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Centre culturel Ouadada de Porto- Novo : Au delà de la promotion des arts

Petite terrasse servant de bar- café où les artistes  peuvent discuter. Deux halls d’exposition des objets d’arts contemporains. Un podium pour accueillir les différents spectacles. Un écran géant pour la projection de films documentaires. Une salle de prise de sons audio, une autre multi- média  et une administration de montages pour la production audiovisuelle.   Voilà ainsi cités les différents espaces qui donnent corps au centre culturel Ouadada. Situé au quartier Tokpota   dans le cinquième arrondissement de Porto- Novo, il a  vu le jour en 2008. C’est un espace de création, de promotion, de production et de diffusion des œuvres d’arts contemporains, indique le directeur, l’historien de l’art Gérard Bassalé. A l’époque  où il l’inaugurait, le Bénin n’avait pas assez d’espaces culturels. « On n’avait que les centres culturels français, chinois, américains » qui sont érigés à Cotonou, a fait savoir le promoteur du centre Ouadada.

Porto- Novo n’en avait aucun alors qu’elle a des artistes, pétris de talents et  qui  la pullulent  de créations.   Après ce triste constat, Gérard Bassalé décide de construire  le  premier centre  culturel privé de la ville aux trois noms : Hogbonou, Adjatchè, Porto-Novo.  Ouadada, ce qui signifie « bienvenue » en langue nago est le nom qu’il lui a attribué.   « Nous nous sommes dits que c’est quand même normal que nous ayons des centres culturels béninois. Si le ministère ne l’a pas fait,  il est important que des citoyens relèvent le défi », a-t-il laissé entendre avant d’exprimer la joie de voir qu’à la suite de son initiative plusieurs autres espaces culturels privés ont été créés  dans d’autres  villes telles qu’ Abomey et Ouidah.   Aujourd’hui, Ouadada  participe  pleinement à la promotion de la culture au Bénin. En témoignent  les expositions d’arts, les spectacles de danse, de théâtre, de conte qu’il abrite fréquemment.  Le centre de l’historien Bassalé  envoie  également des artistes béninois sur de grands événements culturels  un partout dans le monde. Ceci grâce à ses partenaires étrangers. Mais le rêve de ce jeune féru de la culture   n’est pas devenu réalité du jour au lendemain. Les difficultés, il en a eu à foison.  Passant sous silence celles qui l’ont accueilli à l’aube de sa carrière, il  parle de  celles qu’il vit désormais en tant que promoteur d’espace culturel. « … il est très difficile pour nous promoteurs d’espaces  culturels  de pouvoir joindre les deux bouts. Il n’y a pas un soutien systématique des espaces  culturels dans notre pays. Ouadada  a été créé à fonds propres. Nous avons mobilisé des moyens et nous avons  fait des emprunts  à la banque  pour pouvoir construire l’espace.  Tout a été pensé et  construit avec les règles de l’art. Si vous venez dans l’espace culturel, tout de suite, vous êtes frappé par  la couleur « terre » qui est la couleur des  anciennes maisons construites. Nous faisons l’effort d’introduire dans l’architecture, dans la construction des matériaux locaux. Aux pieds des poteaux, vous avez des jarres. Les peintures sont des peintures naturelles. Cela a été une initiative privée. Nous  n’avons pas eu de sponsors pour la construction. Il  a fallu cinq ans après  pour que le fonds d’aide à la culture  nous subventionne pour l’acquisition de quelques matériels de spectacles et aujourd’hui pour la construction d’une salle multimédia pour les artistes. Le premier soutien s’évaluait à trois  millions  FCFA et le second  est à hauteur de cinq millions  FCFA. La valeur du centre au départ est estimée à plus de 100 millions FCFA.  L’acquisition de l’espace  seule nous a coûté vingt  millions FCFA.  Ma femme et moi  avons mis ensemble la main dans la poche pour faire la construction.  Elle a contribué à cela  autant que moi.   Mais une bonne partie  des moyens est venue de la banque et je continue de rembourser… Nous n’avons pas les moyens  pour engager un  personnel comme il le faut. Nous aurons besoin au minimum de sept agents qualifiés dans divers domaines. Nous avons aussi les  problèmes de médiation culturelle  et   d’appui des initiatives que nous entreprenons.»  Du coup, il lance un vibrant appel aux autorités de la culture en ces termes : « Le ministère, ne pouvant pas avoir des espaces dans toutes les localités  du pays, nous nous faisons son relais. Il est normal qu’il  puisse,  chaque année, voter un budget pour les espaces. S’il y avait un budget  spécial pour le fonctionnement des espaces, nous ferons plus de choses pour la culture de notre pays. Nous  pouvons mieux aider nos artistes. »

Esckil C. AGBO

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