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Musée Akaba Idena_Tas d’ordures Aïtan Ola : Kétou, deux histoires en Une

A Kétou, ville historique située à 140 kilomètres de Porto- Novo, capitale du Bénin, existent deux sites patrimoniaux dont les histoires palpitantes qu’ils représentent, suscitent curiosité et admiration. Akaba Idena, le musée aux multiples vestiges et Aïtan Ola, un tas d’ordure sacré, installé depuis le 14ème siècle. Nous avons fait un tour dans cette ville pour le compte du quatrième numéro du « Vendredi des Patrimoines et du Tourisme », une initiative du groupe Art Challenge Développement (ACD). Reportage…

Situé non loin du palais royal de Kétou, au cœur d’une vingtaine d’habitations, le fétiche Aïtan Ola, quand vous vous dirigez dans sa direction vous accueille, déjà de loin, grâce à sa grande taille et sa grande masse.

Un gigantesque tas d’immondices dont le faîte vous permet de ramasser d’un coup d’œil tout Kétou.

Pour les filles et fils de cette ville, Aïtan Ola est tel, la Kaaba pour les Musulmans, et le Mur de lamentation en Jérusalem pour les chrétiens. Au tas d’ordure sacré, ils vouent culte et vénération. Il a une histoire.

« C’est une vieille qui est sous ces ordures. Une sage de la première Cour royale de Kétou. Sentant sa mort, elle réunit tout le palais et annonce qu’elle partirait. C’est – à – dire aller dans l’au-delà. Mais elle ne veut pas de la tombe. Elle laisserait un signe pour la postérité. C’est ainsi qu’elle est venue ici s’enfoncer sous terre, demandant qu’on jette de tas d’ordures sur elle », raconte Achimi Moritala, un guide et conseiller de l’actuel Roi de Kétou. C’est un tas d’immondices de bonheur qui est pour les enfants de Kétou, du Bénin et du monde entier, un lieu de prière, poursuit- il,
Il illustre ses propos: « quand on traverse une longue période de sécheresse et que la pluie tarde à tomber, il suffit de le prier pour obtenir la pluie. Et ce rituel, c’est une famille qui en est, aujourd’hui, la conservatrice. Mais toute personne peut venir ici et fait sa prière. »

C’est un fétiche, vient compléter Prince Adéniyi (fils du Roi de Kétou) qui a ses totems. « C’est vrai que c’est un tas d’immondices mais il ne devait pas recevoir n’importe quel déchet. Il est interdit de faire ses besoins sur ce tas ou d’y mettre le feu », précise l’hériter royal, contredisant ainsi l’un des sages de son géniteur qui estime qu’on peut y déposer tout.

« L’essentiel, c’est de conserver le tas d’ordure de bonheur » martèle ce dernier, ignorant peut- être que c’est un fétiche, selon les précisions du prince qui aime particulièrement les feuilles de teck, entre- temps, utilisées pour emballer l’akassa.

Le Musée Akaba Idena : le livre mural sur Kétou

Le Musée Akaba Idena

Le Musée Akaba Idena

Le Musée Akaba Idena est érigé à environ deux kilomètres du palais royal. Il y a des siècles, il servait d’unique entrée dans le royaume de Kétou. Construit au temps des premières chefferies de la localité, il à été réhabilité, il y a quelques années grâce l’initiative de l’ancien Ministre de la Culture, Jean – Michel Abimbola, natif de Kétou.

Badigeonné à la couleur de la ville (ocre), avec une toiture faite en paille, il s’étend sur une grande superficie (le guide à notre service, ce vendredi 22 juillet 2016 dit n’avoir aucune idée sur sa superficie).

Lorsque vous y mettez pieds, en quittant le palais, à votre droite, vous allez recevoir les ‘’bienvenus’’ de atcholé, l’agent de sécurité. C’est un fétiche, selon les mots du Conseiller Achimi Moritala, qui reçoit les honneurs dus à son rang à l’occasion de la fête annuelle du culte oro.

Quand on poursuit le chemin, sans bifurquer, on se surprend dans le premier grand hall où est érigée la « Porte Magique femelle ». Véritable vodoun, de par sa puissance à satisfaire les besoins des femmes, elle bénéficie presque tous les jours de sacrifices de ses filles. Lorsqu’on quitte le hall, tournant dos à la « Porte magique femelle », on tombe dans la cour de correction.

C’est à ce niveau, explique notre guide que les sages de la Cour font des réprimandes aux auteurs d’actes reprochables. A l’extrême gauche de cette cour, la chambre des munitions où sont conservées les armes de guerres utilisées par les soldats kétois. En face, il y a leur chambre qui se situe à l’extrême droite de celle du roi.

« Quand on veut introniser le Monarque de Kétou, il passe trois jours dans cette case avant d’entamer les grands rituels », enseigne le Conseiller royal Achimi Moritala.

Aux confins de la cour des corrections, on perçoit « la chambre du non retour ». Selon nos recherches, « qui met pieds dans cette chambre n’y retourne jamais. » C’est la demeure du grand fétiche de Kétou, à en croire le prince Adéniyi. A côté de la « case secret », « la Porte Magique mâle ». Elle est la seconde de la femelle et joue presque les mêmes rôles que sa « sœur » à la différence qu’elle résout les difficultés des hommes.

Ces deux portes ont le qualificatif « Magiques » parce que, volées de Kétou par un Roi de Danxomè avec la complicité d’Arekpa, un fils kétois, elles sont rentrées au bercail, quelques semaines plus tard d’elles mêmes. Elles ont donc, déduisent les uns et les autres, un pouvoir magique de transcender le mal. En témoignent les prières à succès que lui font les kétois et visiteurs du musée.

Deux patrimoines rattachés au palais… fréquemment visités

le fétiche Aïtan Ola

le fétiche Aïtan Ola

Selon une source proche du Roi de Kétou, les sites Aïtan Ola et Akaba Idena sont sous l’autorité directe du palais royal de la ville. C’est le Roi qui en est le premier garant et non l’autorité communale. Aucun visiteur, précise la même source ne peut y avoir accès sans passer par le palais. C’est une gestion qui confère à ces deux sites tout leur sens patrimonial.

Pour les enfants de Kétou, ils symbolisent leur histoire. C’est l’irréfutable témoignage de leur passé glorieux, mysthique. Pour certains sages rencontrés sur l’esplanade du palais, ce sont des traces physique, morale, cultuelle et culturelle du vécu des premiers habitants du terroir. Ils en sont d’ailleurs fiers et en parlent avec amour et haute estime à tout visiteur.
Aujourd’hui, ces deux sites constituent pour la ville les deux attraits touristiques les plus en vue. D’ailleurs, les touristes de tous âges et de toutes nationalités y font régulièrement des tours.

L’écrivain Florent Couao Zotti, témoigne le Secrétaire général de la Cour du Roi, conduit ici chaque année des touristes qui viennent du Brésil, de la France, de la Belgique, de l’Italie.

« Dans les vacances, nous recevons beaucoup de visiteurs… Des Ivoiriens, des Gabonnais, des Maliens, des Burkinabés et même des Béninois voire Kétois qui sont à l’étranger ou à Cotonou etc. Ils viennent parfois en groupe. Nous échangeons avec eux sur l’histoire de la ville, celle des deux sites et ils partent tout heureux… Je peux vous dire que dans une année, nous recevons jusqu’à 200 visiteurs », se réjouit Achimi Moritala qui a consacré, toute sa matinée du vendredi 22 juillet 2016 pour l’équipe de dekartcom.

Toutefois, il est nécessaire de souligner que ces deux patrimoines souffrent d’entretien. Un effort est fait par les populations immédiatement liées à leurs histoires. Mais il en faut davantage. Avis donc aux autorités à divers niveaux.

Esckil AGBO

Afropolitan présente le Afropolitan Nomad Festival Cotonou 2016. Ateliers, conférences, showcases. 15 au 20 Août 2016 à Cotonou Lobozounkpa, Torri

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