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Danse contemporaine : Carmelita Siwa brise les chaines de l’oppression sociétale

la chorégraphe béninoise Carmélita Siwa. Ph / DR

L’espace artistique Le Centre sis à Lobozounkpa a accueilli dans la nuit du vendredi 23 juillet 2021 un spectacle de danse de la chorégraphe béninoise Carmélita Siwa. Oscillant entre revendication et affirmation de soi, le solo « Entre être et ne pas être » est une invite à un éveil de conscience.

«Regarde-moi ! Regarde-moi ! Je suis le fruit d’une société oppressive, une société parsemée d’oppresseurs et d’opprimés. Regarde-moi ; Mais au final, seuls ceux qui oseront être auront le droit d’exister ». En ces mots Carmélita Siwa démarre son solo « Entre être et ne pas être »et tient en haleine le public. 25 minutes durant, elle plonge les spectateurs dans un univers conflictuel où elle se bat contre ses démons intérieurs issus d’événements extérieurs. C’est dans une scénographie sobre mais assez symbolique que la danseuse substitue les mouvements corporels aux mots pour se prononcer sur des maux de société qui enferment l’être dans un cocon et entravent son éclosion (devenir, épanouissement).

Dès les premières secondes du spectacle, l’on découvre une femme oppressée et opprimée. La danseuse monte sur scène vêtue d’un costume nuancé par le noir et le blanc. Avec un lien noir ceint à la taille qui la tire vers l’arrière et qui l’empêche de s’émanciper, d’aller vers un but, on la voit se débattre.L’on perçoit également des lanternes, dont la symbolique renvoie à la lumière, au savoir ou encore à la révélation posées sur la scène. Et c’est ainsi que d’un tableau à un autre, Carmélita Siwa mène un combat acharné pour se libérer du poids étouffant de la société.

Cette immersion introspective vient titiller les règles préétablies pour révéler quelque chose d’enfui en elle et qui est commun à tous les humains.Dans un monde où le paraître semble avoir le dessus sur l’être ; où le regard de la société semble dictée le devenir ; où être différent est synonyme de rébellion, la chorégraphe donne de la voix pour exprimer sa vision des choses. Au travers de figures chorégraphiques, elle peint un être qui s’écroule mais qui, poussé dans ses derniers retranchements fini par ‘’exploser’’ afin de s’émanciper.

Plus les tableaux se succédaient, plus les rythmes et pas de danse devenaient plus fougueux. Un peu pour dire que la liberté et l’affirmation de soi ne se donnent pas mais qu’elles s’arrachent, Carmélita décline le chemin parcouru au travers de son art. Et le tout dernier tableau révèle une femme qui triomphe non seulement de ses démons intérieurs mais qui est désormais prête à affronter le monde extérieur : les jugements, les stéréotypes etc. Cette résolution se dessine clairement à travers des gestuels et signes (le doigt d’honneur comme pour dire qu’elle s’en fout désormais des ‘’qu’en dira-t-on ?’’ ; le point levé pour dire j’ai vaincu, j’ai gagné !) qu’elle enchaine en guise de conclusion.

Interviewée à la fin du spectacle, la danseuse confie avoir créé ce spectacle suite à son propre vécu. Ainée d’une famille de 4 filles, Carmélita Siwa a été responsabilisée très tôt. « Je devais toujours bien faire les choses, être le bon exemple, bien m’exprimer, bien me tenir… mais il y a quelques années j’ai remarqué que j’ai été en fait préparée pour contenter les autres. J’en suis arrivée à me demander ce qu’il en était de mes rêves, de mes envies, de mes ressentis. Et à un moment donné j’ai décidé de briser la glace» confie-t-elle.

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Inès Fèliho
Inès Fèliho
Rédactrice à Dekartcom

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