Son nom est Mathieu Bénon. C’est un couturier mais pas comme les autres. Contrairement à ses collègues qui habillent hommes, femmes, jeunes, vieux et enfants, lui, il a opté pour les ‘’tenues’’ du masque guèlèdè. Nous l’avons rencontré à Savè et il s’est livré à notre jeu de questions- réponses… Bienvenus, chers lecteurs dans l’univers d’un costumier de guèlèdè. Nous sommes bien sûr dans Vendredi des Patrimoines et du Tourisme, une initiative du groupe Art Challenge Développement.
Habiller les Hommes est le ‘’leitmotiv’’ de tout tailleur. Rendre beaux et élégants les humains est la raison d’existence des couturiers. Mathieu Bénon, contre toute pensée, a choisi le guèlèdè. La couture des costumes de ce masque est sa spécialité. Bercé depuis son tendre enfance dans ce patrimoine du Bénin, il a adopté de préférences à d’autres métiers relatifs au guèlèdè, la couture des costumes. Sa passion a véritablement pris corps quand il a rencontré sur son chemin l’Unesco.
« Aujourd’hui, je suis maître costume – guèlèdè. A Savè, je suis pratiquement le seul.

Avant, je m’essayais petit – à – petit à la chose. Mais grâce à l’Unesco, j’ai suivi une formation qui me permet de bien coudre les habits de guèlèdè. C’est mon seul métier. Je ne vis pas d’autres choses », nous laisse –t-il entendre tout heureux.
Ainsi, par l’entremise de l’Unesco, notre ‘’tailleur- guèlèdè’’ se réjouit quotidiennement de sa profession, laquelle se révèle, selon ses propos, exigeante. Pour Mathieu Bénon, la couture des costumes de guèlèdè nécessite une application importante qui demande assez de temps.
« Pour avoir un seul costume complet, on peut faire jusqu’à trois mois. Ce n’est pas facile…C’est un travail qui a besoin de soin. On le fait avec soin pour que cela soit beau à voir », a –t-il précisé.
Le second élément qui fait allonger la durée de réalisation d’un costume de guèlèdè est le tissu. A en croire Mathieu, pour coudre ces costumes, on n’utilise pas n’importe quel tissu.
« Il y a des tissus spéciaux dont des velus de qualités », a-t- il fait savoir avant de souligner que pour un ‘’déguisement’’ attrayant du masque, plusieurs couleurs entrent en jeu. Les plus usuelles, laisse –t-il entendre sont les couleurs noire, rouge- au vin, bleu foncée, jaune et verte.
Savè pour désengorger le marché du Nigéria

Selon les informations reçues auprès d’un historien d’art qui a requis l’anonymat, c’est le Nigéria qui fournit ou du moins qui fournissait au Bénin les costumes du guèlèdè. Il en est d’ailleurs, précise le professeur d’histoire de l’Université d’Abomey- Calavi, de même pour le masque égungun. Autrement dit, habiller le masque guèlèdè au Bénin était, il y a encore quelques années, à l’actif de son grand voisin.
Mais au soir de la formation de l’Unesco, la donne a changé. Les costumiers de guèlèdè deviennent nombreux au Bénin. Ceci donne, sans doute un coup à la production nigériane. Le pays de Muhammadu Buhari, quand bien même, il continue d’en faire, ne le produit plus autant.
« Il y a des commandes qui viennent de partout même du Nigéria », lance Mathieu Bénon pour montrer que Savè alimente plusieurs régions en accoutrement – guèlèdè. Pour lui, il y a de la créativité désormais dans ses costumes. Cependant, des efforts sont toujours faits pour garder l’originalité, le caractère féminin de ses vêtements.
Esckil AGBO