Littérature: Les ouvrages des écrivains béninois faiblement représentés dans les œuvres au programme dans les lycées et collèges du pays

Les dirigeants du monde  éducatif béninois, à l’orée de  la rentrée scolaire 2013-2014, ont introduit  de nouveaux  livres pour l’enseignement du français sur leur territoire. Après le réaménagement, vingt-  deux ouvrages, au total sont retenus   pour être étudiés dans les lycées et collèges. Mais seulement cinq écrivains nationaux sont représentés.

Mama Raouf avec son ouvrage « Pourquoi le bouc sent mauvais et autres contes du Bénin », en classe de 6ème, Jean Pliya, « La secrétaire particulière » en classe de 4ème et « Les tresseurs de corde » en Terminale, Apollinaire Agbazahou et Eustache Prudencio, respectivement avec «Le gong a bégayé » et « Le rêve étranglé » en classe de seconde et le contemporain Florent Couao Zotti avec « Les fantômes du Brésil » en Première. Voilà les cinq écrivains béninois dont les ouvrages ont été sélectionnés pour être étudiés dans les établissements scolaires. C’est alors une évidence qu’ils y sont faiblement représentés. Sur les vingt – deux œuvres retenues seulement six sont béninoises. Soit un taux de 27,27%. C’est incompréhensible et inadmissible dans un pays qui ne manque pas quand même d’hommes de plume. En dépit de leurs efforts quotidiens, les écrivains de l’ex Dahomey, semble-t-il, ne bénéficient pas encore d’une politique favorisant leur promotion. Il n’existe dans le pays aucun système pour faire connaitre ces férus de la plume à la jeune génération notamment les élèves et étudiants. Du coup, avec désolation, on constate que très peu de jeunes du Bénin s’intéressent à leurs œuvres. Ils préfèrent les Sénégalais, les Camerounais, les Ivoiriens, les Congolais et les Européens. L’une des sources de ce désintéressement, faut-il le révéler, est l’absence ou la maigre représentation de leurs ouvrages dans les établissements scolaires. Le comble est l’absence ou du moins l’oubli catégorique des femmes littéraires du Bénin dans la sélection des œuvres au programme. Les femmes béninoises éprises des lettres sont ignorées, abandonnées voire exclues. Aucun ouvrage écrit par une femme béninoise n’a été ni dans l’ancienne sélection des œuvres au programme, ni dans la présente. Et pourtant, elles sont là et ce, avec de plumes de belles factures. La première d’entre elles est Gisèle Hountondji avec son célèbre roman intitulé ‘’ Une citronnelle dans la neige’’ publié en 1986. Dans ce chef d’œuvre, elle s’est indignée contre ses sœurs qui poudrent et saupoudrent le corps afin de séduire les hommes et bafouant ainsi la dignité féminine. Elle y a également révélé son point de vue sur le problème du racisme tout en prônant l’émancipation de la femme. A la suite de Gisèle Hountondji, on peut citer entre autres, Adélaïde Fassinou Allagabda. Celle-ci est d’ailleurs la plus prolifique d’entre elles avec à son actif plus d’une dizaine de romans dont ‘’Mondoukpè’’, ‘’les bénies des dieux’’. A sa suite, on note Hortense Mayaba, auteure de ‘’L’univers infernal’’ publié en 1997 ; Euphrasie Hounkonnou Calmont qui a écrit ‘’Emma ou la rage de vivre’’ publié en 2010 ; Flore Hazoumè avec ‘’ Cauchemars’’ et la jeune Barbara Akplogan, auteure de la nouvelle ‘’ Un amour sans lendemain’’. Malgré leurs prouesses combien de fois louables, les dirigeants du système éducatif béninois, particulièrement, ceux chargés de l’enseignement du français, dans la sélection des œuvres au programme n’ont pas pensé à elles. Il s’agit là, faut-il le dire d’une autre forme de discrimination. Au regard donc de tout cela, on est en mesure de dire, sans risque de se tromper, que les acteurs du monde scolaire béninois, notamment les inspecteurs et les conseillers pédagogiques en enseignement du français ne reconnaissent pas encore ou ne veulent pas reconnaitre la qualité des œuvres des écrivains de leur pays.

 

Esckil AGBO