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Promotion de l’Art Contemporain africain : Les jalons de Ségou’Art

Le directeur artistique de Ségou'Art, Mamou Daffé et quelques invités. Crédit Photo: Walaha Web Tv

Réunis en colloque les jeudi 22 et vendredi 23 septembre 2016, les participants à la première édition de Ségou’Art ont pris d’importantes résolutions pour une véritable promotion de l’art contemporain africain.

Autour d’une même table, à la faveur de la première édition du Salon International de l’Art Contemporain du Mali, artistes, galeristes, collectionneurs, journalistes et critiques d’arts ont opté pour la valorisation de l’art contemporain africain. Au cours des deux jours de leur concertation, ils ont pris plusieurs décisions d’un grand intérêt pour les arts visuels africains.

Décortiquant le thème : « Promotion de l’art contemporain africain », les participants à cette rencontre ont identifié, dans une première démarche, la problématique de l’art contemporain de l’Afrique.

De la méconnaissance des arts visuels africains
« Quand on parle d’art africain, on fait référence essentiellement aux arts traditionnels », a regretté, au début de son intervention le directeur du musée national du Mali, Dr Samuel Sidibé. Il a expliqué que, pour nombre de personnalités politiques et ou culturelles, l’Afrique n’a que d’arts traditionnels. Dans le continent, berceau de l’humanité, pensent ces dernières, tout ce qui est art visuel est fondamentalement traditionnel.

Leur perception se trouve confortée quand on parcourt les musées africains, lâche un jeune participant. Pour celui- ci, le premier faux pas des peuples africains est le fait de réduire les institutions muséales en un conservatoire d’objets sacrés, d’objets traditionnels, jadis, utilisés par les ancêtres.

Il y a donc, selon l’ancien Secrétaire général de la biennale Dak’art, Osseynou Wade « une remise en cause de l’art contemporain africain dans certains cercles ». Pour ce dernier, l’environnement artistique, étant ouvert, chaque personnalité s’exprime sur la base de ses expériences, de ses projets.

Tout comme pour illustrer les propos du jeune artiste et ceux de l’ex Sg de Dak’art, le docteur Samuel Sidibé raconte, qu’un jour, une autorité malienne, en visite dans son institution, s’est offusquée de voir installer dans le musée national du Mali, une œuvre du Béninois Dominique Zinkpè. « Cette œuvre n’est pas pour les musées », avait- il lâché, selon les propos du docteur.

Une vue des participants au forum. Crédit Photo: Louis Oké Agbo

Une vue des participants au forum. Crédit Photo: Louis Oké Agbo

Alors, se pose le problème de reconnaître l’existence de l’art contemporain africain. Car, de l’entendement de certaines personnes dont de hautes autorités d’Afrique et d’ailleurs, des doutes résistent.

Par ailleurs, l’essentiel est d’être conscient des problèmes de l’art contemporain africain. « A chaque étape, il y a de nouvelles difficultés », souligne le Sg Wade avant de rassurer que « de plus en plus les artistes africains sont sur les scènes internationales ». Il est donc urgent de prendre d’idoines mesures pour une authentique promotion de ce secteur.

Les résolutions de Ségou’Art
Pendant les deux jours d’assise, les participants au séminaire ont fait un certain nombre de propositions pour la valorisation de l’art contemporain africain. « Il y a présence de compétences avérées », se réjouit M. Osseynou Wade. « Nous devons donc agir pour les promouvoir », recommande le directeur artistique de Ségou’Art, M. Mamou Daffé.

Pour y parvenir et se garantir une promotion durable, il est nécessaire de rendre « l’art transversale», préconise le Président exécutif de la biennale de Marrakech, Mohamed Amine Kabbaj. « Encourager l’art, c’est encourager la culture. Et encourager la culture, c’est travaillé pour l’éducation », pense-t-il, en insistant sur l’enseignement de l’art dans les écoles.

S’appesantissant sur son expérience au niveau du musée national du Mali, le docteur Samuel Sidibé propose, pour sa part l’ouverture des musées à l’art contemporain. De sa suggestion, on déduit la nécessité d’habituer les institutions muséales aux œuvres d’art, car, justifie –t-il « l’art contemporain est le patrimoine de demain ». Ce faisant, vient compléter le directeur de la biennale de Kampala, Daudi Karungi, « on connecte toutes les régions de l’Afrique » au réseau des arts visuels. Il s’agit, à cet effet, analyse le Critique d’Art, Professeur Yacouba Konaté, de fusionner toutes les énergies pour l’évolution rapide et favorable du secteur.

Démystifier les publications scientifiques
Selon la Consultante rwandaise Nadia Nkwaya, plus de 80% des peuples africains n’ont pas accès aux publications sur les arts visuels. Du coup, elle suggère que les critiques d’art commencent par rendre leurs écrits accessibles à tout le monde. Ceci en les publiant, fréquemment dans les journaux à la portée de tout citoyen lambda. Il faut ouvrir, poursuit- elle, les bases de données aux journalistes culturels et les former, périodiquement, à la critique d’art.

De gauche à droite: Nadia Nkwaya, Espéra Donouvossi et la journaliste sénégalaise Oumy Sambou

De gauche à droite: Nadia Nkwaya, Espéra Donouvossi et la journaliste sénégalaise Oumy Sambou

Avant la jeune consultante, l’administrateur culturel béninois, Espéra Donouvossi a indiqué qu’il faut mettre le numérique au service des arts visuels. Celui-ci soumet à l’appréciation de l’assistance « la mise en place d’une plateforme numérique avec des applications axées sur l’art contemporain et l’initiative d’une galerie virtuelle ».

Au-delà de tout cela, le président exécutif de la biennale de Marrakech, dans une démarche de synthétiser les interventions a conseillé l’organisation régulière des symposiums, des rencontres professionnelles, ceci, pour faire bouger sans répit le secteur des arts visuels au sein du continent africain. Pour lui « chaque petit acte posé est un développement ». « L’éducation et le militantisme », clarifie-t-il, sont les principales armes pour aboutir à cette fin.

Promotion de l’art contemporain : Vue d’une carrière professionnelle assurée
La volonté de réunir les acteurs de la chaîne des arts visuels en Afrique autour de la question de la « promotion de l’art contemporain » vise à briser les entraves à l’essor réel et durable du secteur. Partant de là, « les jeunes talents sans perspective de carrière professionnelle » pourraient trouver une fenêtre pour s’ouvrir au monde.

C’est pourquoi, du haut de la tribune du Salon international de l’art contemporain du Mali, Mamou Daffé, Président de la fondation Festival sur le Niger et directeur artistique de Ségou’art a pris l’engagement de consigner dans un document toutes les suggestions et résolutions issues de ce séminaire.

Ledit document sera mis, par la suite, à la disposition de toutes les instances de grandes décisions pour un usage bénéfique à toutes les couches de la société africaine, singulièrement au secteur culturel.

Car, « c’est à travers une promotion bien menée que les artistes et leurs œuvres pourront traverser les frontières et être plus compétitifs ».

Ségou’Art en a posé les jalons.

Esckil AGBO, envoyé spécial de dekartcom à Ségou

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