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Ce mardi 09 septembre, la galerie Vallois Sculptures à Paris, accueillait le vernissage de l’exposition « Mickey au Bénin ».

Du 09 septembre au 4 octobre, nombreuses galeries parisiennes accueillent le plus grand salon international d’art premier : le Parcours des Mondes. Parmi les 37 galeries participantes; une fait exception. Tout au long de la rue de Seine, se côtoient masques ancestrales, peintures aborigènes, et bijoux anciens ; mais au Numéro 33 d’inédites sculptures de Mickey Mouse, tout droit venues du Bénin, sautent aux yeux des passionnés et marchand d’arts.

Les Mickey béninois à Paris

Les Mickey béninois à Paris

La souris américaine (conçue par Walt Disney en 1928), le Bénin, les arts premiers : peu de rapport me diriez-vous ? C’est pourtant le pari fou que s’est donné la galerie Vallois Scultpure : exposer dans le cadre d’un événement mondial consacrés à l’art premier, les oeuvres de 9 artistes béninois contemporains, bien vivants.

Si la galerie ne le revendique pas haut et fort, il y a peu de doute, l’acte est bien politique. Tous ces Mickeys dressés autour d’oeuvres d’arts centenaires sont le cri d’existence d’un art contemporain africain, et plus spécifiquement béninois, prêt à s’imposer. Lorsque l’art africain est souvent synonyme d’art premier, cette invasion de Mickey est bien plus qu’un symbole. Et quel plus beau symbole que Mickey pour revendiquer le contemporain. Pour Cédric Destailleur, directeur de la galerie « Nombre d’entre eux ( ndlr: Les artistes contemporains), comme Andy Warhol, Bernard Rancillac, Robert Combas, Keith Haring … ne s’en sont-ils pas inspirés dans leurs oeuvres ? Mais que représente Mickey pour des artistes africains, dont la culture a été nourrie d’autres symboles, d’autres valeurs ? ».

Pour l’artiste Rémy Samuz, Mickey représente simplement, l’enfance. Son Mickey, volume creux en fil de fer, vivant et jouant, transmet le sentiment de joie universel de tous les enfants du monde. Rémy Samuz, a décidé de réunir autour de ses créations, les valeurs d’enfances communes à l’africain et à l’américain : le jeu, l’innocence.

D’autres artistes ont pris le parti d’inclure la souris américaine dans la culture, l’histoire et les traditions béninoises, pour finalement africaniser ce personnage américain. Marius Dansou a inclut Mickey dans le cadre de son travail actuel sur les coiffures africaines, sculptées à l’aide de barres de métal.
Glèlé, en pleine recherche artistique s’est rendu compte que la punition, en fon signifiait « On lui tire les oreilles ». A partir de cette expression et de trois sculptures, l’artiste béninois nous conte l’histoire d’un roi Mickey trop ambitieux. Les ancêtres décident de le punir, et ses oreilles commencent à grandir. Après avoir consulté le Fâ, les offrandes faites au vaudou permettent d’arrêter la croissance des oreilles du roi et de ses sujets. Pour lui : « aujourd’hui les descendants du roi-Mickey, circulent dans Cotonou en zem comme tout le monde. C’est ma troisième sculpture ». L’artiste Korblah, a quant à lui, décider de représenter Mickey sous les traits de sa divinité.

L’artiste Benjemain Deguenon, né en 1982, nous livre un saisissant Mickey béninois envieux de partir en occident. Il nous confie : « J’en ai fait un en SDF. Il n’y a pas vraiment de SDF au Bénin. Mais c’est pour dire que si le Mickey béninois s’exile en Europe, il risque de devenir SDF ».

Enfin Dominique Zinkpé, a présenté au public une oeuvre exceptionnelle, le « Jeu de Mickey », un échiquier géant. Les règles sont simples : les cases sont peintes aux couleurs des drapeaux du monde. D’un côté les pions sont des Mickey peints aux couleurs de l’Amérique, de l’autre des cranes de singes peints aux couleurs de ces pays qui souffrent de l’impérialisme économique de ce continent souverain. Le grand artiste conclut « Tous les éléments se rangent dans la boite. On peut les ranger, on peut les sortir de la boite pour jouer, changer les éléments de place. C’est un jeu ». Une métaphore réussie, qui des Mickey ou des crânes avanceront leur prochain pion ?

En effet pour l’art contemporain béninois, pas d’échec et mat, si l’art contemporain occidental prend encore le devant de la scène, le jeu continue, et ces neuf artistes béninois ne sont pas prêt à abandonner la partie.

Liste des sculpteurs béninois exposés: Marius Dansou, Euloge Gléglé, Benjamin Deguenon, Niko, Romuald Mevo guezo, rémy Samuz, gérard Quenum, Dominique Zinkpé, Richard Korblah.

Camille Aimée Malplat Correspondante Dekartcom.net – Paris

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