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Dr Hamadou Mandé à propos de ITI et ses 70 ans : « Des ateliers à la fois sur l’artistique, le managérial et sur la technique »

Dr Hamadou Mandé, Vice président du Conseil Afrique au sein du conseil exécutif de l’ITI. Crédit photo: Tognidaho

C’est ce 22 septembre 2018 que démarrent les festivités de la commémoration du 70e anniversaire de l’institut international du théâtre au Burkina Faso. Placée sous le thème « scènes émergeantes en Afrique », cette célébration est caractérisée par des communications et des soirées de spectacles. Dr Hamadou Mandé, Vice président du Conseil Afrique au sein du conseil exécutif de l’ITI et ici Président du comité d’organisation des 70 ans, rencontré à la veille de l’événement, rassure que tout est fin prêt.

Présentez-nous l’IIT
L’institut international du théâtre est actuellement la plus grande organisation mondiale des arts de la scène et son intitulé exact c’est international theatre institute /organisation mondiale des arts de la scène. C’est une organisation qui a été créée en 1948 à Prague, ex Tchécoslovaquie aujourd’hui République Tchèque, sous l’égide de l’UNESCO. Avec pour objectif d’œuvrer à la promotion des idéaux de paix, de tolérance, de respect des droits humains, etc., par le biais des arts. L’institut international du théâtre a aujourd’hui 70 ans. Durant tout ce temps, l’institut a fait un parcours permettant aux hommes et aux femmes évoluant dans le domaine des arts de la scène de parcourir le monde et de pouvoir se rencontrer et de développer des projets communs. Mais l’institut s’est surtout investi dans le domaine de la formation, de renforcement de capacité et de la préparation de nouvelles générations. En faisant en sorte que l’art soit perçu et conçu comme étant un moyen d’édification de l’individu mais aussi de la communauté ; un moyen de dialogue, un moyen pour mieux se connaitre. Dans son organisation, l’Institut international du théâtre est coiffé par un Conseil exécutif qui est l’instance dirigeante. Il est composé d’une vingtaine de membres maximum. Le Conseil actuel compte 16 membres élus à partir du congrès. Le congrès réunit tous les centres de l’institut international du théâtre. De nos jours, on compte à peu près 90 centres qui représentent 90 pays à travers le monde. L’institut est une organisation qui est ouverte à tous les pays sans distinction, sans discrimination. Tous les centres du monde entier ont le même statut au niveau de l’institut international. Mais les centres sont organisés en conseil régional. Au niveau de chaque région, nous avons un regroupement de centres, par exemple au niveau africain, nous avons ce qu’on appelle le Conseil régional Afrique de l’institut international du théâtre. On a le Conseil Arabe, le conseil Amérique, etc. qui sont des regroupements, mais qui ne sont pas des regroupements qui privent les centres de leurs droits.

Les centres des pays sont vraiment des organisations de bases de l’institution. Après le conseil exécutif mondial qui est l’instance suprême, on a une direction générale qui est la structure administrative permanente. Cette direction a été installée à Paris jusqu’en 2015, date à laquelle elle a déménagé à Shangaï en Chine mais en conservant toujours un bureau de liaison à Paris. Donc actuellement nous considérons que les sièges principaux sont Shangaï et Paris. Il y a également d’autres bureaux comme celui de Fuzeida qui est la ville où se trouve le Président du conseil exécutif. En plus des activités de formation, les principales activités que l’institut organise ce sont les célébrations de journées mondiales. La journée mondiale du théâtre qui est célébrée le 27 mars et la journée internationale de la danse le 29 avril de chaque année. Actuellement, l’institut s’investit à développer des activités sur tous les continents sous forme de rencontre, de festival, de forum, de symposium et fait un travail important pour qu’il y ait l’adhésion massive et que l’activité artistique puisse être accessible, non seulement aux hommes et femmes, mais également aux jeunes.

Vous l’avez souligné, l’institut regroupe plusieurs pays du monde, mais quelle est la place qu’occupe le Burkina Faso dans ce concert des nations ?
Moi je crois que le Burkina Faso a une place très intéressante au sein de l’institut. Le centre du Burkina Faso a été créé en 1989 par le Pr Jean Pierre Guingané et ses compagnons comme Lésien Didier Zongo, Martin Zongo, Sou Jacob, Anne marie Gourgi, etc. Très tôt, ce centre a joué un rôle très actif ; et Jean Pierre Guingané a été un des premiers membres élu au Conseil exécutif Afrique. Avant lui, il y avait des membres africains élus au conseil exécutif, par exemple Wolé Soyinka était un membre très tôt, il a même été président. Mais à l’époque c’était par cooptation. Après la disparition du Professeur Guingané en 2011, nous, nous avons pris le relais. Nous avons été au congrès de Xiamen en Chine et le Burkina Faso a été élu au Conseil exécutif à travers ma personne qui représentait le centre. Notre poste au niveau du conseil exécutif a été reconfirmé en 2014 au congrès d’Erevan et en plus de nous reconfirmer, nous avons été portés au poste de vice-président Afrique au niveau du conseil exécutif. Et ce mandat a été renouvelé au dernier congrès qui s’est tenu en juillet 2017 en Espagne. Nous avons envie de dire que nous avons une forte sympathie parce que le centre du Burkina Faso a été pendant longtemps un centre très ouvert à des collaborations ; un centre assez disponible à développer un certain nombre de projets ; un centre qui est à l’écoute des autres centres. Nous avons, je pense, en retour également la sympathie, l’admiration et un certain nombre de soutiens. C’est ce qui permet que cette activité se tienne aujourd’hui. Nous avons de très bonnes relations avec tous les centres. Nous avons des relations privilégiées avec le conseil exécutif et avec la direction générale de l’institut international du théâtre. Pour vous donner juste une illustration de cela, par exemple la bibliothèque que vous avez ici (ndlr : une des salles du bâtiment où a eu lieu cette interview) est une partie du fonds documentaire de l’institut international du théâtre siège de Paris. Quand on devait déménager à Shangaï, il n’y avait plus beaucoup d’espaces et le centre du Burkina Faso a été un des centres retenus pour recevoir une partie de la documentation. Sans vraiment faire de la démagogie, nous devrons reconnaître avec beaucoup de modestie que nous avons cet avantage d’avoir été compris et d’être soutenus par presque tous les centres. Mais avant tout d’abord par les centres africains qui nous permettent de jouer sans que cela ne soit forcément un héritage naturel, ce rôle de leader, ça sera la troisième fois, de 2012 à maintenant, que le Burkina Faso va organiser une rencontre de l’institut international du théâtre. Quelque part, cela veut dire qu’ils nous ont adoptés.

Du côté de l’organisation que comptez-vous faire au cours de cette célébration ?
Disons que tout est parti d’un constat pour les 72 heures que nous avons appelés « scènes émergentes en Afrique ». Nous avons fait l’analyse pour voir quel étaient les besoins de la scène des arts du spectacle en Afrique. Mais vous verrez que sur les 72 heures ce n’est pas seulement les arts du spectacle, il y aura même les arts visuels notamment les médias, etc. Pour nous il y a une connexion entre tous ces arts. Nous avons fait le constat qu’au niveau de l’accompagnement technique parfois nos spectacles manquaient beaucoup de ressources et peut-être même de renouvellement et d’innovation. Nous avons constaté parfois qu’il y a de très belles créations et de produits, mais en termes de promotions et d’accompagnement financier un problème se pose. Ces insuffisances ne permettent pas à ces produits d’avoir accès à certains marchés. Nous avons vu aussi qu’il y a certaines pratiques artistiques qui sont différentes de ce que nous avons l’habitude de faire et la nécessité de s’ouvrir à d’autres expériences nous amène à nous informer et à nous former et c’est pour cette raison que nous avons souhaité avoir ces ateliers à la fois sur l’artistique ; sur le managérial et sur la technique.

Durant ces dix jours, ça sera vraiment ces activités qui vont être déployées. Nous avons en tout dix ateliers et nous aurons une conférence et une table ronde. A côté de ces activités nous aurons du spectacle chaque soir, mais surtout la journée du 29 va être consacrée à la célébration des 70 ans de l’IIT qui va être la boucle finale de cette activité. L’ouverture, c’est le 22 septembre à partir de 19 heures 30 à l’Espace culturel Gambidi. Nous voulons une ouverture efficace, sobre et limitée dans le temps et assez bien pour justement poursuivre les ateliers dans la semaine. Il faut préciser que les participants viennent de toute l’Afrique parce que nous avons fait un appel ouvert où on a eu plus de 400 candidatures. Nous n’avions la possibilité que d’en prendre 100. Ils viennent des pays anglophones, francophones et lusophones, donc de toutes les régions. Nous avons également demandé au niveau de la formation à l’institut international à travers son réseau d’experts de plaider notre cause. Et là, nous avons une douzaine de formateurs qui viennent de différents pays pour assurer cette formation. On peut citer la Chine dont les deux plus grandes académies, l’académie centrale de Pékin et l’académie de théâtre de Shangaï qui envoient des experts de très haut niveau. Nous avons des experts indépendants qui viennent de la chine et de la Suisse. De la Suisse, nous avons également l’académie théâtre Dimitro qui est l’une des meilleures académies au monde dans le domaine du théâtre physique qui envoie un expert de très haut vol. Ce dernier est accompagné par un de ses assistants d’origine burkinabè, qui a d’ailleurs fait sa formation de base au CEFRAV ici (Ndlr : Centre de formation et de recherches en arts vivants). Nous avons Seydou Boro qui est là ; nous avons Luc Mayitoukou qui vient du Sénégal. Nous avons une activité qui devrait compter dans l’agenda culturel pas seulement burkinabè, mais je pense africain. Son impact, j’en suis convaincu va être vraiment très fort. C’est une activité qui permet une des rares fois que d’un bout à l’autre du continent les gens puissent converger.

Quels sont les défis que vous comptez relever au cours de cet événement ?
Je pense que le premier défi c’est d’abord faire en sorte que les gens qui vont arriver, francophones, anglophones et lusophones puissent se parler pendant une dizaine de jours ; qu’ils puissent cohabiter, travailler ensemble et apprendre ensemble. Le deuxième défi, c’est de faire en sorte que ces ateliers constituent une porte ouverte. Que ça ne soit pas qu’une action éphémère mais plutôt une action qui s’inscrive dans une durée. Le dernier défi c’est celui organisationnel. C’est d’arriver à faire en sorte que les uns et les autres repartent satisfait de leur séjour à Ouagadougou, malgré la modestie de nos moyens. Que les autres repartent saint et sauf malgré le contexte sécuritaire qui a dissuadé certains de faire le voyage à Ouagadougou. Les questions de sécurité ne sont pas spécifiques à Ouagadougou ni au Burkina mais ce sont des questions qu’on retrouve un peu partout dans le monde et constitue des défis à relever.

Propos recueillis par Issa BEBANE / Ouaga 2018

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