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Exposition à l’Ifb : 5 plasticiens rendent hommage à la Femme

Les oeuvres des artistes Sènami Donoumassou et Sophie Négrier en exposition à l'IFB. Ph/ Joannès Mawuna

La salle d’exposition Joseph Kpobli de l’Institut français du Bénin site de Cotonou accueille dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, une exposition collective dont le vernissage s’est tenu le vendredi 05 mars 2021. Réunissant plusieurs artistes plasticiens, cette exposition explore les notions de visible et d’invisible dans les perspectives féministes à travers divers styles artistiques.

« In]visibles : femmes souveraines ». C’est autour de ce thème que les artistes Moufouli Bello, Sènami Donoumassou, Sophie Négrier, Ishola Akpo et Joannès Mawuna s’inspirant de faits historiques et contemporains, exposent le ‘’combat’’ (luttes et réalisations) des femmes dans nos sociétés. Loin de se targuer en diseurs de vérités, de réparateurs de tort ou de féministes, les artistes ont néanmoins, à travers leurs œuvres, mis en lumière des accomplissements que la mémoire collective semble ignorer mais qui participent fortement à l’évolution de l’humanité.

Une récade pour la Reine

En hommage à Tassi Hangbé, Reine oublié et évincée de l’histoire du royaume De Danxomè, Sènami Donoumassou fabrique « Une récade pour la Reine ». Collection du petit musée de la récade de l’espace artistique et culturel Le Centre, cette œuvre est un assemblage de diverses matières à savoir : bois, cuivre, bronze et rafia. Dans une dimension narrative, par la mise en relation d’un ensemble de symboles, la plasticienne a essayé à travers son œuvre de réhabiliter cette Reine qui aurait régné 1709-1711. Outre ce clin d’œil à la Reine oubliée, Sènami Donoumassou présente l’Amazone contemporaine avec l’installation : « À sac ouvert ». « Le sac, c’est le témoin silencieux des luttes quotidiennes des femmes. Il contient nos émotions, nos états d’âmes… » confie-t-elle. Sènami part des divers contenus de cet accessoire de beauté qu’est le sac à main pour montrer l’être au-delà du ‘’paraître’’.

Hangbè

Comme Sènami Donoumassou, Moufouli Bello prend aussi appui sur la Reine Tassi Hangbé pour s’adresser aux femmes d’aujourd’hui. Avec une peinture sur toile titrée « Hangbè », elle fait l’apologie de la seule femme ayant régné au royaume de Danxomè et de l’armée de femmes (Amazones) qu’elle a instauré. Pour cela elle a eu recours au symbolisme des dessins, des techniques de graphisme, des codes couleurs et de la narration figurative.

Icamiabas

Symbole de maternité, de féminité et source de fantasme, les ‘’seins’’ font partie intégrante du corps de la femme. Et c’est cette partie du corps humains que la photographe Sophie Négrier choisie pour s’adresser aux femmes à travers une installation: photographies, carte communautaires intitulée « Icamiabas ». Cette installation qui offre une vue panoramique de seins, s’inspire des Icamiabas, une tribu amérindienne composée exclusivement de femmes vivant dans la région septentrionale du Brésil. Faisant également échos aux Amazones (armée de femmes au royaume Danxomè), elle attire l’attention des femmes sur ses organisations qui ont réussi à survivre à leur époque et ce, dans un système non-patriarcal.

Ne suis-je pas une femme ?

« Ne suis-je pas une femme ? » est le titre de la série présentée par le photographe béninois Joannès Mawuna. Ici, le photographe met la lumière sur ces femmes qui ont choisi briser les codes, les règles préétablies pour s’affirmer pleinement en exerçant des métiers dits d’hommes. Des clichés de femmes Soudeuse, Mécanicienne, Fondeuse et autres se succèdent sur les murs de la salle d’exposition pour montrer qu’un métier ne saurait arracher quoi que ce soit à la féminité d’une femme. Le titre de la série fait d’ailleurs échos à un célèbre discours de l’abolitionniste et féministe noire américaine du XIX siècle Sojouner Truth. Un discours prononcé en 1851 à la Women’s convention de Akron et repris par Bell Hooks, une figure emblématique du Black Feminism américain dans son ouvrage « Ain’t I a woman : Black women and Feminism ».

Agbara Women

Ishola Akpo quant à lui, questionne des silences de l’histoire en redonnant vie à des Reines qui ont impacté leur époque à travers leurs différentes luttes, avec des portraits fictionnels. C’est la série photographique « Agbara Women ». Comme pour créer le pont entre des femmes contemporaines et des femmes de l’histoire qui ont mené de grandes luttes,ces captures explorent les mémoires et l’héritage des reines africaines dont Tassi Hangbé (Danxomè) et Nzinga (Angola).

L’exposition collective « In]visibles : femmes souveraines » se poursuit jusqu’au 19 avril 2021 à l’Ifb de Cotonou.

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Inès Fèliho
Inès Fèliho
Rédactrice à Dekartcom

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