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Le devoir de violence de Yambo Ouologuem : la plume révisionniste dénonçant une Afrique victime d’elle- même

Face  aux répressions,  aux injustices et à la disette qui sévissent en Afrique,  les hommes noirs  ont toujours mis sur le banc des accusés  les Occidentaux. Ils ne ratent aucune occasion pour faire le procès de leurs anciens maîtres, vu l’état médiocre et regrettable dans lequel est baigné le continent. Abordant autrement le sujet, l’écrivain malien Yambo Ouoleguem publie en 1968 Le devoir de violence, un roman  à travers lequel  il a décrit une Afrique  victime d’elle-même.

Yambo Ouologuem a osé s’inscrire en faux contre les allégations historiques mettant les Européens au centre des maux qui étouffent le bien être des filles et fils du continent noir. Dans son ouvrage Le devoir de violence, il a mis à nu les barbarismes ayant alimenté le quotidien des Africains. Se faisant, l’homme à la plume acerbe, directe et très recherchée a sauvé les Occidentaux des griffes des hommes noirs qui les ont toujours vus comme les principaux acteurs de leurs malheurs. En effet, dans Le devoir de violence, Yambo Ouologuem a créé le royaume de Nakem dont il narre l’histoire depuis le XIIIème siècle jusqu’au lendemain des indépendances. Il s’agit de l’histoire de la dynastie Saïf, où le roi Saïf ben Isaac el Heït, dernier représentant de ladite dynastie, seul maître du terroir ne recule pas avant d’ôter la vie de ses adversaires. C’est un dignitaire cruel et violent, un politicien malin qui a gagné tous ses combats jusqu’au dernier l’opposant à l’évêque Henry où il a fait un match nul. Ceci dans le dernier chapitre du roman. Ainsi, à travers le comportement du héros principal de l’ouvrage qui n’est que le roi sanguinaire, l’auteur a extériorisé les atrocités et animosités qui ont régné dans le continent africain. Présence de roi féodal dans un royaume en proie à la chosification de l’être humain, à la terreur, à la frayeur, à l’affolement et à la ruse. Ainsi, Yambo Ouologuem a caricaturé l’Afrique ; il a présenté une Afrique qui n’est pas de l’avis de tous les Africains. Par cette écriture, l’écrivain malien a marqué le divorce entre l’histoire de l’Afrique, laquelle présente le Noir comme un être parfait, sans bavure et le Blanc, comme l’auteur du mauvais vent qui souffle sur le continent. C’est un roman qui est écrit dans les années 60, une période marquée par l’instabilité politique et la mauvaise gestion des dirigeants africains installés après le départ de l’administration coloniale. Alors, on ose croire à l’audace d’écrire que cet auteur a traduit via le titre de son ouvrage : Le devoir de violence. Il s’agit ainsi pour celui-ci du devoir de dénoncer, du devoir de se démarquer de la foule pour oser dire ce qui est vrai à temps réel. Yambo Ouologuem doit être, ainsi, à l’avenir, pour les cadres africains un modèle car le continent, berceau de l’humanité, jadis malade de ses premiers dirigeants est aujourd’hui dans un état comateux. C’est d’ailleurs le cas du Bénin sous la présidence du docteur Boni Yayi. Du changement à la refondation, deux concepts chers à l’actuel locataire de la Marina, ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest est encore loin de satisfaire les attentes de ses filles et fils. Que de dossiers brûlants, parfois orchestrés par les gouvernants eux- mêmes enflamment le pays. De la révision de la constitution du 11 décembre 1990 aux affaires dites tentatives d’empoisonnement et de coup d’état contre la personne du chef de l’Etat en passant par la correction de la Lépi, on est aujourd’hui imbibé dans l’affaire Sodéco. Qui a occasionné ces différents sujets qui ne font qu’aliéner le pays ? Est –ce encore le Blanc ? Voilà tant de situations qui montrent la véracité du message contenu dans ce roman de Yambo Ouologuem publié, il y a près d’un demi- siècle. A l’instar de celui- ci, les écrivains Emmanuel Dongala, auteur de Johnny chien méchant et Ahmadou Kourouma ont su également montrer l’homme noir à l’origine du malheur du continent noir. Le dernier dans son ouvrage, Allah n’est pas obligé écrit : « les Africains sont pour l’essentiel responsables de leurs malheurs et qu’il serait trop facile de les attribuer à d’autres ou même à Dieu. »

Esckil AGBO

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