L’auteur béninois Ousmane Alédji publie en 2015, Omon – mi (Mon enfant), une co- édition de Plumes Soleil et Artisttik- éditions à Cotonou. C’est une pièce à travers laquelle le dramaturge essaie d’imprimer une peau neuve à l’écriture scénique. Retour ici sur un examen attentif de l’œuvre.
La pièce est d’à peine 100 pages. Elle s’ouvre sur une levée de rideau et s’étale sur quatorze scènes. Dans ce livre, Ousmane Alédji prend ses distances avec les conventions de l’écriture dramatique. Présence de scènes – absence d’actes ; personnages identifiables que par des tirets…, Omon – mi est un divorce avec nombre de dispositions contenues dans le théâtre classique. La pièce brise le lien du théâtre racinien : la règle des trois unités ; sa trame étant loin de former un « tout organique ». On y note facilement la rupture spacio- temporelle.
C’est une évidence alors, qu’avec cette prise de position vis -à- vis du théâtre conventionnel classique, Ousmane Alédji fait une création dépourvue d’une orientation didactique, encore moins politique. La particularité de Omon – mi est la constance d’un narrateur qui semble connaître tout sur les autres personnages, anonymes. Il raconte, tel dans un roman, tout sur ces derniers et apparaît comme un témoin oculaire de l’intrigue du livre. De même, on constate que les pièces 7, 8 et 9 sont simplement réduites en didascalies.
Ousmane Alédji, dans l’univers du théâtre béninois, créé ainsi un style nouveau, lequel renvoie successivement à la crise de la communication théâtrale et à l’éclatement de la notion de personnage : deux principes du nouveau théâtre.
Ce faisant, il se distingue de plusieurs de ses collègues dont Hermas Gbaguidi, auteur de Le Kleenex qui tue (Editions Plurielles, 2014). Contrairement à Ousmane Alédji, ce dernier, donnant un nouveau souffle à la rédaction dramatique, dans son livre, a créé un petit nombre de personnages bien identifiables.
Une pièce à architecture nouvelle sous le poids d’une multitude de sujets
Ousmane Alédji dans Omon – mi (mon enfant) a abordé plusieurs sujets (thèmes) toujours d’actualité.
Le livre raconte l’histoire d’un enfant arraché à sa mère dès sa naissance, parce que né avec le placenta. Les gardiens de la tradition, considérant cela comme un sacrilège, décident alors de l’enterrer vivant.
Sont- il parvenus à satisfaire ce projet ? Question énigmatique pour qui n’a pas lu la pièce.
Comme thèmes abordés, on peut citer pèle- mêle, la violation des droits de l’enfant, la méchanceté humaine (P. 33), les barbarismes africano- occidentaux (p. 40), l’amour d’une mère (P. 43), la vie (P.49)…
La flopée de thèmes décelés, gravitent ainsi autour d’un thème central : l’enfant. Ousmane Alédji l’a développé sous tous ses aspects actuels en montrant comment la tradition africaine et le modernisme occidental participent, chacun à son niveau, à la chosification de l’être humain.
Esckil AGBO