Entretien croisé avec les initiateurs de l’exposition « Africa : la renaissance en marche »

L’édition 2022 de la biennale de Dakar se tiendra du 19 au 21 juin au Sénégal. Au nombre des activités OFF qui vont meubler cet évènement figure en bonne place l’exposition « Africa : la renaissance en marche ». Nous sommes allés à la rencontre des initiateurs, des passionnés de l’art contemporain et qui oeuvrent pour son rayonnement sur continent africain.

Dekartcom : D’où est partie l’idée de cette exposition et quels sont les objectifs visés ?
Olaréwadjou Elvis Lalèyè : Nous avons commencé à travailler ce projet dès la publication de l’appel à projets pour les manifestations OFF de la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar. L’idée était simple : fédérer des énergies autour d’une exposition qui magnifie l’Afrique et donne à voir sa création contemporaine sous un regard engagé tout en laissant libre cours à chacun de prendre la parole, de présenter sa vision du monde et ainsi contribuer à la création d’un monde autre, humaniste et respectueux de tous les peuples, de leurs pensées et cultures.

Jérémy Cauden : L’idée de notre exposition “Africa : la renaissance en marche” est de renforcer la dynamique artistique autour de cette relève africaine qui a soif de s’ouvrir au monde tout en revendiquant son africanité. Les objectifs sont clairs, pousser et soutenir toujours plus la création et les artistes, le retour de la Biennale de Dakar, cet événement si important, pour l’art était donc le moment opportun.

Daffa Konaté : La biennale est un événement incontournable pour les amateurs d’art africain et y participer est une formidable opportunité. Cette manifestation, un puissant vecteur d’image, permettra de mettre en lumière le travail des artistes sélectionnés.

Qui sont les artistes dont les œuvres seront exposées et qu’est ce qui a motivé le choix de ces derniers ?
Olaréwadjou Elvis Lalèyè : Il y a huit artistes qui vont de la peinture, à la photographie et à la sculpture. Ce que nous avons voulu mettre en valeur, c’est le rapport des artistes au continent africain, leurs convictions, leurs rêves et donc, nous nous sommes penchés sur des artistes dont les travaux rejoignent notre vision.

Jérémy Cauden : Notre choix a été motivé par la volonté d’exposer des artistes jeunes. D’exposer des regards différents sur les conditions actuelles du continent et leurs projections.

Notre choix s’est basé sur l’envie de montrer au monde des œuvres ancrées dans le réel africain mais dont la portée est universelle. Nos artistes sont africains, ils le revendiquent, mais cette génération a aussi soif d’ouverture, de reconnaissance et d’une pleine intégration dans notre monde et cela au-delà des frontières qui leur sont imposées. En ce sens, leur désir de liberté est salutaire, salvateur et c’est ce désir de liberté que nous avons voulu exposer.

Daffa Konaté : J’ai choisi d’exposer un homme et une femme, lui photographe et vidéaste, elle est peintre. Ils dépeignent tous deux le quotidien avec originalité.

Je souhaitais la parité, la diversité et bien sûr le talent 🙂 J’apprécie la détermination de ces deux artistes. Soraya Ghrabi est une battante qui s’est tournée vers l’art après une épreuve de la vie. Elle a su transformer sa douleur en une énergie incroyable qui aujourd’hui lui permet de créer des œuvres lumineuses.
Baba Diedhiou est un jeune artiste tourné vers l’avenir mais toujours ancré dans les traditions. Il est désireux de connaissances et continue à apprendre encore et toujours.

Pourquoi le titre «Africa: La renaissance en marche»?
Olaréwadjou Elvis Lalèyè : Souvent on croit à tort que l’Afrique est mal partie et n’arrivera jamais à bon port alors que les pays du continent africain dans leur ensemble évoluent à leur manière et parfois mieux que beaucoup d’autres pays. Il était important pour nous de le rappeler.

Jérémy Cauden : Nous avons notamment choisi ce titre parce qu’il s’inscrit dans la thématique et directions esquissées par la Biennale. Il s’agit pour nous de donner corps à cette renaissance, de donner à voir cette renaissance, loin des discours, de voir la dimension protéiforme de cette renaissance.

Daffa Konaté : Se réinventer, telle est l’un des challenges du continent. Entre enjeux politiques, économiques, écologiques, technologiques, L’Afrique doit relever de nombreux défis. Les artistes pleinement imprégnés de ces problématiques s’en inspirent pour rendre compte des enjeux de la société.
Le monde globalisé permet aux artistes de développer un regard multiculturel acquis au gré de leurs origines et de leurs trajectoires.

Parlez-nous un peu des œuvres qui seront exposées et surtout des thèmes que les artistes développent ?
Olaréwadjou Elvis Lalèyè : Il y aura au total 35 œuvres exposées. Au nombre de ces œuvres, OBART présente 5 peintures de Pascal Konan, 5 peintures de Yves Midahuen alias Midy, 4 sculptures de Marie-Roxane Tehoua alias Tehoua Tano et 2 peintures de Mauricette Djengue.

En mettant en scène la vie quotidienne des habitants d’Abidjan, Pascal Konan se fait l’interprète d’une émotion particulière, celle que produisent les villes africaines à travers leur densité et l’exubérante profusion de sons et d’odeurs qui les caractérisent.

Les œuvres d’Yves Midahuen alias MidY, sont plus intimistes, plus attentives aux frémissements de son monde intérieur, à sa relation avec le divin, à la spiritualité africaine et au retour à une véritable conscience culturelle qu’aux bruits du monde.

Marie-Roxane Tehoua aborde, quant à elle, différemment la question de l’Afrique et de sa renaissance dans son travail. Ses sculptures figuratives interrogent la nature humaine et la spiritualité émotionnelle. Tel un champ d’expérimentation et de méditation, ces œuvres sont une expression de l’être dans l’exploration de sa sensibilité et de ses rêves.

Pour Mauricette Djengue, dont cette exposition est la toute première, ses œuvres, tantôt abstraites, tantôt figuratives, brillent de la vie sur le continent, de ses joies, de ses gens mais aussi de ses traits culturels qui font l’identité de l’Afrique contemporaine.

Jérémy Cauden : J’ai choisi de présenter deux jeunes artistes, l’un congolais, l’autre ivoirien. Des travaux techniquement et esthétiquement très différents mais dont les réflexions posent les mêmes questions : sur la considération que les gens se portent, comment ils se perçoivent et se projettent dans l’avenir.

Punch Mak, l’artiste congolais, esquisse des portraits de femmes africaines en clair-obscur. Le jeu d’ombre et de lumière est pour lui une opportunité de révéler, dévoiler leurs réflexions sur leurs conditions dans ce monde qui change sans cesse mais dont certains déterminismes demeurent, sur le poids que les sociétés leur font porter, sur leurs capacités à s’émanciper des regards patriarcaux.
Le second, Mounou Désiré Koffi, questionne le continent sur son devenir et la durabilité de son avenir. Sa conscience environnementale interroge le rapport à l’environnement et la façon dont les africains se projettent et veulent définir leur futur.

Daffa Konaté : Photographe et vidéaste, par sa jeunesse et sa spontanéité Baba Diedhiou immortalise des scènes et traditions du quotidien avec beaucoup d’émotions.
Autodidacte, Soraya Gharbi s’inspire des femmes. Sa peinture est colorée, joyeuse et dansante.

Quelles sont vos attentes pour cette exposition ?
Olaréwadjou Elvis Lalèyè : J’espère que les amateurs d’art viendront nombreux découvrir notre exposition « Africa : La Renaissance En Marche ». Au-delà, il est de notre devoir, passionnés d’art ou non, de soutenir la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar de toutes nos forces.

Jérémy Cauden : Elles sont simples, prendre beaucoup de plaisir à voir des œuvres, à se rencontrer et échanger autour des artistes et de leurs œuvres.

Daffa Konaté : Passer un bon moment de partage et d’échanges.

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