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Théâtre_Ségou 2016 : Trois représentations satiriques en deux soirées

Adama Traoré, dramaturge et metteur en scène malien

C’est à la docilité aveugle des dirigeants africains et au suivisme hypocrite des populations, que s’en prennent auteurs et metteurs en scène des trois pièces de théâtre jouées à la 12ème édition du festival sur le Niger. Retour ici sur deux soirées d’échanges entre comédiens et spectateurs.

Les deux premières pièces ont été à l’actif du duo Habib Dembélé, alias Guimba et Michel Sangaré. Sur le théâtre du Centre Culturel Kôrè, le jeudi 04 février 2016, ils ont déroulé Sabounyouman et Dioro- Dioro, deux créations qui abordent respectivement les regrettables métamorphoses de la créativité artistique au sein des jeunes chanteuses et les « techniques d’escroquerie » en vogue sur le continent.

Vingt- quatre heures après, le public a eu droit à la pièce « la messe est dite » du dramaturge et metteur en scène malien Adama Traoré. Sur la scène ses cinq comédiens dont une femme ont exposé aux spectateurs comment l’histoire de l’Afrique bégaie, comment elle est falsifiée et modifiée au profit de l’Occident. Avec le silence ou la soumission complice des autorités africaines.

La particularité de ces différents spectacles est qu’ils se sont déroulés en bambara, une langue parlée au Centre du Mali nonobstant l’hétérogénéité linguistique du public. C’est un acte, à en croire Adama Traoré, qui conduit le théâtre vers les populations.

« Aujourd’hui, les propos que je tiens dans mes pièces, quand bien même, ils sont universels, s’adressent précisément à un peuple qui a vit ses réalités. C’est donc mieux de rapprocher le théâtre des peuples en le déroulant dans leur dialecte. »

Le metteur en scène indique, ne pas être à sa première expérience.

Adama Traoré : «l’année dernière, j’ai fait jouer une pièce avec une scénographie assez particulière. J’avais fait jouer des Touaregs ; or entre les Touaregs et les gens d’ici, ce n’est pas la même langue, il fallait donc trouver un consensus car dans les Touaregs, il n’y avait qu’un seul qui comprenait le français… Je monte des scènes où je fais une cohabitation de langues. Et je crois que c’est ce qu’il nous faut parce qu’un peuple ne peut pas se développer avec la langue d’un autre. Il faut qu’on arrête de nous fourvoyer. »

Mais au-delà de cette conviction, la mise en scène de ces trois pièces est opportune, vu la crise qui sévit depuis peu au Mali ; vu également que le théâtre part de la cité vers la cité.

Esckil AGBO, envoyé spécial de Dekartcom à Ségou, avec le soutien dePartenari’Arts et Cultures

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