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Quand ils se déchirent…

 

Il fallait être à la salle VIP du Ministère de la Culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme, le vendredi 12 septembre passé pour comprendre que parmi les artistes du Bénin, il y en a qui sont des karatékas. De vrais amateurs des arts martiaux. L’élection des représentants des comédiens, des dramaturges et des metteurs en scène dans le prochain Conseil d’administration du Fitheb, à laquelle ils ont été conviés, a simplement été reportée sine die. Ceci à cause de leurs tintamarres. Un vacarme qui aurait dégénéré si les organisateurs immédiats desdites élections n’avaient pas décidé d’arrêter le processus. Un danseur, déguisé pour la circonstance en comédien, était sur le point de porter la main sur un professionnel du théâtre, physiquement moins volumineux que lui quand la horde des acteurs de scène l’ont assailli. Des invectives, injures et provocations se sont, du coup, ajoutées au point d’achoppement, lequel est lié au décret fixant les critères d’éligibilité. De cette situation, on retient que les professionnels de l’art sont encore loin de dire les mêmes mots quand il s’agit de l’épanouissement de leur secteur. L’éternelle guéguerre entre artistes n’a pas encore livré son verdict. Avant,  c’est au  sein  des hommes et femmes de la musique traditionnelle que ces conflits de moindre importance se faisaient remarquer. Les comédiens et danseurs professionnels étalent, aujourd’hui, les leurs alors qu’on n’a pas encore terminé d’enterrer ceux des vétérans de la musique endogène. La recherche de la gloire personnelle et de l’intérêt personnel a donc pris le dessus sur ce qui devait être le dénominateur commun, à savoir, l’éclosion de la culture béninoise. Et la matérialisation, l’illustration touchante et vivante de cette division qui règne en règle d’or dans les rangs des artistes béninois, ces derniers temps, est le conflit de leadership entre Hermas Gbaguidi et Anicet Adanzounon.

Hermas Gbaguidi

Hermas Gbaguidi

Le maître et le disciple d’hier, ou si vous voulez, les deux partenaires d’il y a encore quelques mois, se disputent la paternité de la compagnie « Agbé de Ouèdo », un groupe spécialisé dans la danse sur bambou. Le sage, sur les antennes d’une radio émettant à Cotonou, avait tenu des propos qui font de lui, le patron du groupe. Le jeune ayant appris cela et ne partageant pas les dires de son aîné, a réagi. Il a formellement démenti les paroles d’Hermas Gbaguidi et déclaré être l’administrateur du groupe. Récemment, au cours d’un déjeuner de presse, il a démontré à l’opinion publique, preuve à l’appui, que c’est lui que les membres de la compagnie Agbé de Ouèdo reconnaissent comme responsable. Cependant, un élément vidéo que détient Hermas Gbaguidi semble le compromettre. Anicet Adanzounon avait fait savoir lors d’une manifestation de la compagnie, qu’il n’est qu’un envoyé d’Hermas Gbaguidi. Une déclaration que son boss d’hier utilise contre lui aujourd’hui. Mais approché au sujet de ladite vidéo, ce dernier fait savoir qu’il n’a nullement l’intention de salir l’homme que les artistes béninois appellent affectueusement « Dah ». « C’était juste une manière de lui dresser un tapis rouge devant le public. Qu’il l’utilise contre moi, ce n’est pas grave », a regretté Anicet.

Anicet Adanzounon

Anicet Adanzounon

Après analyse, investigations et observations, les principaux animateurs de la compagnie, a-t-on remarqué, épousent les idées du jeune metteur en scène. Hermas Gbaguidi, le dimanche 14 septembre, s’était rendu à Alassankomey, un village de l’arrondissement de Ouèdo dans la commune d’Abomey – Calavi où réside la majorité des membres du groupe pour résilier ses arrangements de travail. Tout comme s’ils s’y attendaient, dans un premier temps, ils ont hésité avant de venir au rendez-vous. Ils se seraient occupés par d’autres travaux. Des échanges qu’ils ont eus avec Dah Gbaguidi, on en déduit qu’ils sont anxieux au sujet du climat entre les deux protagonistes. Ils ont souhaité qu’Anicet et son chef d’hier se voient pour fumer le calumet de la paix. En attendant ce jour que l’hôte ne voit pas venir, le danseur principal, un certain Abel, a dit clairement que sans Anicet Adanzounon, la compagnie Agbé de Ouèdo ne pouvait travailler avec qui que ce soit. Une déclaration qui relance le débat, lequel se veut éternellement contradictoire et qui altère l’image du Bénin à l’extérieur, notamment, au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire où la compagnie a déjà fait ses preuves. Sous la direction d’Hermas Gbaguidi, elle est d’ailleurs invitée à prendre part au Festival de Théâtre des Réalités du 1er au 07 décembre prochain à Bamako. Mais, avec la déclaration d’Abel, on se demande si le groupe pourra honorer ce grand rendez- vous culturel.

Esckil AGBO

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