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Ismailou Baldé :« La formation et la sensibilisation sont les meilleurs moyens pour arriver à la préservation du patrimoine africain »

L’Ecole du Patrimoine Africain (EPA)  forme   depuis quelques  années, pour l’obtention   de la  Licence professionnelle en conservation et sauvegarde du patrimoine de jeunes conservateurs et archivistes de musées.  L’initiative est à sa deuxième édition et a regroupé pour le compte de l’année académique 2013- 2014 treize apprenants. Dans cet entretien qu’il a  accordé à  dekartcom,  le coordonnateur de pôle collections de l’EPA, M. Ismailou Baldé  évoque  les objectifs   de  cette  formation.   Il en a profité pour faire un bilan à mi- parcours de  ladite édition.

Lisez  l’entretien

Dekartcom : Présentez-vous à nos lecteurs ?

Ismailou Baldé : Je suis Ismailou Baldé, Guinéen de nationalité, conservateur du patrimoine, Coordonnateur de pôle collections de l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) et Coordonnateur de la deuxième édition de la Licence professionnelle en conservation du patrimoine.

Dites-nous les objectifs de cette Licence professionnelle pour l’EPA ?

Ce cours est organisé suite au constat selon lequel les musées, archives et bibliothèques de l’Afrique subsaharienne rencontrent des problèmes de conservation et de mise en valeur de leur patrimoine. Ainsi, la présente formation a pour objectifs d’améliorer les conditions de conservation et de mise en valeur des collections et des fonds de ces institutions à travers la formation théorique et pratique de 13 professionnels qui seront à leur retour capables de former leurs collègues et d’améliorer l’image de marque de ces dites  institutions.

Alors dites-nous les sources de financement de cette formation ?

Cette formation a été rendue possible grâce à plusieurs partenaires financiers Fondation Getty (62%), USA, la Province du Zaïre (30%), Angola,  le Ministère français de la Culture, les pays des participants et l’EPA se partagent les 8% autres. Je tiens ici à remercier tous ces partenaires pour leurs précieuses contributions à la réussite de ce cours.

C’est la fin du second semestre de cette Licence professionnelle. Quel bilan peut-on faire ?

En termes de bilan des deux premiers semestres de cette formation, je peux dire que nous sommes heureux que les enseignements se soient déroulés selon les prévisions calendaires et dans le respect des objectifs assignés à chaque module. Tous les enseignants programmés ont répondu à notre appel et ont donné le maximum d’eux-mêmes pour la réussite du cours.  Nous avions reçu, au début du cours, 13 participants, qui n’étaient, pour la plupart pas très bien imprégnés des questions de la gestion et de la conservation du patrimoine, mais aujourd’hui je puis vous dire que ces professionnels sont désormais bien aguerris pour répondre aux attentes de leurs institutions. Par ailleurs, les institutions patrimoniales du Bénin, notamment les archives nationales, la direction de la bibliothèque nationale, le Centre de recherche scientifique et technique (CBRST), le musée ethnographique Alexandre Sènou Adandé, le musée da Silva ont bénéficié des retombées des différents travaux pratiques qui ont permis d’améliorer les conditions de conservation de leurs collections et fonds. Ainsi, des propositions ont été faites à ces institutions à travers des échanges avec les professionnels qui sont sur place et en invitant certains d’entre eux à suivre des modules à l’EPA.

En ce qui concerne les stages que nous avons lancés le 11 Août dernier, ils marquent le début du troisième semestre. Ces stages qui se tiennent dans les institutions d’origine des participants permettront d’identifier les problèmes de conservation et de médiation qui se posent à ces institutions et d’y apporter un début de réponse.  La réponse définitive sera donnée dans le cadre de la rédaction et la présentation de mémoire d’ici  fin février au plus tard.

Parlant de bilan, qu’est-ce que nous pouvons mettre dans tout ce qui a été fait à travers les modules de formation ?

Il serait difficile de parler de tous les modules qui ont été déroulés depuis le début de la formation. Mais globalement, nous avions travaillé sur deux grands blocs. Un premier bloc qui a parlé de l’introduction au patrimoine culturel à travers des enseignements sur la connaissance de ce patrimoine, ses différents types, les institutions de gestions. Puis on a intégré progressivement les modules techniques notamment ceux liés à la conservation préventive, la conservation curative, les matériaux, les agresseurs, la relation entre matériaux et agresseurs (naturels et humains), le diagnostic à travers l’inspection et le constat d’état… Ce deuxième semestre a été bouclé par l’évaluation de l’état d’une institution culturelle où toutes les connaissances et compétences acquises depuis le début du cours ont été capitalisées.  Globalement, nous sommes à une trentaine d’unités d’enseignements qui ont été dispensés pendant cette période.

Les étudiants sont actuellement en vacances. Une fois de retour de leurs pays respectifs, à quoi peut-on s’attendre ?

Après le retour des étudiants, qui est prévu pour le 27 octobre prochain, il a été prévu le dépôt au niveau de la coordination du cours, des rapports de stages qui seront étudiés, évalués et corrigés. Leur séjour leur permettra aussi de collecter des informations et des données nécessaires à la rédaction ou la  finalisation de leur mémoire. Un point également sera fait dans ce sens en collaboration avec les maîtres de mémoire. La reprise des cours de ce troisième semestre sera marquée des enseignements relatifs à la diffusion du patrimoine dont entre autres le concept et les techniques d’exposition, l’animation et l’accueil et la gestion des visiteurs. Cette partie sera couronnée par la mise place d’une exposition temporaire qui, probablement portera sur la calebasse. Si tout se passe comme prévu, il y aura la publication d’un petit catalogue. Enfin le quatrième semestre sera essentiellement consacré à la rédaction du mémoire qui a déjà commencé et sa soutenance prévue courant deuxième semaine de février 2015.

Quelles sont vos ambitions après cette présente édition du cours de Licence professionnelle ?

Les ambitions de l’EPA,  c’est de la poursuivre, de  pérenniser pour le bonheur des professionnels et des institutions africaines du patrimoine. Comme par le passé,  nous procédons à l’évaluation de cette édition pour examiner les propositions des enseignants, des étudiants et celles formulées par les encadreurs. Tous les partenaires de ce programme  seront invités à cette évaluation qui pourrait conduire à des réajustements. C’est à la suite de cela que l’appel à candidatures pour la troisième édition de la licence professionnelle en sauvegarde et valorisation du patrimoine sera lancé.

 Aujourd’hui est-ce qu’il y a lieu de s’inquiéter sur la préservation et la conservation du patrimoine en Afrique ? Pensez-vous que le travail qui se fait est susceptible de sauver ce qu’il y a aujourd’hui comme patrimoine particulièrement en Afrique ?

Je pense que la formation et la sensibilisation sont les meilleurs moyens pour arriver à la préservation du patrimoine africain. La formation parce que si notre patrimoine est entre les mains des agents non formés, ceux-ci deviennent des dangers pour ne pas dire « agresseurs. » Quant à la sensibilisation, elle est nécessaire et à tous les niveaux (enfants, professionnels, décideurs, populations, etc.)  parce que la méconnaissance du patrimoine peut conduire l’Homme à des destructions volontaires ou involontaires du patrimoine. Le cas de l’Irak, du Mali, … en sont des parfaites illustrations.

Entretien réalisé par  Esckil AGBO

 

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