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Master Soumy, artiste de la musique urbaine du Mali

Dans la nuit du jeudi 04 février 2016 à l’Institut Kôrè des Arts et Métiers (IKAM) à Ségou, la plateforme dekartcom s’est entretenue avec Master Soumy, un jeune artiste de la musique urbaine du Mali. Juriste de formation, activiste et ambassadeur de la liberté d’expression au sein de plusieurs mouvements, il s’est illustré dans son pays, à travers ses compositions satiriques.

Interview

Dekartcom : Master Soumy, vous êtes un rappeur très engagé de la société malienne. Dites- nous, comment vous vivez cela.
Master Soumy : Le rap a été créé pour éveiller les consciences, pour provoquer des réflexions dans la société, pour pousser les gens à prendre conscience de leurs conditions de vie, à prendre leur responsabilité. C’est dans ce but que je continue ici au Mali, ma lutte d’artiste engagé, engagé par seulement à se rebeller, à se révolter mais à proposer aussi des solutions.

Par exemple, depuis que le Mali est en crise, pratiquement, chaque trois mois, je fais un single sur les différentes situations parce que, pour moi, la crise est un feuilleton qui a ses épisodes. Je passe l’information afin que le citoyen puisse s’imprégner de tout ce qui se passe. Nous nous sommes assigné comme mission de sensibiliser, d’éduquer en dénonçant et en proposant des solutions.

Quel est le regard des autorités politiques sur vous et sur ce vous faites ?
Au Mali, nos autorités jouent aux sourdes oreilles. Ces autorités me voient ou me prennent pour un petit révolté, quelqu’un qui incite les populations à se révolter, quelqu’un qui provoque la violence alors qu’elles reconnaissent le caractère patriotique de ce que je fais. Elles savent que nous (rappeur) disons vrai. La différence entre les Hommes politiques et nous est que ce sont eux qui paient les gens afin qu’ils viennent écouter leurs discours mais ce sont les gens qui paient nous autres afin d’écouter nos discours.

Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, le rap est la musique la mieux écoutée au Mali parce que nous sommes dans l’actualité.

Recevez- vous des menaces ?
Je suis menacé tous les jours. Depuis sept ans environ, je suis quotidiennement victime des menaces, venues du haut sommet.

Mes derniers singles à savoir « la voix du peuple », « l’heure est grave » et « l’attentat dans ma poche » ne sont pas passés inaperçus.

Ces chansons ont atteint leurs cibles puisque, du plus haut niveau de la république, j’ai reçu des informations tenant à m’intimider, à fragiliser mon engagement auprès de la population malienne. Je n’ai jamais été tabassé, violenté mais je reçois des menaces dont le but est de me faire changer d’idéal, de faire changer la ligne éditoriale de mes œuvres. Moi, je ne me suis pas inscrit dans ce registre ; le combat ne vient que de commencer.

Pensez – vous que vous y arriverez ?
Que des gens considèrent le rap comme une musique d’agitateurs, comme une musique mise au service de la perversion, moi, je vous dis que c’est une musique qui éveille les consciences. C’est une musique d’élites, de littéraires ; il y a des techniques dans le rap qu’on étudie à l’école. C’est pour vous dire que c’est un impératif pour chaque rappeur d’avoir une dense culture. C’est très important parce que la plupart des rappeurs qui sont respectés dans le monde, par exemple, Didier Awadi, Smokey… ont un bagage intellectuel, une culture équilibrée.

C’est pourquoi moi, étant dans la musique, j’ai continué mes études. J’ai ma maîtrise en droit des affaires.

C’est vrai qu’il y a des gens qui n’ont aucune culture, qui ont abandonné les études, qui ne s’informent pas mais qui se disent rappeurs. Je crois que ceux- là n’ont pas leur place dans le rap. Le vrai rappeur, activiste peut arriver à faire changer la société. Donc, je pense bien, que je peux y arriver.

Bonne chance et courage à vous
Merci monsieur le journaliste

Réalisation : Esckil AGBO, envoyé spécial de Dekartcom à Ségou, avec le soutien de Partenari’Arts et Cultures

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