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Tunisie_ Chokri Mabkhout « La lecture est un acte solitaire qui a une visée communautaire »

« Lire, c’est vivre deux fois ». Telle est la citation qui a accompagné la 33ème édition de la Foire Internationale du Livre de Tunis. Dans cet entretien qu’il a accordé à dekartcom en avril 2017 dans son bureau à Tunis, le Professeur Chokri Mabkhout , écrivain et directeur de la Foire Internationale du Livre de Tunis fait un développement de cette pensée. Il profite pour présenter le visage actuel de la littérature tunisienne.

Lisez…

Dekartcom.net : Monsieur le Directeur, veuillez nous parler brièvement de la littérature tunisienne.
Chokri Mabkhout : Il y a des tendances dans la littérature tunisienne. Je parle essentiellement de la fiction. Il y en a deux grandes : une première que je dirai irréaliste qui essaie de raconter une histoire et la deuxième, un peu expérimentale qui tente de construire un texte littéraire qui travaille sur la fragmentation du récit, sur la langue et le niveau de la langue etc. Elle essaie de casser tout cela. Mais personnellement, je trouve que cette tendance est intéressante mais elle reste pour les élites. Or le roman est avant tout destiné à la communauté. On y raconte le pays dans tous états.

La littérature tunisienne essaie de plus en plus, surtout après la révolution d’exprimer le Tunisien dans ses dimensions différentes, ses rêves et autres…

Quant à la poésie, elle reste toujours un travail de langue. Les mutations dans le pays n’ont pas affecté la façon d’écrire, les thématiques sur lesquelles les poètes axent leurs intérêts.
Toutefois, on ne peut pas séparer la littérature tunisienne de la nouvelle mouvance de création artistique, de la floraison de l’expression artistique.

Les nouveaux moyens de communication, les réseaux sociaux et autres ont- ils d’influence sur la promotion de la littérature en Tunisie ? Beaucoup de personnes pensent qu’ils éloignent la jeunesse de la lecture. Etes- vous de cet avis ?
C’est une tendance internationale. Je trouve que mettre le faible taux de lecture des œuvres littéraires sur le dos des nouvelles technologies est une erreur. Ces moyens permettent plus aux gens de communiquer sur les œuvres littéraires. Je l’ai constaté ici à Tunisie. Beaucoup de jeunes se sont mis en réseau pour créer des Cafés de lecture. Ils se rencontrent pour discuter des livres qu’ils ont lus. Beaucoup de ces clubs sont nés sur Facebook. J’étais moi-même invité dans beaucoup de cafés pour parler de mes œuvres. J’avoue que ce ne sont pas des jeunes qui ont forcément de formations littéraires.

Il est facile de dire que les gens ne lisent plus. Mais il est difficile de voir ce que les réseaux sociaux apportent pour la promotion de la lecture, de la littérature.

Parlons maintenant de votre événement, le Foire Internationale du Livre de Tunis. Vous avez organisé la 33ème édition en mars 2017. Veuillez- nous faire un petit bilan de cette édition.
Le premier indicateur de ce bilan est l’afflux extraordinaire que nous avons remarqué au cours de cette édition. Des gens sont venus pour fêter le livre, la lecture. Je pense qu’on peut oser considérer cet indicateur pour dire que la lecture est en bon état en Tunisie. Ce n’est pas le seul indicateur mais il est important. Nous avons noté une forte participation des écoliers, élèves et étudiants.

Deuxièmement, nous avons noté une satisfaction au niveau des exposants parce que le mouvement commercial était vraiment visible. La foire, au-delà de ses activités scientifiques (les conférences- débats, les dédicaces…) est un marché pour la vente du livre. Comparativement aux éditions précédentes, il y a une augmentation perceptible de chiffres d’affaires de 30 à 70%.

Le dernier indicateur est qu’il y a eu au cours de cette édition une programmation artistique et culturelle qui a vraiment intéressé les gens. Ceci parce qu’elle a posé les problèmes de l’actualité nationale et internationale. Vous savez la Tunisie n’a pas beaucoup travaillé sur son profondeur africain notamment sur le plan culturel. Nous avons commencé ce travail et nous pensons qu’il y a quelque chose de nouveau pour l’avenir.

Vous avez placé cette édition sous le signe de « Lire c’est vivre deux fois ». Qu’est- ce que vous y mettez ?
Pour les Tunisiens, il y a beaucoup de peurs, beaucoup de déceptions et beaucoup de rêves. C’est un nouveau monde qui essaie de naître mais qui trouve des obstacles. La lecture est une possibilité qui s’offre à nous tous pour rêver, pour vivre des vies parallèles dans les romans, les nouvelles… qui change notre perception du monde, qui nous rend plus riches. Il s’agit de la créativité de l’acte de lecture. C’est un acte solitaire qui a une visée communautaire. Cette vie nouvelle est une vie instantanée. C’est également une communication qui nous permet de voir l’autre. Il s’agit en fait d’un dialogue intersubjectif entre le lecteur et les personnages du livre. C’est une dimension qui nous permet de sortir de notre condition humaine, biologique, sociale.

C’est le sens que nous donnons à notre slogan « Lire, c’est vivre deux fois ».

Réalisation : Esckil AGBO, ©Dekartcom – Tunis – avril 2017

Le Centre
Lobozounkpa Commune d’Abomey-Calavi (République du Bénin)
Facebook : Le Centre
Site internet : www.lecentredubenin.com
Adresse mail : lecentreinfo.benin@gmail.com
Téléphone : (+229) 62 93 29 10 – 97 29 32 00

Le Petit Musée de la Récade
Horaires d’ouverture : 10h00-12h30/15h00-18h30
Nous rejoindre / indication : Lobozounkpa (Atrokpocodji),
Première von à gauche avant le collège ˝La Plénitude˝ en venant de Cotonou.

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