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Bénin/Art visuel: Kanxoxo nu, au bout de l’ancienne corde

À l’issue d’une résidence de recherches et de créations tenue du 28 novembre au 20 décembre 2022, les artistes Eliane Aïsso, Eric Mèdéda et Achille Adonon du Collectif « Sac O Dos » présentent leurs nouvelles créations à travers une exposition collective. Intitulée Kanxoxo nù, cette exposition dont le vernissage s’est tenu dans la soirée du vendredi 05 mai 2023 à l’Institut français du Bénin, site de Cotonou, donne corps aux diverses connaissances acquises lors de cette résidence tenue sous la coupole de Ludovic Fadaïro.

En échos à l’adage « c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tresse la nouvelle », l’exposition « Kanxoxo nù » est un dialogue de diverses pratiques artistiques qui présente les nouvelles expérimentations des artistes Eliane Aïsso, Eric Mèdéda et Achille Adonon. A l’école de Ludovic Fadaïro, une figure importante de l’art contemporain béninois, à travers une résidence de créations, ces artistes du Collectif « Sac O Dos » tentent d’apporter une nouvelle touche à leur pratique respective. C’est du moins ce que l’on perçoit lors de cette restitution du projet « Kanxoxo nù ». Avec au total seize œuvres dont une commune, ils portent essentiellement leurs attentions sur les notions de transmission, d’identité, de legs etc.

« Les œuvres produites au cours de la résidence abordent les mécanismes de transmission de savoirs, au prisme d’ombres qui hantent et suivent les créateurs », confie Achille Adonon. Connu pour ses réflexions philosophiques, il explore les ombres à travers cinq toiles, à savoir : « Les sentinelles de la lumière », « Les fantômes de la nuit » et « La nuit bleue ». À travers des toiles grands formats suspendues au plafond de la salle d’exposition illustrant des personnages gotiques, l’artiste captive l’attention du visiteur et le transporte dans son univers. Sur des fonds principalement bleus et rouges, Achille Adonon déploie une série de questionnements. Il faut voyager autour des tableaux, s’en imprégner afin de mieux les lire.

Comme lui, Eric Médéda aborde également la transmission, mais sous un autre angle. Il explore la notion du legs en lien avec l’identité culturelle et cultuelle du Bénin. Plastiquement, Eric Mèdéda propose une fusion de peinture et de collage en mêlant ombre et lumière. Ici, c’est la technique qui retient le plus l’attention. L’on sent de la transparence, une certaine évolution comparativement à ses anciennes créations. Avec « Transmission », « Corps en mouvement », « Dialogue », « Miroir », « Transe », « Écoute » et « Dis-moi donc », il fait une incursion dans les couvents Vodoun et interroge l’iconographie de cette philosophie.

« Comment s’arrimer à l’ancienne corde ? ». C’est autour de cette interrogation que les œuvres d’Eliane Aïsso s’articulent. La notion de tradition étant omniprésente dans sa pratique artistique, l’artiste visuelle explore une nouvelle expérimentation de sa peinture tout en restant collée à son propos habituel. Influencée par la pratique artistique de Ludovic Fadaïro, Eliane Aïsso propose une réflexion axée sur le mécanisme de transmission qui, selon elle, a consisté, lors de ce projet, à recevoir, concevoir et créer à l’aune des nouvelles connaissances. Bien que très semblables aux tableaux du maitre, l’on sent tout de même une recherche plastique dans les œuvres « Progrès duality », « Amazone », « Ascendance » et « Le progrès » qui illustrent des personnages en quête de quelque chose. « Les titres que prennent ces œuvres dénotent d’une quête à la fois culturelle et cultuelle dont mes œuvres se parent souvent » souligne Eliane Aïsso.

Pour Ludovic Fadaïro, chacun de ces artistes a une écriture particulière qui, avec le temps, va s’éclore s’ils travaillent continuellement. « C’est de jeunes artistes qui ne sont plus très jeunes dans la pratique artistique, qui ont poussé des ailes et qui, maintenant, peuvent voler tous seuls », insiste ce dernier. Néanmoins, il réitère son engament à les accompagner et à les guider dans leurs recherches, le temps qu’ils le souhaitent. « Personnellement, je suis satisfait de la résidence. Toutefois, je laisse le soin au public, sachants et critiques, d’en juger » confiait Ludovic Fadaïro à l’orée du vernissage de cette exposition.

À noter que l’exposition « Kanxoxo nù » se poursuit jusqu’au 27 mai 2023 à l’Institut français du Bénin, site de Cotonou.

Inès Fèliho

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