les indications du scénographe, la verdure des feuilles qui offre des zones de discussion aux spectateurs. Popelines découpées, suspendues les unes sur les autres, tissus Licra (tissu malléable prenant toute forme qu’on lui confère) sont plus particulièrement les autres éléments dont s’est servi Farouk Abdoulaye pour bâtir le village. Il a donc pris en charge l’aménagement de l’espace qui n’est point une décoration, ni de l’embellissement. « La scénographie nous permet de faire un habillage juste d’un espace, d’un lieu sans beaucoup verser dans la décoration qui coûte trois ou quatre fois plus chère. C’est un travail qui rapproche la société de ses habitants », a—t-il précisé avant de signaler qu’au cours de sa construction, il a fait appel à d’autres corps de métiers dont le soudeur, le couturier, le peintre, le menuisier.
Esckil AGBO