Agence de Promotion des Patrimoines et de Développement du Tourisme. Ainsi est intitulée la structure étatique que le Bénin s’apprête à installer aux fins de la visibilité de sa culture. Une agence, pour quoi faire ?, s’interrogent certains acteurs culturels. Ne serait- elle pas une institution de trop ?, craignent d’autres. Le sujet devient intéressant et interpelle tous et chacun. Pour le 3ème numéro de « Vendredi des Patrimoines et du Tourisme », le groupe Arts Challenge Développement (ACD) et la plateforme Dekartcom.net, en parlent. Suivez leur regard à travers cette investigation.
C’est le dramaturge José Pliya, fils du regretté et célèbre écrivain béninois Jean Pliya qui a été désigné par le Chef d’Etat, Patrice Talon, pour conduire le comité de pilotage de création de l’agence. L’homme n’est pas un professionnel de ce secteur. Mais les témoignages recueillis au cours de cette enquête portent de l’admiration par rapport à sa démarche.
« Il a été pédagogue, didacticien, curieux et humble en allant vers les professionnels», affirme un gestionnaire de patrimoines résidant à Abomey- Calavi. « Avec sa démarche, je crois qu’on peut donner un crédit de confiance aux ambitions du Chef de l’Etat », complète Franck Ogou, Responsable du Pôle Environnement à l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA).
José Pliya, a-t-on appris, de source digne de foi, n’est pas resté dans les quatre murs de sa maison pour imaginer l’ossature de l’agence. De concert avec les autres membres de son comité, il est allé sur le terrain, rencontrer les acteurs de ce secteur, recueillir des informations. Ce qui existe, ce dont ont besoin ces acteurs et leur regard sur la vision de créer cette agence.
Pendant des semaines, l’émissaire du Président Patrice Talon a parcouru le Bénin pour s’informer, singulièrement sur les patrimoines et le tourisme.
La charpente de l’agence
L’Agence de Promotion des Patrimoines et de Développement du Tourisme, selon les informations reçues, sera placée sous l’autorité de la présidence de la république. C’est une institution qui sera donc rattachée à la Marina et non au Ministère du Tourisme et de la Culture (MTC). Pour une source proche du comité de pilotage, elle ne se substituera point aux acteurs encore moins aux directions techniques du MTC ayant, à priori une mission régalienne.
C’est une structure qui sera pour le Bénin, la vitrine de ses arts et cultures parce qu’elle conduira la politique de l’attractivité du pays. Mais comment ?
Les champs d’exercice de l’agence
Cette institution en cours de création travaillera fondamentalement sur quatre axes. Les patrimoines architecturaux et archéologiques, ceux naturels, lacustres et forestiers. Les arts vivants et enfin l’hôtellerie, la gastronomie, l’artisanat.
Dans sa mission, elle assurera la promotion du potentiel artistique, culturel et touristique. Cette agence identifiera dès son installation les besoins pour faire découvrir au monde les patrimoines du Bénin. De plus, elle jouera le rôle de conseillère en coordonnant des actions dans le cadre du développement du tourisme.
En clair, il s’agit d’une agence de mise en valeur et d’usage des patrimoines au profit des arts, cultures et tourisme.
Cependant, des craintes se font entendre. Pour nombre d’acteurs culturels, la naissance de cette agence provoquerait au sein du MTC des conflits de mission, par ricochet, d’intérêt. Nombre de promoteurs, d’artistes et même journalistes considèrent l’initiative gouvernementale avec réserve. Il suffit, clament-ils, de doter les structures déjà existant de moyens adéquats pour garantir la promotion des arts, cultures et tourisme du pays.
Le débat reste donc ouvert, en attendant la publication de la nouvelle AOF (Attribution- Organisation – Fonctionnement) du Ministère du Tourisme et de la Culture.
Esckil AGBO