Enfant de rue au départ et artiste plasticien, sculpteur de pierre à l’arrivée. Ainsi se schématise la vie de Charly Djikou quand on se réfère à son histoire.
Charly Djigou était un enfant de la rue. Il se déplaçait de quartiers en quartiers, de rues en rues sans un but défini. Au cours de ce périple à ne pas en finir, il a échoué à Vounsa, un quartier de Cotonou. Il avait 11 ans. Là, le jeune enfant qui, entre – temps avait commencé par faire de dessins d’ateliers de coiffure en ateliers de coiffure découvre l’argile. De cette matière fragile et malléable, Charly Djikou commence par donner de nouvelles formes à ses dessins. Débute ainsi sa vie d’artiste plasticien.
De l’argile, il monte au ciment et du ciment, il est allé au plâtre avant de retrouver le bois. Entre le plâtre et le bois, l’artiste a utilisé le bronze. Aujourd’hui il est dans la pierre.
Après première réalisation publique à l’âge de 17 ans [le monument de Toussaint Louverture], il s’est lancé définitivement dans la sculpture de la pierre. Interrogé sur ce désir, Charly Djikou, évoque les motifs : « D’abord j’ai constaté que nous avons de belles pierres au Bénin ; des pierres qu’on peut utiliser pour la conception des œuvres d’art. Ensuite, avec la pierre, on participe à la protection de l’environnement. Avec le bois, on détruit les arbres ».
Depuis qu’il a donné cette nouvelle orientation à son métier, il s’y accroche et n’entend pas l’abandonner. Pourtant, la sculpture de la pierre au Bénin a bien des difficultés. La plus criante, signale Charly est le manque d’outils. « Nous n’avons pas du tout d’outils pour tailler la pierre au Bénin. Je n’ai pas d’outils spéciaux pour faire ce travail la pierre », fait- il savoir.
Mais cette difficulté n’a point ébranlé son ardeur. Il s’efforce quotidiennement à fractionner la pierre, à lui donner une vie nouvelle. Au nombre de ses grandes réalisations, on peut citer entre autres, l’autel de la basilique de Dassa qu’il a faite en 1999. C’est une table de soixante tonnes qu’il a sculptée ; l’illustration de l’histoire de la Guinée Equatoriale à Malabo dans le quartier présidentiel.
Fier de toutes de ses prouesses artistiques, il affirme : « dans la pierre, je crois que je vivrai plus longtemps après ma peau. »
Esckil AGBO