Marthin Luther King, s’adressant au peuple africain dans l’un de ses discours disait : « Apprenez à vivre ensemble comme des frères sinon vous allez mourir ensemble comme des idiots ». En ce mois de juin 2015, je me permets d’adresser cette invite à tout le corps culturel du Bénin. Car, ai- je constaté, avec consternation, l’hypocrisie ronge et ruine le secteur. Et si rien n’est fait, on assistera à l’idiote mort précipitée de la culture béninoise.
Les artistes de mon pays ne disent pas la vérité, ils dissimulent leurs caractères, leurs intentions véritables et usent parfois des verbes destinés à tromper sur les sentiments de l’autre. Une place privilégiée est attribuée à l’hypocrisie dans leur environnement.
D’abord, entre eux- mêmes, vivent le mensonge, la calomnie, la médisance et le dénigrement. Pour preuve, le feuilleton « Biennale Regard Bénin et Biennale Bénin », de novembre 2012. L’événement Biennale Regard Bénin, pensé pour « jouer un rôle important dans le rayonnement » du Bénin à l’échelle internationale, s’est heurté, à quelques semaines sinon, à quelques jours de son ouverture officielle, contre un autre dit, Biennale Bénin, à objectifs et dates de déroulement identiques. Cela, on le doit à un démissionnaire ou à des démissionnaires du premier comité. Des années années plus tôt, c’est le FITHEB (Festival International de Théâtre du Bénin) qui a été confronté à une question de paternité.
L’idée de doter l’ex Dahomey d’un festival de théâtre était partie d’une seule personne : Antoine Dadélé. C’est donc son projet. Mais à l’accouchement, le géniteur de ce festival est devenu multiple, plongeant les uns et les autres dans une ambiguïté inouïe.
Ensuite, leurs relations avec les journalistes. Entre Hommes des médias et artistes, les relations ne sont pas toujours conviviales. Eustache Agboton, Directeur de publication du portail Benincultures, dans l’un de ses dossiers a exposé la complexité de ce rapport. L’artiste béninois est cet être qui, bombant le thorax devant le micro du journaliste, dénonce tas de choses, et qui revient plus tard prohiber sa publication. Pour protéger ses intérêts personnels au détriment de ceux collectifs, il voile la vérité après l’avoir dite.
Enfin, leurs liens avec l’autorité politique. Devant ce responsable, notamment, celui en charge de la destinée de la culture, l’artiste se refuse d’exprimer clairement sa position. Avec les Hommes à manteau politique, le musicien, le plasticien, le metteur en scène, le promoteur culturel ne sait pas dire NON. Quand bien même, sentant le danger, il se tait ou tient de propos divers, ceci, selon les endroits, afin de préserver ses intérêts. En témoigne, l’épisode Marcel Padey du feuilleton FIMUB (Festival International de Musique du Bénin). A environ deux mois de l’ouverture de l’événement, il avait adressé au Chef de l’Etat une lettre ouverte, dans laquelle il dénonçait la précipitation autour de son organisation. Il était allé jusqu’à parler de drame culturel, invitant le Président de la République à prendre ses responsabilités. Mais au lancement du festival, le dénonciateur était bien présent, et ce, à côté du Ministre. Maintes fois, approché, l’artiste n’a pas voulu nous (dekartcom) expliquer ce revirement spectaculaire.
Dans le secteur culturel béninois, donc, « l’hypocrisie est un vice à la mode ». Et comme tous les « vices à la mode passent pour vertus », elle (l’hypocrisie) devient la norme. Ce vice est une ‘’ressource’’ destructive qui mène à l’autodestruction de son auteur. C’est la culture béninoise qui est alors détruite à coup de plaisir passager de ses artistes.
Esckil AGBO