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Mutant Kopkémédji, une révélation symbolique du RAP béninois

Mutant Kopkémédji, une révélation symbolique du RAP béninois

Il est sans doute aujourd’hui l’une des voix prisées de la jeunesse en matière de la musique urbaine et du hip-hop de façon singulière au Bénin.Lui, c’est Wilfried Boco alias Mutant Kopkémédji. Nous sommes allés à sa rencontre, avant-hier, samedi 08 juin 2013,à son domicile à Gbèdjromèdé où sans autres formes de réticence il s’est prononcé sur sa vie et sa carrière.

Teddy G.

A le voir, Mutant est un jeune homme corpulent, débordant de tonus, de teint noir fin, au visage imperméable à toute plaisanterie avec sur les deux joues des scarifications claniques. Sur sa tête, du dreadlocks (coiffure rasta) finement tissé et soigneusement éparpillé. Vêtu d’un tee-shirt jaune aux manches noires sur une culotte bag-gie de couleur Kaki, il a un sourire forcé, un regard fuyant, empreint d’agilité et de rigueur. A ses pied, des sandalettes. On lit en lui une personne humble et solitaire ayant une mesure de vie. Il ne l’a pas caché lors de l’entretien. « Moi je suis super solitaire. J’aime être seul dans ma chambre, à passer le clair de mon temps à écrire des chansons, à regarder la télévision, à chanter» a-t-il martelé en réponse à la question qu’est-ce que Mutant aime ? Pour l’artiste, le dreadlocks qu’il porte sur sa tête n’est que l’expression d’un goût pour la chose et aussi une marque d’inspiration.« J’ai fait l’option de porter le rasta pour continuer ma carrière parce que d’abord c’est un style que j’aime et en plus de cela, depuis que je le porte, j’ai constaté que je suis inspiré autrement. J’avoue qu’au départ je me coiffais comme tout le monde. Le dreadlocks pour moi c’est une inspiration divine comme j’ai l’habitude de l’appeler» a signifié La rappeur avant d’ajouter que les commentaires du voisinage lui importent peu.« Ce n’est pas ce les autres disent de moi, de ce que je fais ou de ce que j’ai décidé de faire qui m’intéresse. Mais quand j’entreprends quelque chose, je le fait en toute âme et conscience et je m’attends à toutes les conséquences que cela pourrait engendrer. Je n’aime pas me mêler des affaires des autres. J’évite carrément les problèmes, j’évite de me mettre dans tout ce qui peut m’embarrasser et voilà »a laissé entendre Mutant pour afficher sa part de responsabilité dans ses agissements. Ayant le sang d’un combattant dans les veines, le fils du boxeur dit ne jamais admirer qu’on se foute de sa gueule. « La seule chose que je déteste vraiment dans ma vie est qu’on ne me cache pas la vérité, et en plus, qu’on se foute de ma gueule » a fait savoir Wilfred Boco. Baptisé selon l’Eglise Catholique, Mutant a affirmé qu’il reste et demeure un chrétien catholique fervent. Malgré sa solitude à laquelle il se plait bien, le rappeur dit avoir quand même des amis et même un meilleur, qui est actuellement son manageur, Dah Géraud. « On ne peut pas tout faire seul, j’ai des amis mais de façon restreinte » a-t-il fait comprendre l’artiste pour montrer qu’en tout cas, l’aide du prochain est toujours d’un concours capital et qu’on ne peut s’en passer à vie. A l’écouter à travers ses morceaux, Mutant a choisi faire sa musique en Fongbé, une langue majoritairement parlée dans la partie méridionale du Bénin et dans quelques rares parties du septentrion. L’autre chose est qu’il véhicule des messages ayant trait à des réalités de son milieu de vie. L’artiste ne s’est pas rangé dans la catégorie de ceux qui se livrent des guerres gratuites dans des chansons, ce qu’ils appellent habituellement le bif’’, ‘’l’égotripe’’ ou ‘’le clache’’. A ce sujet Mutant soulignait qu’au moment où il débutait sa carrière, qu’il se sentait investir d’une mission, celle de passer un message pour éduquer la société et la jeunesse ramener à raison. Par ailleurs, il faisait également comprendre qu’il lui fallait accomplir cette mission de façon originale. « Je ne pouvais passer ce message que dans une langue comprise de la majorité et il me faut aussi être original, j’ai choisi le RAP parce que d’abord c’est la musique de la jeunesse qu’on le veuille ou non et aussi pour moi c’est le moyen le plus plausible pour atteindre cette cible que je me suis donné qui est en faite la jeunesse» a-t-il souligné avant d’ajouter que tout cela n’a été chose possible que grâce à l’influence de Logozo du groupe Ardiess dont il a été tout le temps fan et aussi sous la roulette des amis avec qui il a commencé, qui lors des répétitions lui notifiait qu’il était aussi bien parti comme Logozo pour faire le rap en fongbé. « Au début je faisais mon rap en français comme tout le monde » a-t-il fait savoir pour évoquer ce qui a fait le socle de sa démarcation aujourd’hui. Pour ce qui concerne son pseudonyme ‘’Mutant Kopkémédji’’, l’artiste a expliqué que Mutant, en fait, c’est comme le mot même l’indique, ce qui est mouvant, changeable à travers le temps et l’espace. C’est Donc une façon pour l’artiste de traduire la perpétuelle évolution dans son style musical.« A chaque sortie de morceau il y a toujours quelque chose de nouveau que j’apporte » a souligné l’artiste. Par ailleurs Kopémédji est en Yoruba (une langue parlée au Bénin et au Nigéria) et signifie l’unique ainsi l’artiste entend donc afficher sa particularité et celle de ses œuvres.

Mutant et sa carrière
« Mon papa n’était pas du tout d’accord que j’aborde une carrière musicale. Pour lui, c’était parti pour la délinquance, alors que j’avais même un examen en vue. Parfois même je suis obligé d’escalader le mur pour aller à des séances de répétitions, des soirées d’animation, des concerts que nous organisions, mon groupe et moi. Enfin personne n’était d’accord» a avoué l’artiste totalement mu par sa passion pour de la chose artistique. En ces propos, on comprend que c’est là, le premier, véritable obstacle qui allait très tôt étouffer la passion de Mutant s’il ne prenait garde. L’amour pour musique étant plus fort, a donc dû défier les assauts de son géniteur pour favoriser la concrétisation de son rêve. Ses premiers pas, à en croire ses explications, remontaient dans les années 2005 à Ggèdjromèdé, un quartier où l’artiste a passé pratiquement toute sa vie et où il réside encore. A l’époque l’artiste avait le BEPC à passer. Moulé dans les groupes ‘’Diapason cordial’’ et ‘’Smoking Squate’’, des groupes aux quel il appartenait, il s’est forgé sur dès le départ sur les bites (sons)que l’un de ses amis du même groupe apportait par le concours d’un de ses aînés résidant au Etats Unis. Mais avant, les scènes des collèges ont accueilli les premières prestations de Mutant. C’est par là que l’aventure a commencé. De cette étape embryonnaire, Mutant a d’abord mis un terme à son cursus juste après son BAC A2, la passion musicale s’étant imposée. Etant dans sa 8ème année de carrière, l’artiste dit avoir déjà bravé une centaine de scènes dont la grande scène du HKH (hip-hop Kankpé). L’artiste a partagé cette scène avec les artistes de la trempe Singuilar, Colonel Réel, Youssoupha, Zaho, pour ne citer que ces gloires du hip hop-R§B. Champion du duel cruel en 2006, Mutant a à son palmarès trois trophées dont celui du meilleur flow 2009 au R§R Awards, organisé par Ardiess production, et actuellement en 2013le trophée de l’artiste hip hop le plus téléchargée sur MtnZik. A son compteur Mutant a un album sorti en 2009 et intitulé ‘’Gayman’’, un maxi et plusieurs Singles. Mutant évolue aujourd’hui en autoproduction et nourrit l’ambition de représenter véritablement la figure emblématique de la musique urbaine béninoise à l’international. Il a actuellement un album en vue.

Mutant, étude et vie privée
Né le 06 janvier 1988 de Georges Boco, le roi chao, la légende du box roi au Bénin, et d’Alimatou Sadia Odountan, intendante dans une université de la place, le rappeur est aujourd’hui un ancien écolier de l’école primaire publique de Gbèdjromèdé, ancien élève du collège la référence, du collège Cerco et du collège Nanguézé. Fils aîné et le seul garçon d’une famille de trois enfants, Mutant, après l’obtention du BAC A2, a momentanément rompu avec les études au profit de sa carrière. Après il est parti suivre trois ans de formation professionnelle de où il a obtenu son diplôme en graphisme. Originaire de Ouidah, le Rappeur est aujourd’hui célibataire sans enfant et sans engagement. A la question qu’est-ce qu’il attend ? L’artiste a répondu « j’ai des projets que je voudrais accomplir avant de penser à la femme. De toute façon je suis encore très jeune et j’ai mon avenir devant moi »

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