Rafiy Okefolahan, artiste plasticien beninois, est originaire de Porto-Novo.

Itw : Hawa CHERIF / Dekartcom – Cotonou

Dekartcom : Quels sont les médiums qui vous permettent de vous exprimer ?

Rafiy Okefolahan : Principalement, je fais de la peinture. Je dessine aussi et je fais des installations ; il arrive des moments ou je sens que la peinture ne me permet pas véritablement d’exprimer mon inspiration et là, je fais recours à la photo que je trouve plus expressive et à la vidéo.

Dekartcom : Quelles sont les raisons qui vous ont amené à l’art aujourd’hui?

Rafiy Okefolahan : Je suis venu à l’art par défi, après mes études en comptabilité. Tout d’abord, j’ai commencé comme vendeur. Les artistes venaient vers moi et je les aidais à écouler leurs œuvres. Avec le temps, j’ai pris goût et je me suis dis pourquoi ne pas m’essayer aussi. C’est par cette envie que je me suis rapproché d’un artiste que j’admirais beaucoup. Ce dernier m’a refoulé avec des propos désagréables. Ces propos ne m’ont pourtant pas découragé. J’ai tourné mes regards vers d’autres artistes qui m’ont accepté dans leur rang. Au fil du temps, j’ai constaté que tous les artistes utilisaient les mêmes matériaux à savoir, la terre rouge, la peinture et l’ocre. J’ai voulu faire mes propres recherches ce qui poussé à aller dans d’autres pays comme le Nigeria, le Togo, le Burkina-Faso, le Mali et le Sénégal pour me perfectionner.

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Dekartcom : Cela fait combien d’années que vous exercez ce métier ?

Rafiy Okefolahan : Au fait cela fait longtemps , à l’école je dessinais bien. Mais si je dois me situer je dirais que c’est en 2005. C’est à partir de cette année là que j’ai exposé pour la première fois mes œuvres à l’étoile rouge et la place des Martyrs de Cotonou aujourd’hui place du souvenir.

Dekartcom : Êtes-vous satisfait de vos réalisations ?

Rafiy Okefolahan : Quand je vois mon parcours cela me réjouit. C’est vrai qu’à un moment donné j’ai voulu aller très vite. Aujourd’hui je me repose et je revois tout ce que j’ai eu à faire. J’essaie de revoir dans quelle mesure améliorer ce que j’ai eu à faire. Parce que ce j’ai eu à réaliser par le passé je ne veux le refaire dans 10ans. Je veux aller au delà, chercher à améliorer et toujours progresser. Cela ne veut pas dire que ce que je réalise est moins bon mais je veux toujours aller au sommet.

Dekartcom : Où vos œuvres vous ont-elles amené hors de l’Afrique ?

Rafiy Okefolahan : Depuis 2010, j’ai effectué des voyages à travers l’Europe, l’Allemagne, la France, la Belgique, l’Espagne, et dans ces trois derniers j’ai exposé. J’étais aussi en résidence à la Cité Internationale des arts à Paris pendant 6 mois. Je me suis retrouvé au milieu de 350 artistes venus d’ailleurs, ce qui équivalait au nombre d’ateliers présents. Une rencontre bien riche en expériences qui m’a permis de travailler avec des artistes palestiniens voire des pays dont j’ignorais l’existence. De découvrir d’autres cultures m’a inévitablement donné une autre vision du monde. Avant mon retour au Bénin, j’avais reçu une invitation pour participer à un festival d’arts plastiques en Azerbaïdjan. J’entendais souvent parler de ce pays et cela me passionnait énormément. Leur jeune festival annuel enregistre des artistes venant des quatre coins du monde. Lors du vernissage de l’exposition des artistes d’Azerbaïdjan à Paris, j’ai été très bien accueilli mais malheureusement je n’ai pas pu honorer leur invitation. Ce sont des moments qui m’ont marqué et qui restent gravés dans ma mémoire.

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Dekartcom : Comment percevez vous l’art au Bénin après vos nombreuses expériences ?

Rafiy Okefolahan : Avant d’être artiste, j’étais vendeur au marché des arts. Ce qui m’a permis de côtoyer certains artistes pour connaître leur quotidien. Ma foi, je me disais qu’il est possible de pouvoir faire quelque chose dans notre pays pour ces ambassadeurs. Après avoir constaté les conditions précaires dans lesquelles ils vivent, je me prédisais un avenir incertain. Mais dans tout corps de métier, il faut chercher l’excellence. C’est ce qui te permet d’être remarqué. Et j’ai compris que certains d’entre-eux ne s’améliorent pas à cause de leur autosuffisance. Un défaut qui les empêche de progresser accusant à tort la non-évolution de l’art au Bénin. La preuve, tous les regards sont tournés vers le Bénin à cause de la Biennale. Etre artiste, c’est d’abord un engagement. Ensuite, il faut avoir les moyens de sa politique parce que ce que nous faisons, est source de revenus.

Dekartcom : Quels sont vos projets à venir ?

Rafiy Okefolahan : Mes projets se dévoilent par ordre croissant. Tout d’abord je veux exposer mon travail au public béninois. Certes nous avons des musées, mais ce n’est pas un lieu propice pour les expositions. Je rêve d’un musée d’art contemporain au Bénin. C’est bien possible si nous les artistes, conjuguons nos efforts pour travailler ensemble. Je suis certain qu’on peut le faire puisqu’autant que nous sommes, nous représentons des valeurs culturelles. Ce n’est qu’ensemble qu’on peut réaliser de belles choses.

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