Dans le cadre du projet de création du spectacle Leave to Live, mis en scène par Christian Mualu Muela, des artistes de République Démocratique du Congo, du Congo Brazzaville, du Cameroun, du Bénin et de France se sont réunis autour la problématique du regard sur les ex-enfants soldats. Ce spectacle, une imbrication du théâtre, de la musique, de la danse et de la vidéo, a proposé ce 26 janvier à l’Institut Français de Cotonou quelques scènes encore en travail suivies d’un concert mêlant la musique classique, la rumba congolaise et la musique béninoise servie par le célèbre trio local Teriba .
La thématique est sensible et la manière de l’aborder non moins émouvante. Leave to live a su proposer en effet, l’espace de cette soirée, une vue artistique et amène de ce sujet engagé. Christian Mualu Muela a choisi de structurer cette pièce en incorporant plusieurs disciplines artistiques. Plusieurs tableaux se succèderont parmi lesquelles une scène de danse, ou encore les scènes illustrant le quotidien des ex-enfants soldats de part et d’autre de l’Afrique et de l’occident grâce à des décors suggestifs. On note ainsi dans l’ambiance d’un maquis congolais, le rejet, la rancœur et la stigmatisation qui leur sont réservés tandis qu’en occident au cours d’une soirée bourgeoise, ils constituent des spécimens inspirant peur et fascination. Ensuite, une violoncelliste, un guitariste et un batteur fusionnent rumba congolaise et musique classique proposant une cartographie musicale des différentes situations racontées, sans oublier une incursion de la musique béninoise guidée par le groupe Tériba. Avec une scénographie basée sur des vidéos mixées et travaillées pour refléter la multiplicité des lieux et des époques traversées par le texte, cette pièce bien qu’en construction en a séduit plus d’un.
Leave to live, reposant sur les témoignages de deux jeunes artistes, ex -enfants soldats réfugiés en France est une mise en scène de Christian Mualu Muela. L’artiste connu pour associer la culture au social, place l’engagement politique et les sujets de société au cœur de ses créations. Ce spectacle résulte de son interrogation sur le regard que l’on porte sur les ex-enfants soldats et veut tenter de remédier aux considérations iniques et excessives dont sont victimes ces témoins vivants malgré eux, d’une douloureuse époque.
Leave to livesera en tournée les :
– 06 et 07 mars 2013 à Bordeaux- Halle des Chartrons
-Du 19 au 23 mars 2013 à Pau- Théâtre Bourbaki
-02 et 04 avril 2013 à Villeneuve de Marsan- Festival Empreinte(s)- Théâtre des 2 mains
Quelques impressions après le spectacle
Alougbine Dine,metteur en scène, Directeur de l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin :
Il y a eu de très belles choses, c’était un spectacle total avec de la musique, du texte, de la danse et puis de la projection vidéo. C’est en construction, il ne faut pas qu’on s’éternise là-dessus en matière de commentaire puisque ça peut complètement changer ou rester dans la structure actuelle. Mais il faut dire qu’il y a un gros travail qui est en train de se faire avec des techniques modernes de communication, et on voit jusqu’où ça peut aller.
Hermas Gbaguidi, auteur, metteur en scène scénographe:
J’ai trouvé du plaisir à passer ces 02h30mn à suivre ce spectacle déambulatoire de mon jeune frère et ami Christian Mualu Muela, c’est du théâtre total. Tous les éléments étaient réunis pour faire de cette soirée une soirée africaine. C’est vrai qu’il y a certaines choses qu’on peut revoir mais on doit d’abord célébrer le génie parce que tout le monde savait que c’est une restitution d’un travail d’atelier de deux semaines ; ce n’est pas un spectacle abouti et je suis sûr que ça se corrigera pour la restitution finale.
Ousmane Aledji, auteur, metteur en scène, coordonnateur général du centre culturel Artisttik Africa :
Ce spectacle est en chantier, on voit bien que c’est encore à la phase d’élaboration et de trouvaille. Il faut un bon moment de ramassage et de ce que j’appelle « de tamis ». Et d’après ce que j’ai vu ce soir, ce sera sans doute très très bon quand ils auront passé ces deux étapes là.