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« Run » sur « Wà cinéma » à Le Centre : Contre les germes de la violence et des catastrophes

Le rendez-vous mensuel du cinéma au complexe culturel Le Centre à Lobozounkpa se poursuit de plus belle. Au numéro de ce mois, vendredi 2 juillet 2021, le public a eu droit à « Run », le premier long métrage de Philippe Lacôte, jeune réalisateur franco-ivoirien produit en 2014 par Banshee Films. Passé sur le Festival de Cannes dans la section « Un certain regard », ce film fixe au cinéma, à travers la course de vie d’un jeune homme surnommé Run, l’histoire politique et militaire d’un pays pour ‘’éduquer’’ à scruter le passé pour éviter les futurs malheurs non seulement individuels mais aussi et surtout continentaux voire mondiaux.

Un ‘’fou’’ entre dans la cathédrale d’Abidjan, circule dans l’allée principale, commet un assassinat. Il vient de tuer le premier ministre de son pays avec une arme ; puis il s’enfuit. Ce premier vendredi soir en plein air devant le grand écran au complexe culturel Le Centre de Lobozounkpa, on est perdu à l’entame du voyage cinématographique pour le compte du mois de juillet 2021. Le présent numéro de l’initiative « Wà cinéma » propose « Run » de Philippe Lacôte.

La suite de l’histoire, est celle d’un jeune homme, incarné par Abdoul Karim Konaté, fuyant sans cesse d’une vie à une autre, d’un bout de son pays à un autre, la Côte d’Ivoire. Les flashs de sa vie qui lui reviennent renvoient notamment à son enfance avec maître Tourou quand il rêvait de devenir faiseur de pluie ; ses aventures avec Gladys, la mangeuse professionnelle avec ses spectacles de consommation des bassines de nourriture sur place et son passé de milicien dans le club des Jeunes Patriotes en Côte d’Ivoire. Tout ceci trouve source dans la crise politique et militaire vécue par la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2007.

Pourquoi tant de catastrophes ?
Ce long métrage de Philippe Lacôte sur le portrait historique en l’occurrence de cette période de guerre en Côte d’Ivoire, a le mérite d’éduquer à une analyse profonde des causes face aux situations que traversent les pays, dans le cas d’espèce, africains afin de trouver des solutions pour ne pas dresser le lit aux mêmes maux ou pis. C’est au dernier acte du film que les cinéphiles de Le Centre, pour la plupart, se sont retrouvés quant aux mystères autour de la première scène. Run n’était qu’un faux fou habillé par un vieux militaire voulant se venger d’un système qui l’a bisé. Run aussi désirait se venger de l’amiral de la milice devenu premier ministre de ce système.
Au sein de la troupe en effet, le jeune homme avait compris qu’il fallait œuvrer à son indépendance tout en étant patriote. Il en a réussi et a affiché une liberté d’expression face à l’officier. Mais ce dernier, avec son refrain, « c’est moi qui t’ai fait », a monté le coup pour tuer Run. Et pour l’amiral, il est mort alors qu’il était bien vivant grâce à l’ami chargé de l’exécuter mais qui a tiré en l’air. Run voulait arracher sa liberté.

Runa dû prendre les armes, pourtant, il n’est pas de nature violent. Il avait même fui son rêve de devenir faiseur de pluie parce que ne pouvant pas commettre un meurtre ; n’ayant même pas le courage d’observer une scène de violence. Mais le voilà pousser, dans une autre vie, à passer à la violence extrême. « Que l’on regarde dans le rétroviseur, qu’on se demande d’où est venue cette violence. Est-elle en nous depuis toujours ? Quels en sont les germes ? Peut-être qu’en s’arrêtant sur la question, on évitera une autre catastrophe », disait Philippe Lacôte dans son interview accordée à France 24 à la sortie de ce film en France.

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