Fitheb 2014, ça frise  l’amateurisme
11 novembre 2014
Ouagadougou : La 5ème  édition de la semaine du cinéma scientifique célébrée
16 novembre 2014

Bénin : Promoteurs, acteurs  et journalistes culturels se prononcent sur le nouveau report du Fitheb

Les réactions se poursuivent  au sein de la chaîne culturelle béninoise, depuis la sortie du dernier communiqué du Fitheb, évoquant le report sine die de la douzième édition. Dans cette vox populi, dekartcom vous livre  celles  de quelques  acteurs.

Lire ici les propos 

Jude Zounmènou, Délégué du festival Téni- Tédji  résidant à Porto- Novo

Jude Zounmènou, directeur du festival Téni- Tédji

« Nous avions refusé et annulé  des programmations nationales  et internationales  pour le Fitheb »

Moi j’ai honte à la place de nos gouvernants. S’ils ne  peuvent pas mettre à  disposition les fonds pour l’organisation du Fitheb,  ils n’ont qu’a fermé baraque et nous saurons que le théâtre n’existe plus au Bénin. Si c’est pour passer  des évènements  bidon en conseil des ministres,  ils sont forts.   Le FITHEB ne mérite pas cela, ils ont des millions et des milliards pour les concerts géants.  Ce report bouscule nos calendriers. Déjà,  nous avions refusé et annulé  des programmations nationales  et internationales  pour le fitheb et nous  ne pouvons plus rattraper. Je  ne suis pas dans le secret des dieux  mais connaissant la ténacité et le dévouement d’Ousmane  Aledji et son équipe,  je pense que nous pouvons toujours rêver de la tenue de ce festival.

Henri Morgan, Journaliste culturel au quotidien Le Matin

 10284643_762780680419965_3064357420336659593_o (1)« La raison de ce report sine die, n’est pas celle mentionnée par le Directeur par intérim »

Je ne voyais pas Ousmane Alédji réussir le Fitheb quand je repense au contexte conflictuel de son ‘OUI’ pour sauver le Fitheb, pour lequel le Directeur élu est Erick Hector Hounkpè. En voulant nuire à une seule personne, nous voilà  face à face avec un Fitheb  MORT.  Mais la raison de ce report sine die, n’est pas celle mentionnée par le Directeur par intérim. Et c’est bien dommage.Une perte de temps et d’argent pour toute la Nation et l’image du Bénin est culturellement  ternie.

 

 

Un ancien directeur du Fitheb

 

inn« Les vrais acteurs culturels connaissent la raison de ce report »

Ce qui se passe est tout simplement triste  et très dommage. Mon cher, tu es journaliste et tu sais que  cet état de choses ne peut avoir qu’un impact négatif. C’est le seul événement culturel d’envergure que nous avons, et on le malmène de cette façon? Comment peut-on prétexter de la maladie à virus ébola pour y renoncer? Tu crois à cela toi? Dire cela à un mois de la date annoncée est dommageable pour la culture béninoise, et pour la crédibilité du Bénin.     Les Recreatrales se sont tenues au Burkina, pourtant ce pays est plus menacé par la maladie que le Bénin en raison de sa proximité avec les pays touchés. Cet argument ne tient pas. Et l’évoquer nous décrédibilise. La raison est ailleurs.   Je la connais, les vrais acteurs culturels la connaissent aussi. Tout le monde n’est pas fait pour diriger ni pour être organisateur. On peut être excellent comédien ou metteur en scène, mais piètre organisateur d’événement culturel, j’allais dire de festival. Donc incapable d’organiser convenablement un événement de cette taille. Et quand on n’en est pas capable, il faut avoir l’honnêteté et le courage de le dire. Il vaut mieux laisser ceux qui en sont capables le faire et les soutenir.  Il y va du bien de la culture béninoise, du bonheur des acteurs culturels, et de la crédibilité de notre pays.

Tony Yambodè, Promoteur  culturel

Tony Yambodè « C’est un nouveau coup dur pour notre FITHEB »

Ce report n’honore pas le FITHEB par conséquent le pays. Le  non – respect de la date de tenue de tout événement et de surcroît,  culturel et de plus FITHEB entache sa crédibilité. C’est un nouveau coup dur pour notre FITHEB. Vous savez un événement comme FITHEB, des programmateurs de tout le monde entier ajustent leur calendrier pour être présents. Le fait pour question d’ajuster son calendrier pour un événement comme FITHEB, c’est renoncer à plusieurs autres offres inintéressantes. Et si du jour au lendemain on vous annonce la non tenue de l’événement, vous voyez vous même ce que ça fait. Cet état de choses aura également des répercutions sur tous les compagnies qui sont sélectionnées (si de même la programmation officielle n’est pas encore sortie). Les compagnies pourraient refuser d’autres offres sous prétexte qu’elles seront sur FITHEB, ce qui veut dire qu’elles ne pourront plus bénéficier des autres offres refusées et ne pourront pas espérer quelques choses du FITHEB. Aussi, les créations béninoises ne seront pas vues par les programmateurs, du coup, plus de chance pour les acteurs de vendre leurs chefs d’œuvres à l’extérieur. Ils vont continuer par vivre dans la précarité.

 

Ezin Pierre DOGNON,  Etudiant en Médiation Culturelle à l’Ecole d’Art et de Culture de Paris

Le directeur de l'équipe de MISS BENIN France Europe, Ezin Pierre Dognon« L’Etat béninois n’accorde pas l’importance qu’il faut au FITHEB »

Le FITHEB est un événement d’envergure qui contribue au rayonnement du Bénin. Un festival faut-il le préciser, est une forme de fête unique, une célébration publique d’un genre artistique dans un espace-temps réduit. Ainsi, le FITHEB est un festival de diffusion autour duquel peuvent graviter entre autres, des festivals de création, des festivals touristiques et des festivals d’images.
D’un point de vue technique, il était impossible que cet événement tienne pour le mois de décembre 2014. Tous ceux comme moi, qui sont ou qui ont été impliqués dans l’organisation d’événements culturels, le savaient bien lorsque monsieur Ousmane Alédji a été nommé comme Directeur intérimaire du FITHEB en février 2014. Les compagnies qui se sont vues notifiées en mars 2014, qu’elles participeraient au festival, et qui l’ont accepté, auront qu’on le veuille ou non un problème de programmation. En effet, celles qui se respectent, bouclent leurs dates un an à l’avance. Sur un autre plan de financement du festival, je trouve impossible qu’une structure qui reçoit un dossier de financement en mars accepte d’investir des millions parce que c’est le FITHEB. Globalement, j’estime que l’Etat béninois n’accorde pas l’importance qu’il faut au FITHEB. A mon avis, c’est une institution qui devrait être respectée autant que toutes les institutions de la République, car, le Bénin est valorisé à l’extérieur grâce à sa culture.  Dans les couloirs du ministère de tutelle, je suis très sûr que la personne d’Ousmane Alédji dérange des intérêts, car c’est un monsieur qui sait dire « non », alors qu’il faut dire « oui » à tout chez nous. Cela n’engage que moi, mais Monsieur Ousmane Alédji est allé se mettre dans la gueule du loup. La pilule « Biennale Regard Benin » qu’il a fait avaler au gouvernement reste toujours dans la gorge et est considérée comme un affront. Il a accepté un cadeau empoisonné, et il est le seul en mesure de remettre ce cadeau à ses donateurs.  Pour finir, sans doute, pour comprendre l’impact de ce report sur les acteurs et sur la culture béninoise, il faudrait d’abord connaître l’impact du festival sur la culture béninoise. Et à ce sujet comme je l’ai dit précédemment, c’est la vitrine du Bénin en termes d’événements d’envergure culturelle à caractère national et international. Cela génère donc des retombées sur le plan touristique, logistique, hébergement, restauration et transport. Les acteurs culturels étant les premiers impliqués, les retombés vont d’abord à leur endroit sans parler de l’amélioration des œuvres artistiques de chaque troupe et compagnies qui y participent. Allez-y donc comprendre par vous-mêmes les conséquences d’un tel report. Si l’épidémie d’Ebola justifie pour le Directeur intérimaire du FITHEB son report, il faut encore un argument plus lourd pour nous faire consommer ce report.

Patrick Noukpo, comédien

« C’est un manque à gagner énorme pour notre pays»

Patrick noukpoJe trouve cela ridicule. Un premier report, c’est déjà inacceptable. Mais une deuxième fois, c’est vraiment le comble. J’ai mal pour le directeur intérimaire. C’est comme si on a abusé de lui. Ça me rend triste.  Paralnt d’impact, vous voulez surtout parler d’inconvénients, je suppose. Aucun ! Zéro. La culture béninoise se portera toujours telle qu’elle est. Rien n’empêchera les gens aujourd’hui d’aller manger du « kpêtê » à Adjarra. Circulez dans les quartiers de Porto-Novo, vous verrez des « zangbéto vali ». Si vous allez aujourd’hui dans une rue de Cotonou, une seule rue prise au hasard, et que vous n’y rencontrez la moindre personne habillée en tenue « boba » c’est là-où il faut commencer par s’inquiéter sur le devenir de la culture béninoise. Si à Covê les bonnes dames ne font plus du « klouikloui », qu’à Djougou plus personne ne veuille manger du « wagaci », que vous participiez à la Gaani sans voir les chevaux majestueusement habillés, que tous les Mahi préfèrent le Funk au « Tôba », qu’à Comè plus personne ne sache faire du « zomi « , qu’à Kétou on accorde plus aucune valeur au « guêlêdê », que le Fulbé troque son chapeau conique contre des casquettes de golf, que dans une journée personne ne dise « alafia » à Tourou et que ce même « alafia » devienne « Amen » dans le couvent « Tron kpéto déka », etc., on peut parler d’impact sur la culture béninoise. Le nouveau report du Fitheb n’est qu’un épiphénomène. Ce n’est pas une bombe qui va tuer un insecte piégé dans la moustiquaire de qui que ce soit. Ne réduisez pas la culture béninoise au théâtre, tout de même. Il est vrai que le report me désole. C’est un manque à gagner énorme pour notre pays.

Réalisation : Esckil AGBO

Share and Enjoy !

0Shares
0 0

Comments are closed.

0Shares
0