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Littérature béninoise: Il y a des ombres au tableau

Le salon du livre est un événement grand public autour du livre. Une manifestation grandiose autour des métiers du livre. Il est caractérisé par la participation d’un nombre impressionnant d’écrivains, d’auteurs, d’éditeurs, de lecteurs, de documentaristes, de libraires, bibliothécaire, une forte mobilisation des professionnels de l’écrit et l’exposition d’une pléthore d’ouvrages, tous genres littéraires confondus. Les autorités politico- administratives à l’échelle nationale et locale y prennent part également.

C’est un grand moment de célébration des acteurs de la chaîne livresque. Le Bénin l’a compris en initiant, via la Direction Nationale de la Promotion du Livre et de la Lecture (DPNL), son Salon du Livre. La première édition a eu lieu, du 04 au 08 novembre 2015 au hall des arts de Cotonou.

Quatre jours durant, la littérature du Bénin a donc ouvert ses portes au monde. Quatre jours durant, grands et petits du métier de l’écrit ont mis en vue leurs produits respectifs. Ils ont eu une occasion pour échanger. Une chance, inespérée. Une aubaine.

Ce salon National du Livre du Bénin est l’événement tant attendu des acteurs. L’espoir a duré, commençait à s’estomper peu à peu quand la Directrice de la promotion du livre, Mme Anne-Marie Odounharo, pleine d’affabilité a annoncé la tenue du premier salon du livre du Bénin.

C’est vrai qu’avant ce salon, l’ancien Dahomey a connu une avalanche d’initiatives autour du livre, lesquelles ont disparu sans laisser fondamentalement aucune trace. Mais celle-ci est la première, dans l’histoire du pays, qui prétend réunir absolument les ‘’ouvriers’’ de l’industrie livresque. C’est beau ! Parce que de ce salon, la littérature béninoise, sans doute, connaît une avancée des points de vues qualité et quantité.

Mais il y a des ombres au tableau. Lorsqu’on s’appuie sur la masse de publications de livres, ces deux dernières années, on peut bomber le thorax et affirmer que la littérature béninoise grandit.

Sauf qu’il convient de se demander à quoi rime la grandeur, le rayonnement du secteur littéraire d’un pays ?

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La marque de prestige, de la littérature d’une nation se note je le pense, à travers la fréquence de publications, la qualité des ouvrages mis sur le marché, les performances des maisons d’édition, la place de cette littérature à l’étranger et, principalement la politique des gouvernants à promouvoir les auteurs, les écrivains, les maisons d’éditions, les lecteurs, les critiques et même les chroniqueurs.

Au Bénin, les publications sont désormais régulières. Tant pour les auteurs résidant au pays que pour leurs collègues de la diaspora. La qualité des œuvres publiées sont vaille que vaille discernables. Aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Florent Couao Zotti, Habib Dakpogan, Daté Barnabé Akayi- Glèlè, Rodigue Atchawé, Sophie Adonon, Carmen Toudonou… constituent des exemples. Ils écrivent. Et bien. Les critiques, tels le Professeur Guy Ossito Midiohouan parle d’eux avec fierté.

Toutefois, cette littérature que ces hommes et femmes forgent, bon gré, mal gré, peine à s’imposer dans l’environnement littéraire du monde. Les grands prix littéraires comme le Goncourt n’ont pas encore vu dans leurs annales les noms des écrivains du Bénin, singulièrement ceux de la nouvelle génération.
Je m’en offusque. A tort ou à raison. Mais quand, j’analyse la situation, j’aurai tort de culpabiliser ces professionnels de l’écrit. Tel que leur métier le demande, ils écrivent, ils écrivent et ils écrivent.

Alors, sur le banc des accusés, je ne retrouve qu’une seule personne. L’Etat. Absence absolue de politique pour ensoleiller les livres et leurs auteurs. Négligence avérée voire criminelle des autorités en charge de la culture. Assassinat à coups de plaisir éphémère des œuvres d’esprit. Tels sont entre autres les chefs d’accusation que je porte contre lui car, ai- je constaté, avec regret, que la littérature ne bénéficie, de la part des autorités, d’aucun soin, d’aucune attention.

Pour preuve, sacré Prix du Président de la République en 2013, ce n’est qu’en 2015 que Rigobert Kpanikpa Kouagou est entré en possession de son diplôme de participation et du chèque destiné à lui.

Sophie Adonon a raison quand elle disait, face aux élèves du Collège Notre Dame de Lourde de Porto-Novo, le mardi 10 novembre 2015, que la littérature est « l’enfant pauvre de la culture béninoise ». Le Professeur Guy Ossito Midiohouan a trouvé juste de s’indigner, deux jours plus tôt, au hall des arts à Cotonou en ces termes : « On n’a pas su trouver, dans ce Gouvernement pléthorique, un seul Ministre pour décerner le Prix du Président de la République ». Et Florent Couao Zotti, de parler dans sa chronique du mercredi 11 novembre 2015, de « la mort institutionnelle de la littérature au Bénin ».

La situation de la littérature béninoise paraît propice quand on l’observe de loin alors qu’elle réside dans un amas de ruines.

Esckil AGBO

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