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Pidi Symph : « Le CAACP a été installé pour redynamiser la vie culturelle à Porto- Novo »

Sous le poids d’une journée très chargée, passée dans la ville de Cotonou, l’artiste musicien Symphorien Zanklan, alias Pidi Symph  ne s’est pas  empêché de venir à notre rencontre. Il sonnait exactement 22h 47 minutes, ce  vendredi  03 octobre 2014 quand, de retour de la capitale économique du Bénin, il stationne son véhicule devant l’hôtel  ‘’Les Ambassadeurs’’ de Porto- Novo où l’attendait l’équipe de dekartcom. Après les salutations d’usage, l’homme,  visiblement fatigué,  s’est livré au jeu  de questions – réponses avec le journaliste. Voici pour vous, chers lecteurs,  ce qui est sorti des vingt- et – une minutes qu’ils ont   passées   ensembles.

Dekartcom : Bonsoir,   présentez- vous ?

Pidi Symph :   Je suis Symphorien Hodégodo Zanklan. Mon nom d’artiste est Pidi Symph.  Je suis le président Ouémé/Plateau des musiciens traditionnels du Bénin ; président de la fédération des  associations de musiques modernes d’inspiration traditionnelle. J’ai été désigné  le jeudi 25 septembre passé à la tête du Conseil  des Artistes  et Acteurs culturels de Porto – Novo (CAACP).

 Parlez- nous de ce  conseil 

Le CAACP a été installé pour redynamiser la vie culturelle à Porto- Novo. Les acteurs ont remarqué que Porto- Novo dort sur le plan culturel. Quand on  a réfléchi un peu dans le passé des acteurs culturels sur le plan cinématographique,  du théâtre, de la musique, du  ballet et autres, on remarque que Porto- Novo a fabriqué pas mal d’artistes. Tout part d’ici. Mais aujourd’hui, il dort. C’est pourquoi ce conseil a été créé pour redonner vie à la culture  béninoise dans  la ville de Porto- Novo. Un conseil qui va travailler avec la mairie. Ceci pour que la ville puisse reprendre son poids. Depuis l’année dernière, nous avons commencé par mener les démarches. Le maire nous a demandé de  choisir le jour de l’installation. Mais nous nous sommes dit qu’il fallait être à jour par rapport aux documents administratifs. Les formalités administratives nous ont pris  du temps. On  a enregistré officiellement le conseil ; après le récépissé, nous nous sommes battus pour  avoir le journal officiel. On a fait tout cela avant que le maire ne prenne la décision d’installer ce conseil le jeudi 25 septembre passé à la maison internationale de la culture.

A quoi va s’attendre concrètement la population après cette installation ?

Nous avons déjà une feuille de route. Les activités vont commencer bientôt. Puisque nous avons déposé un projet à la mairie. On a discuté avec le maire et il nous a demandé de rédiger un projet. Si nous pouvons déjà trouver de financement pour ce projet, nous organiserons pour les festivités de fin d’année, le premier événement du conseil. Pour 2015, il y a des projets qui sont en train d’être  étudiés pour intégrer le PTA (Plan de travail annuel) de la commune. En dehors de cela, le maire a aussi accepté  que  les acteurs culturels soient dans  le grand comité du plan de développement de la ville de Porto- Novo. On nous a permis d’envoyer les représentants des acteurs culturels dans les arrondissements. Nous avons déjà fait pour le deuxième arrondissement. Au terme de la désignation, nous allons former les représentants d’arrondissements puisque dans le conseil, il y a un responsable chargé de la  formation et des affaires juridiques. Le vendredi 10 octobre prochain, celui-ci va donner ladite formation à ceux – là qui  nous représenteront  dans les différentes instances.

Mais avant la création de votre conseil, aviez – vous cherché à savoir les raisons du silence dont vous avez cas tout à l’heure ?

Il y a la volonté culturelle dans la ville. Porto- Novo a un problème. Mais nous nous sommes dit qu’il faut dépasser tout cela. D’ailleurs, le conseil devait normalement concerné le secteur de la musique seule. Mais quand ceux qui ont eu l’idée sont venus me voir, je leur ai dit qu’il vaut mieux qu’on embrasse tous les secteurs culturels. C’est pour cela  que dans le conseil, on retrouve les sommités du théâtre, du ballet, de la musique traditionnelle goun, de la musique traditionnelle yoruba, de la musique moderne, les journalistes culturels, les écrivains, les artistes plasticiens. Tous les secteurs sont donc représentés.  C’est ensemble que nous allons relever le défi. Nous avons essayé de mentionner les tares et nous relèverons progressivement les défis.

En dehors de la mairie, avez – vous d’autres partenaires qui vous accompagnent ?

Pour le moment, c’est la mairie de Porto- Novo seule.  Nous sommes en train de mener les démarches  vers  notre ministère de tutelle. Nous espérons. Notre deuxième partenaire serait, donc, le ministère en charge de la culture. Je sais qu’il  doit nous accompagner.

Vous êtes un élément important dans la culture béninoise en général et celle de Porto- Novo en particulier. Vous avez  vu passer deux éditions de la fête annuelle dit Hogbonou Xwé. Quelles sont vos impressions ?

 Mes impressions sont très mauvaises. Quand on est trop intelligent, c’est ce qui se passe. Pour l’organisation de la première édition de cet événement, il y avait un comité chargé de la culture. Le secteur culturel avait pour président moi- même. Bizarrement, ces organisateurs  ont utilisé la politique de diviser pour régner.  Ils avaient contourné le président et ont commencé par appeler les artistes. Je les ai laissés  faire. Je ne voudrais pas me mettre dans leurs affaires. Malheureusement, ceux qui étaient invités n’ont même  pas pu toucher le cachet qui était prévu. Ils n’ont pas pu rendre compte. Ceux qui avaient mis leurs sous dans l’événement, ceux qui les avaient sponsorisés, ils ne leur ont pas rendu compte. Et c’est au tribunal qu’ils sont allés régler.  J’ai eu les échos. Ils n’ont pas  encore fini de gérer cela, et c’est la même équipe qui se met à organiser une deuxième édition. Mais ce qui fait mal, au lieu de se rapprocher  de ceux qui ont organisé des événements pareils, ils ont voulu faire ça seuls. Il y a eu la fête des Wémènou, la fête de Tori. Nous étions au cœur de l’organisation de la fête des Tori. D’abord, les organisateurs de la fête de Tori avaient pris le temps de bien la préparer. Ils se sont  rapprochés de leurs aînés, du comité d’organisation de Wémè-xwé. Le président de Wémè -xwé  est mon beau- père. J’ai vu les gens de Tori se rapprocher de lui. Ils sont allés jusqu’à Cotonou chez lui pour  avoir des connaissances, pour se renseigner. Ils l’ont  fait et vous avez vu le succès de la première édition. Les acteurs culturels étaient bien associés et j’étais devant le secteur culturel. Mais les gens de Porto- Novo ont vu qu’il faut écarter ceux qui travaillent quotidiennement pour la culture. Et voilà les résultats. C’était prévisible. Si cela peut leur donner de leçons, c’est bon. S’ils veulent qu’on se manifeste, on le fera. Mais s’ils pensent que nous ne sommes pas de Porto- Novo, on les laissera faire jusqu’à ce qu’un jour ceux qui  peuvent reprendre cette fête  en mains afin  que cela puisse avoir l’éclat qu’il fallait, la  prennent.

Le Conseil ne peut- il pas prendre son organisation ?

Non. Je ne rêve même pas en tant que président du Conseil des Artistes et Acteurs Culturels de Porto- Novo. Nous, nous allons organiser de grandes fêtes. Mais pas Hogbonou Xwé. Hogbonou Xwé, il faut les laisser faire. S’ils se rapprochent de nous, nous allons apporter notre contribution. Mais si c’est  ce jeu- là   qu’ils  vont faire, nous, on leur souhaite bonne chance. C’est  ce que je pense par rapport à cette histoire de Hogbonou- Xwé qui a raté déjà deux fois et qui va  continuer à rater s’ils ne savent pas faire. Quand on voit les affiches, il n’y a aucun acteur de la chaîne culturelle, il n’y a pas de gens visibles. Sur le plan culturel, qui connait ceux- là qu’ils ont mis sur les affiches. S’ils se rapprochaient par exemple de nous, on peut trouver dans nos secteurs des cinéastes, des hommes de théâtre. Le CAACP est assis sur des aînés, les anciennes gloires du monde culturel béninois. Je veux parler de Mister Okéké, Sagbohan Danialou, Mme Marcelline Aboh, Vivi l’Internationale, Nel Oliver et bien d’autres. Et à part le bureau, à part les sages, il y a des responsables de commissions qui travaillent avec nous. Donc, s’ils nous demandent, on peut proposer des gens qui vont rester sur les affiches et qui peuvent attirer. A la dernière minute, pour la deuxième édition, ils m’ont appelé pour me demander si je peux animer, qu’ils veulent des gens (artistes) qui peuvent rassembler. J’ai dit non. Mais j’ai des gens que je peux leur proposer. Je leur ai demandé la cagnotte prévue pour le secteur culturel. Si  nous avons désigné quelqu’un pour venir  sur la scène, il faut qu’on sache son enveloppe dans le budget ; il faut qu’on sache le matériel mis en place, car l’artiste peut être bon. Si le matériel n’est pas au point, il va rater sa prestation. J’ai demandé à savoir tout cela. Mais ils n’ont pas pu répondre.  Ils nous contournent une deuxième fois. C’est tant mieux. S’ils le veulent, nous allons travailler avec eux.

Un mot pour conclure

Je vous remercie personnellement et je remercie le portail  culturel dekartcom qui fait du bon travail pour notre culture. Je remercie également tous les journalistes, vous les faiseurs du roi. Les gouvernants ont toujours essayé de séparer la culture de la communication. Moi, je dis que c’est avec la communication  que la culture marche. Je profite pour  vous présenter aussi mes condoléances par rapport à votre confrère  François Mensah, décédé le 1er octobre dernier.

A la population de Porto-Novo, je dis que nous sommes disposés à  travailler pour que la ville reprenne ses lettres de noblesse en culture.

Réalisation : Esckil AGBO

 

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