En provenance de Nantes, en France, Jérôme Binet Bos est à la tête de l’Institut français du Bénin en tant que directeur délégué. Il a pris fonction depuis le mois de septembre et va coordonner, en commun avec son équipe, l’agenda culturel et créatif de la saison 2024-2025 dudit Institut. A cet effet, il envisage mettre en œuvre plusieurs projets et son but est de développer, comme cela se doit, le rapport de proximité avec le public. Dans cet entretien, Jérôme revient sur les innovations pour le compte de cette nouvelle saison.
Monsieur, merci de vous présenter à nos lecteurs.
Je suis Jérôme Binet Bos, je suis le nouveau directeur délégué de l’Institut français du Bénin. J’ai pris mes fonctions en tout début septembre. Je viens de Nantes en France où je travaillais dans un théâtre et dans une Maison des arts. Je suis ravi de travailler au Bénin et c’est une vraie chance pour moi d’être ici. C’est un très beau pays avec des gens vraiment charmants. Depuis que je suis arrivé, j’ai vraiment rencontré que de belles personnes et j’ai vraiment du plaisir à travailler avec l’équipe ici à l’Institut et avec l’ensemble des artistes, les partenaires et acteurs culturels béninois.
Un nouveau pays, un nouveau poste, une nouvelle équipe. Déjà, quels sont vos premiers engagements à la tête de cette équipe ?
Déjà, une première chose, c’est d’observer, de voir ce qui était fait et de regarder ce que nous pouvons apporter de nouveau. Mais cela s’inscrit aussi dans la politique de l’ambassade de France et en restant dans la même vision pour co-construire. Même si c’est déjà le cas, aujourd’hui nous allons construire avec les acteurs béninois, plus aussi en équipe France avec nos autres collègues des différents secteurs. Cela pourrait être l’Afd, peut être aussi des étudiants dans le cadre de la formation professionnelle, autour des débats d’idées avec des acteurs locaux. Et puis c’est aussi qu’on aille plus sur le “Hors les murs”, peut-être dans des endroits où nous n’avons pas encore beaucoup mis les pieds, dans des quartiers de ville aussi. Cela peut être des zones ici à Cotonou ou même à Parakou aussi. L’idée c’est que nos collègues de là-bas puissent aller aussi dans les villes environnantes. Il y a un gros travail qui va être fait aussi à Parakou pour la dynamisation de l’antenne. Avec des nouveautés qui vont être proposées aux habitants. C’est un travail qui sera fait en commun accord avec le nouveau coordonnateur. Donc il y a de nouvelles initiatives qui verront le jour au fil des mois, que ce soit ici, à Cotonou ou du côté de Parakou.
Les nouveautés d’accord, et quand on parle de l’Institut français, c’est un centre beaucoup plus éducatif et culturel. Avant votre arrivée, quelle idée faites-vous déjà sur le Bénin ?
Ah le Bénin ! c’est incroyable hein. Je savais déjà un peu avant d’arriver parce que je m’étais renseigné, mais c’est incroyable. Je découvre tellement d’artistes talentueux, une richesse culturelle, que ce soit avec le vodou, toute l’histoire des royaumes et faits historiques. Je savais qu’il y avait quelques artistes plasticiens de renom, mais je découvre qu’il y a vraiment une dynamique incroyable dans le secteur des arts visuels. Les musiciens, c’est aussi foisonnant. Et je découvre aussi cette scène très émergente de jeunes réalisateurs autour du cinéma, autour de la danse, de la danse hip hop, du théâtre. Je rencontre tous ces auteurs aussi en littérature. C’est donc un émerveillement d’arriver et de découvrir toute cette richesse. Et donc nous sommes là pour valoriser cette richesse, valoriser ces artistes et faire partager au plus grand nombre, à la population béninoise, ce trésor. C’est vraiment intéressant d’avoir au quotidien ce travail à faire. C’est-à-dire la valorisation des acteurs, et des artistes béninois.
En parlant de la valorisation des talents et des richesses culturelles, quelles sont les innovations que vous allez apporter afin de faire la promotion de ces acteurs tant au Bénin qu’en France ?
Alors, c’est vrai que nous ne l’avons pas dit, mais l’Institut français et l’ambassade développent un programme de mobilité toujours très important. Ce n’est pas nouveau et cela va continuer. Il y a beaucoup d’artistes béninois qui sont partis, que ce soit en Afrique, dans la sous-région ou d’autres endroits d’Afrique, présenter leur travail ou que ce soit en France sur des grands festivals. La récente occasion en date et le festival d’Avignon. Il y a aussi le festival de Cannes et celui réuni les réalisateurs de films d’animation. Donc nous allons continuer à accompagner ces acteurs dans leur structuration, développement et puis ce que je vous dis c’est la notion de proximité. Le but est de développer plus de rapport de proximité et d’être aussi en co-construction. Moi je découvre tous les jours, j’ai des messages de gens qui veulent me rencontrer, tout le monde a plein de projets et donc on va essayer de les accompagner. Je vais essayer aussi de développer beaucoup de projets autour du numérique. Les tablettes et les smartphones sont bien, pas seulement pour aller sur les réseaux, mais c’est surtout formidable de les utiliser pour faire des réalisations. Et tout le monde ne le sait pas forcément. C’est possible de faire de belles choses, des petits films d’animation. Je vais essayer de développer aussi le projet de la pratique du numérique ici à l’Institut, mais j’espère trouver le moyen de former et trouver des relais. Cela pourra être dans les écoles ou des centres culturels afin de développer ces pratiques-là. Moi je viens plutôt de la musique, des musiques urbaines.
Mais bon, j’ai travaillé aussi dans le domaine du cinéma donc forcément que ça va se faire avec les acteurs béninois. Et puis j’ai aussi des savoir-faire sur certaines esthétiques plus que certaines donc je vais essayer d’être le plus pertinent que possible et surtout de tenir compte des envies aussi des acteurs locaux. Et d’être en veille, d’aller voir les artistes, d’aller dans les structures culturelles pour coconstruire ensemble avec les partenaires. Je pense qu’on va essayer de développer. J’espère que nous allons y arriver et développer plus de collaborations avec les centres culturels qui existent que ce soit à Porto-Novo, Ouidah, l’Université, Parakou et autres lieux, nous pouvons monter des collaborations et commencé à mettre en place des tournées.
Vous avez une base culturelle puisque vous étiez dans un secteur culturel. En tant que directeur délégué de l’Institut français aujourd’hui, est ce que votre base en tant qu’artiste ne va pas influencer sur le choix des projets artistiques et culturels ou valoriser une discipline plus que les autres ?
Ah bah si, c’est ce que je viens de vous dire c’est que ça va être un, mais à moi peu importe parce que je d’où je viens. J’ai des expertises sur un certain nombre de domaine, pas sur tout. Donc avec mon collègue Cédric on va se compléter afin de travailler pour mieux développer les projets dans toutes les disciplines artistiques et culturels. Moi j’ai un parcours dans lequel je suis riche en connaissance, mais l’idée c’est de le mettre à profit des béninois, des béninoises qui aussi ont pleines de choses à m’apporter. C’est un travail d’échange et de discussion et de dialogue. Et donc les béninois et béninoises vont nourrir mon travail et on va travailler ensemble. Et mon parcours peut être un atout puisque j’ai travaillé dans des théâtres ainsi que dans des maisons de quartier. J’ai aussi travaillé dans des quartiers prioritaires en France. J’ai travaillé beaucoup en proximité des populations. Par exemple, j’ai fait un mémoire de recherche sur les projets participatifs, les créations participatives. Il s’agissait de montrer comment des artistes créent des spectacles avec des habitants.
Quelle sera votre stratégie pour faciliter l’échange et la conformité avec la politique culturelle en vigueur au Bénin ?
Nous travaillons en partenariat avec les acteurs culturels du Bénin. Je n’ai pas encore eu le temps de rencontrer tout le monde, mais j’ai l’occasion au gré de mes semaines de croiser quelques-uns. Donc l’idée c’est que vraiment que ce soit une dynamique partagée et ce, de façon collective. Dans ce sens, nous, nous pouvons construire beaucoup de choses avec eux. Nous allons travailler dans le même dynamisme et surtout autour des projets importants dans le domaine culturel.
Au Bénin, nous allons nous inscrire dans cette dynamique bien évidemment, que ce soit dans le cadre du futur quartier culturel et créatif, nous allons nous inscrit vraiment dans la dynamique du pays telle qu’elle est aujourd’hui. Et comme l’a dit Cédric, l’on perçoit bien cette dynamique quand on arrive au Bénin et on la percevait un peu avant aussi. Même depuis l’Europe ou ailleurs en Afrique, il y a un engouement pour ce pays et parce qu’on voit bien qu’il s’y passe plein de choses. Et donc on voit bien là avec l’appel à projets qu’on vient de faire, qui est pour des artistes étrangers au Bénin à qui on demande de travailler sur la culture béninoise, “Inspiration Bénin”. Nous avons reçu plus de 200 projets. Donc c’est pour vous dire que le Bénin inspire et est inspirant pour les artistes.
Propos recueillis par Julien Tohoundjo