Exposition « Ici l’Afrique » à Genève : Romuald Hazoumè honore le Bénin
11 juin 2014
1ère édition des trophées de la musique africaine (All Africa Music Awards): Richmir Totah exhorte les Béninois à inscrire des œuvres de qualité. (Les inscriptions prennent fin le 04 juillet prochain)
11 juin 2014

Sophie Adonon au sujet de sa carrière d’écrivain : « C’est un vrai bonheur de vivre connectée au monde de l’inspiration »

Il y a environ dix ans,  elle écrivait pour se distraire. Car  elle ne croyait pas que ses textes étaient impeccablement rédigés et pourraient séduire bien des lecteurs. Mais  depuis 2011 où elle a commencé par publier, elle  se consacre totalement à l’écriture. Elle, c’est Sophie Adonon. Romancière béninoise vivant en France. Dans cet entretien, elle passe en revue les différents points relatifs à sa vie d’écrivain.
Lire ici  l’interview

Dekartcom.net :   Sophie Adonon, c’est qui ?
Sophie Adonon : Je suis une princesse d’Abomey de par mes deux parents. Je tiens à cette racine. De par mon père, feu Colonel-Administrateur des Douanes Frédéric Adonon, je suis de la lignée du roi Agadja dont je porte  le nom de la mère,  reine-mère Adonon. Elle était  l’épouse du Roi Houégbadja (Règne : 1645-1685), fondateur du puissant royaume de Danhomè ayant pour capitale Abomey. Petit rappel historique : Nanyé Adonon était la mère du roi Akaba, de sa jumelle, la Reine Hangbé (Seule femme à avoir régné sur le royaume du Danhomè de 1708  à 1711. Fondatrice des troupes des Amazones) et de leur Dossou, le roi Agadja. Nanyé Adonon fut la seule épouse royale à avoir donné trois souverains au royaume d’Abomey, telle Catherine de Medicis, épouse d’Henri II, qui  fit mieux au XVIème siècle sous la monarchie française ( mère de François II, Charles IX , Henri III et d’Elisabeth,  Reine d’Espagne ).
Du côté de ma maman,  je suis de la lignée du roi Agonglo, notamment de son fils Assogbawou.  Je suis née à Abomey où j‘ai vécu jusqu‘à l’âge de douze ans. Je vis en France depuis 1983 : après mes études de droit, je me suis consacrée à mes cinq enfants et désormais, à l’écriture.

D’où vous vient la passion d’écrire ?
Mon amour de la langue française a été déterminant dans ma passion d’écrire. Et mon esprit scrutateur de la nature humaine a fait le reste.

Prenez- vous l’écriture comme un métier  ou bien c’est à vos heures libres que vous vous donnez à cela ?
Au premier abord, je n’écrivais que par loisir,  sans m’imaginer un seul instant que mes écrits valaient la peine d’être montrés à une tierce personne, a fortiori d’être édités. Mais, depuis mes premières parutions en 2011, et qui m’ont rassurée, j’ai fait de l’écriture ma principale activité. Comme j’aime à le répéter, l’écriture est un bon virus que j’ai attrapé et que j’aimerais garder. Pourvu que ce bon virus scriptural  ne soit jamais éradiqué !

Avez-vous un « rituel d’écriture », des horaires ?
Je n’ai pas de rituel d’écriture, car l’inspiration peut s’assimiler à une transe, une envie d’accoucher. Quand cela me prend, il faut que la trame sorte de mon esprit et qu’elle soit couchée sur papier, quels que soient le temps et l’espace ! Lorsque l’idée  jaillit et que je me trouve par exemple au supermarché, je peux me saisir d’un paquet de nouilles et l’y noter ; de même dans un restaurant, il m’arrive de griffonner sur une serviette de table… Même quand je n’écris pas, je suis en perpétuelle recherche et  si je ne note pas rapidement une illumination, elle est vite chassée par une autre. C’est un vrai bonheur de vivre connectée  au monde de l’inspiration…

Qu’éprouvez-vous avant la sortie d’un  ouvrage ? Crainte, réjouissance ? Et après ?
Lorsque j’envoie mon manuscrit à une Maison d’éditions et que la réponse arrive (entre six et huit semaines), je ressens une joie indicible. Ce sentiment vaut pour chaque roman car je ne suis jamais blasée, et je vis dans la crainte à chaque envoi de manuscrit, suspendue à l’appréciation du comité de lecture de la Maison d‘éditions. Une fois que le manuscrit est approuvé et que  le contrat est signé, l’euphorie retombe quelque peu en raison de la très longue attente de six mois minimum, qu’il me faut observer  pour tenir enfin, mon roman entre les mains. Pendant toute cette durée qui précède la sortie, je vis dans la fébrilité et dans la frustration de voir  le temps prendre tout son temps. Paru, l’auteur ne peut jamais préjuger de l’accueil que le public, les critiques vont lui réserver. C’est pourquoi en tant que romancière, je ne boude pas mon plaisir lorsque mes œuvres  sont bien accueillies par le public, encensées par  Les gens de Lettres, par la presse, etc.

Combien d’ouvrages avez   – vous  déjà publiés ?
A ce jour, j’ai publié cinq romans. Ma série policière dont le décor est planté au Bénin, avec mon commissaire béninois, Lionel Aza. Elle comporte pour l’heure, quatre romans sous forme d’enquête policière. Ce sont : 1) Le Sourire macabre (épreuve de français au brevet national du Bénin, session  2012,  de la page 19 à 21. Je profite de cette interview pour exprimer au corps éducatif du Bénin : Le Ministre de l‘Enseignement, les Inspecteurs des douze départements et les Enseignants  dans leur ensemble qui ont valorisé mon opus, au point de le juger digne d‘être un sujet d‘examen national. Ils l‘ont immortalisé, car dans toutes les annales du monde pour l‘éternité, le sujet de français au brevet national du Bénin en 2012 est et restera ‘’La dot‘’, un extrait du roman ’’Le Sourire macabre‘’ de Sophie Adonon. Le Ministère de l‘Enseignement du Bénin a fait réellement de moi, un écrivain. Je lui dis, merci !) ; 2) Le Plat qui se mange froid ; 3) Cœur insomniaque ; 4) Parole d’immondices.  Mon cinquième roman « Pour une poignée de gombos » est une tragédie béninoise (non pas une pièce de théâtre, mais un évènement dramatique) qui se déroule dans le Bénin des années 70-80.  Ce roman a reçu deux prix littéraires au Bénin (« Plume d’or 2013 » , « Meilleure parution de la diaspora béninoise 2013 Trophée vaudou Chrysalide»). Mon sixième roman accepté à compte d’éditeur par une Maison d’éditions française, sortira d’ici septembre-octobre 2014, un délai qui me paraît interminable.  Quelle frustration de vivre des mois dans l’expectative ! Et c’est ainsi à chaque parution…

Parlez- nous de votre  source d’inspiration ?
Ma source d’inspiration est fondée sur ma double culture, mais aussi sur les actualités, ou encore du fait de  ma propension à sonder la noirceur de l’âme de mes semblables…

Combien de temps prenez – vous pour  écrire une œuvre ?
Question compliquée qui appelle une réponse simple : tout dépend de l’inspiration, du canevas… Cela peut aller de six mois à plusieurs années. A titre d’exemple, je travaille sur un manuscrit depuis 2011, et j’ignore si je le  finirai un jour ! Il fait déjà trois cents pages…

Pouvez – vous  nous dire vos  difficultés depuis que vous avez commencé à écrire ?
9) La principale difficulté, c’est d’être éditée par une Maison d’éditions digne de ce nom, c’est-à-dire que mes Maisons d’éditions d’aujourd’hui,  6 juin 2014, n’ont pas été capables de promouvoir correctement mes œuvres afin que le public béninois et mondial puissent y accéder selon leur volonté… Mais, je m’emploie à faire changer cette anomalie… Vous aurez de bonnes nouvelles chers lecteurs, chères lectrices de Sophie Adonon au cours du dernier trimestre de l‘année 2014…

Un nouvel ouvrage en rédaction ? Si oui, peut- on avoir une idée sur  ça ?
Actuellement, je planche sur la septième enquête du commissaire Aza. Quatre d’entre elles seulement ont «été publiées. La cinquième enquête paraîtra dans les mois à venir, en même temps que la réédition des quatre premières.  Affaire à suivre!

Etes-vous sensible à la critique littéraire ?
Comme tout écrivain, je suis sensible aux critiques littéraires, mais, je n’en tiens compte que lorsqu’elles sont constructives…

Faites – vous autre chose en dehors de l’écriture ?
Je suis juriste, collaboratrice juridique. Seulement,  depuis la naissance de mon cinquième enfant en 2008, j’ai pris un congé parental qui perdure. L’écriture et ma famille sont mes occupations majeures et, élever sérieusement cinq enfants en France, est un métier à part entière si on ne veut pas les voir basculer vers le mauvais versant de la société ; les pièges y sont multiples.

Un mot sur l’environnement littéraire béninois ?
L’environnement littéraire béninois est très prometteur, étant donné la pléthore de littéraires, auteurs en devenir qui essaiment  le Bénin. Je constate que les Autorités Béninoises s’évertuent à faire de la littérature, une entité à part entière comme l’atteste l’inauguration de ‘’La Maison  des Ecrivains’’ qui s’est déroulée en mars 2014 au quartier  Sèdégbé, à Cotonou. L’occasion pour moi de renouveler mes remerciements à l’attention de Son Excellence, M. Le Président de la République, Le Docteur Yayi Boni ; Le Ministre de la Culture, M. Jean-Michel Abimbola ;  le Directeur du Fonds d’Aide à la Culture, M. Blaise Tchétchao ; et celui qu’on ne présente plus, le génie des initiatives culturelles, M. Florent Eustache Hessou. Ces honorables m’ont distinguée lors de l’inauguration de ’’La Maison des Ecrivains’’ susvisée, en donnant mon nom à l’une des trois résidences littéraires. Je souhaite que cette institution atteigne son objectif afin  que les auteurs du monde entier viennent y résider et y créer des chefs-d’œuvre dans un cadre idyllique, loin du bruit de la grande ville. Chaque initiative de cette nature est à encourager, car les décideurs du pays  emmènent le peuple à réaliser que s’il est bon de cultiver son champ pour nourrir son corps, il lui faut mêmement nourrir son esprit, en se cultivant à travers les livres écrits par des auteurs Béninois entre autres…
Je remercie les Béninois et les Français pour l’accueil positif qu’ils ont réservé à mes romans. Votre soutien m’est nécessaire pour continuer sur la voie de la réussite littéraire à laquelle j’aspire.

Entretien réalisé par Esckil AGBO

Share and Enjoy !

0Shares
0 0

Comments are closed.

0Shares
0