Originaire de la commune de Dassa, Syam Ohin alias Syam Fofo est un jeune artiste chanteur et interprète béninois qui fait du Zouglou. Le choix de son style musical est le fruit de son amour pour la Côte d’Ivoire, son pays natal où il a longtemps été bercé par le Zouglou, le Youssoumba, le Coupé-décalé etc. Mais il n’en demeure pas moins que ses origines béninoises lui tiennent à cœur et le poussent d’ailleurs à apporter une touche identitaire à sa musique. Dans une interview qu’il nous a accordée le mercredi 06 octobre 2021 à Cotonou, l’artiste nous parle de son parcours, ses motivations et ses ambitions.
Syam Fofo, vous êtes artiste chanteur, peu connu du grand public certes mais dans les rouages du showbiz depuis bien d’années. Déjà dites-nous, que signifie votre nom d’artiste Syam Fofo ?
Rire ! Vous savez, je m’attends toujours à cette question. En fon (langue parlée au sud Bénin), Fofo signifie grand frère. On me demande souvent : « toi tu es le Fofo de qui ? ». Mais en réalité, c’est juste un concept. J’ai voulu rajouter à mon prénom, une connotation qui renvoie à ma véritable identité. Je suis un artiste originaire du Bénin même si mes habitudes ivoiriennes me précèdent. C’est aussi en référence au concept de la ‘’grandeur’’. Qui dit Syam Fofo dit Syam le grand. Tout simplement parce que je vois tout en grand. C’est une manière pour moi d’émettre des pensées positives afin que l’argent, le bonheur et le bien-être ne s’éloignent point de moi.
A quand remonte votre rencontre avec la musique ?
J’ai lancé ma carrière artistique en 2019. Mais ma rencontre avec la musique remonte à mes années de lycée. Sur les bancs déjà, j’essayais d’interpréter les morceaux de certains artistes. Je me rappelle que le premier morceau que j’ai interprété, c’est “Baby girl” de Nel Oliver lors d’une journée culturelle au collège. En ce temps, l’on était eu début des CD (compact disc) dans les années 97-98. La même année, j’étais allé en vacances à Abidjan chez mon père. J’y ai rencontré certaines personnes qui m’ont inspiré et transmis la fibre artistique. C’était des groupes déjà connus à Abidjan dont précisément « Les Bayou stars », un groupe qui faisait le « Youssoumba », une musique traditionnelle assez prisée. C’est avec eux que j’ai commencé à m’imprégner, à nourrir l’envie de devenir chanteur et de faire carrière. J’ai commencé timidement mais avec le temps j’ai dû faire une pause en raison de certaines contraintes familiales. Des années plus tard, je me suis retrouvé dans l’événementiel où j’ai organisé des concerts et biens d’autres réalisations dans le showbiz avant de revenir à la musique.
Quelques mots sur votre parcours dans l’événementiel ?
Il faut dire qu’en tant qu’amoureux de la musique, j’ai organisé ou participé à l’organisation de plusieurs spectacles. Mais au nombre de ces événements, un seul m’a le plus marqué. Il s’agit du concert ‘’Haute tension’’ Cotonou vs Abidjan tenu le 02 avril 2010 ici au Bénin avec des artistes dont Blaaz, Secteur Tréma ainsi que Venom Dj, Dj Arafat et Debordo. C’était un chalenge de faire venir ces artistes ivoiriens et j’y suis arrivé parce que je les connaissais grâce à mes allers-retours en Côte d’ Ivoire. Avec Dj Arafat, j’ai vécu au moins 6 mois dans la même maison par le biais de mon arrangeur de sons ivoirien Guy Gérard Gbely qu’on appelle communément Guyzo l’arrangeur. A l’époque, il travaillait sur un nouveau projet avec Houon Pierre, le père d’Arafat alias ‘’Wonpi’’. Cette expérience m’a permis de rencontrer de grandes figures du showbiz ivoirien. Cela m’a énormément facilité la tâche lorsqu’il s’est agi de faire venir des artistes comme eux ici au Bénin pour un concert.
Aujourd’hui, vous faites peau neuve dans le showbiz mais cette fois-ci en étant au-devant de la scène. Alors quelle valeur additionnelle Syam Fofo envisage apporter à la musique béninoise ?
Du Syam Fofo tout simplement. C’est-à-dire une touche nouvelle. Essayer à ma manière de redonner de l’espoir à la jeunesse surtout, en abordant diverses thématiques de la vie quotidienne. Apporter ma pierre à l’édifice au point où certains jeunes soient à même de s’identifier à Syam Fofo dans le futur et ce, à travers ce genre musical populaire et urbain de la Côte d’Ivoire qu’est le Zouglou.
Pensez-vous pouvoir conquérir le cœur des Béninois avec le Zouglou, un style de musique qui leur est quand-même un peu étranger ?
La musique a un langage universel. Je fais du Zouglou à la sauce béninoise. Quand je parle de sauce béninoise, je fais allusion à mon style de Zouglou où je fais intervenir quelques fois des termes en « fon » pour rappeler mon attachement à mes origines béninoises. Mais déjà, le Zouglou est un rythme qui ne laisse personne indifférent. Et je crois fermement qu’en plus du style, le message que l’on véhicule dans une chanson captive aussi l’attention. Que je décide de faire du Gogohoun (rythme moderne de la communauté Adja), du Gounbé (rythme traditionnel de Dassa) ou autres rythmes du Bénin, c’est la manière de le faire et le message véhiculé qui vont attirer les gens. Il est important pour moi de préciser que j’ai été bercé par le Zouglou. J’en suis tombé amoureux et là j’ai envie de partager cet amour avec les Béninois. Ce sera à eux de me dire si c’est bien ou pas.
Est-ce à dire que le public pourrait avoir un Zouglou made in Bénin, un mixage du Zouglou ivoirien avec des rythmes de chez vous comme le Zinli ou ceux que vous venez de citer en exemple ?
Ce n’est pas encore arrivé mais cela va arriver. Je travaille sur mon album qui réserve d’ailleurs beaucoup de surprises. Il n’y aura pas que du Zouglou. J’ai l’intention de montrer aussi la diversité de Syam Fofo. C’est vrai que le Zouglou, c’est mon rythme de prédilection, là où je me retrouve le mieux. Mais j’essaie de toucher aussi à d’autres rythmes.
A vous écouter, l’on perçoit une grande envie d’impacter le public béninois. Quelle est alors l’actualité de Syam Fofo ?
Il y a quelques mois, j’ai fait un single titré « Y a quoi même » avec Gopal Das le slameur qui, apparemment a plu au public. Nous avons fait le clip qui tourne plutôt pas mal sur des chaînes de télévisions, des radios et les réseaux sociaux. Et je suis en train de revenir avec un nouveau single qui, je crois, sortira avant la fin de cette année. Il faut dire aussi que je suis actuellement en studio pour l’enregistrement de mon tout premier album.
Syam Fofo a-t-il une autre corde à son arc, outre la musique ?
J’ai fait une formation commerciale. J’ai une Licence en Management des entreprises, un BTS en Gestion commerciale et j’ai aussi un diplôme en Entrepreneuriat, développement des affaires. En dehors de la musique, Syam Fofo est actuellement Logisticien dans une multinationale de la place. J’y travaille du lundi au vendredi et le week-end j’enfile mon costume de chanteur.
Des perspectives ?
A l’avenir, être Syam Fofo le béninois qui décroche un disque d’or parce que je suis un ‘’Fofo’’ et que je vois tout en grand. Il faudrait quand même qu’on ait de l’ambition dans la vie. Le groupe Magic systèm a commencé un jour, Dj Arafat aussi et pourquoi pas moi. Voilà des exemples que j’aime garder à l’esprit. Mais l’on ne se lève pas du jour au lendemain pour avoir du succès sans un vrai travail de fond. C’est le sérieux, l’abnégation, la détermination qui me feront atteindre mon objectif et j’en suis bien conscient.
Avez-vous un mot pour conclure cet entretien ?
Mon mot de fin sera à l’endroit du showbiz béninois. Je voudrais voir mon showbiz sur le toit du monde, pour ne pas dire africain. Aujourd’hui le Bénin n’est pas du tout représenté. Nous sommes seulement chez nous mais pas à l’extérieur. Une réalité qui m’attriste. Je souhaiterais que tous ensemble : les acteurs culturels, producteurs, promoteurs, radios, télés, managers et artistes, nous puissions trouver quand même un terrain d’entente. Il y va de l’éclosion de notre showbiz à l’échelle internationale. Aussi souhaiterais-je que les autorités en charge du secteur, en l’occurrence notre Ministre de tutelle Jean Michel Abimbola, repensent de nouvelles stratégies en vue de l’accompagnement des artistes pour le rayonnement de la musique béninoise.