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Institut français du Bénin: Gilles Louèkè met Angelo Moustapha en vedette sur son concert

De la gauche vers la droite Angelo Moustapha percussionniste-batteur et le célèbre guitariste Gilles Louèkè. Crédit Photo: Tognidaho

A son concert, samedi 1er février 2020, à l’Institut français du Bénin (Ifb), Gilles Louèkè a permis au public de découvrir d’autres talents béninois dont le percussionniste-batteur Angelo Moustapha qui arrive déjà à gagner la confiance d’autres jazzmen de la scène internationale.

Angelo Moustapha a été l’homme du concert de Gilles Louèkè samedi dernier à l’Institut français du Bénin à Cotonou. La première partie du concert s’est déroulée sans grande surprise pour qui connait ou a entendu les compositions de Gilles. Le célèbre guitariste d’origine béninoise dans un solo qui a duré 41 minutes est resté unique comme il l’est toujours. Seul sur scène, Gilles fonctionne comme un orchestre sans semblable. La voix, la guitare, le piano, la basse et les tambours résonnent sous l’effet de ses seules deux mains magiques sur les 7 cordes de sa belle guitare. C’est aussi l’effet de ses coups extraordinaires de langue sur les parois de sa bouche qui sonne tantôt comme un jimbé tantôt comme des castagnettes et autres instruments de percussion. Gilles est seul sur scène mais assure comme une équipe d’une démi-douzaine de musiciens dans un spectacle d’afrojazz avec des rythmes de sa terre natale et d’Afrique en général qu’il manipule bien et rend dans une composition plus complexe comme s’il aime quand c’est plus compliqué que le standard. Gilles Louèkè demeure unique.

Quand Gilles Louèkè révèle un autre talent unique

Le percussionniste-batteur Angelo Moustapha. Ph: Tognidaho

 

Dans la deuxième partie du concert, le guitariste a joué avec d’autres talents qu’il a voulus mettre en avant. Entre autres, il met en vedette un jeune béninois qui l’a convaincu par son talent, son choix d’être aussi seul en son genre et sa grande hardiesse dans la composition des temps. D’aucuns parleraient de temps « bizarre ». « Angelo là, les temps compliqués, il mange comme la pâte » disait Gilles à son grand frère à Cotonou, nous rapporte Angelo. C’était pour témoigner de la facilité de ce jeune percussionniste-batteur à comprendre l’univers rythmique mixte du « guitariste d’exception ».

La force d’Angelo, c’est vraiment l’audace dans la création, les compositions de temps et la quête d’être soi-même et non se ressembler à quelqu’un. « Je pouvais faire autre chose. Mais si j’ai choisi la musique, il faut que je le fasse avec mon identité. Si je fais la musique ce n’est pas pour jouer « comme ». C’est le « comme » là que j’évite. Certes, il y a des standards sur lesquels il faut travailler mais après, il faut être soi-même. C’est ce qui fait la différence », explique Angelo. Déja la batterie sur laquelle il joue est particulière. Certes, pour jouer du rock, du métal, du reggae, il utilise la batterie ordinaire mais pour l’afro jazz qu’il adore, il préfère sa composition de tambours moderne et tradi. La force de Angelo, c’est aussi sa connaissance profonde des rytmes béninois. Il a eu la chance de commencer dès son enfance la chorale céleste à Savalou dans le département des collines où la musique traditionnelle bat son plein. Outre sa mère, compositrice chanteuse du groupe yorouba des ressortissants de Savè à Savalou qu’il accompagne, Angelo a joué aussi avec des vedettes de la musique traditionnelle dont Gbétchéou. Très bien nourri à la source natale donc, il a alors décidé de travailler ces rythmes à la batterie pour pouvoir les jouer seul, et ce, dans des créations sur des décompositions de temps qui feront sa marque. C’est dans une vidéo démo de lui que Gilles découvre son travail et soutient qu’il est sur le bon chemin.

Samedi dernier au théâtre de verdure de l’Ifb, la connexion était parfaite entre ces deux créateurs exceptionnels. Même avec un 6/8, le standard est retravaillé. Entre autres exemples, après un 12è, la mesure suivante est renversée dans une autre décomposition qui fait penser qu’il s’agit d’un autre rythme. Le travail de calcul de mesure est à un niveau complexe mais c’est avec aisance que le jeune Angelo fait le voyage avec le grand Gilles au plaisir du public. Pendant une heure, il est resté objet d’une grande attention de la part des spectateurs. A un moment, c’était devenu un concert de Angelo Moustapha. Gilles Louèkè s’en rejouit. « La relève est assurée. Moi je suis vieux. Je laisse la place aux jeunes. Ça fait plaisir de voir toute une équipe de jeunes motivés. Je sais qu’il y a des talents. Je n’ai pas de doute. Ils iront très loin. C’est juste une question de structure », confie l’aîné.

Angelo déjà sur scène avec Philip Catherine
Angelo Moustapha confirme qu’«ils iront très loin». Meilleur batteur de l’Afrique en 2017 sur le festival Meilleur instrumentiste d’Afrique (Mia) à Cotonou face à un jury international, Angelo Moustapha convainc chaque fois que l’occasion se présente à lui. Le guitariste de jazz Philip Catherine ne dira pas le contraire. Juste au détour d’un solo à la batterie à la fin d’un master class à Cotonou, Philip Catherine est devenu « amoureux » du talent du jeune Angelo qu’il invite désormais pour des concerts en duo tout comme en grand nombre. Ils ont même un grand concert pour mars prochain. Angelo a aussi deux orchestres d’afrojazz en Europe. « Angelo Moustapha Quartet» avec Maxime Jaslier (Saxophoniste Flûtiste Traversière), Arthur Henn (Contrebassiste) et Clément Prioul (Pianiste) en France et « Angelo Moustapha Band » avec Théo Füg (piano), Michel Vridag (basse) et Arnaud Guichard (Saxophone ténor) à Bruxelles. Au Bénin, il évolue avec son orchestre «Deeman groove» qui sera même en concert 28 février prochain au lieu unik à fidjossé. Au Burkina fasso, Niger, Togo et dans d’autres pays africains, Angelo travaille aussi avec des artistes dans des formations sur le piano, la guitare, les percussions, etc. Il travaille entre autres sur l’écoute et la connexion dans un groupe de musique. En Afrique comme en Europe, il est impliqué dans des projets d’arrangement d’album. L’un des derniers en date est celui de Muriel Vrhoeven qui sort d’ici fin février à Bruxelles.

« Angelo, un jeune percussionniste batteur, c’est incroyable, je sais qu’il ira loin. Sa batterie est exceptionnelle », insiste Gilles Louèkè. Pour l’intéressé, il n’y a pas de quoi se vanter. Il y a lieu plutôt de rendre grâce à Dieu de l’accomplissement d’une prophétie révélée par les visionnaires au sein de l’Eglise du christianisme céleste lors de la cérémonie de baptême dite «sortie d’enfant» au 8è jour de sa naissance à Nikki dans le département du Borgou au Bénin. Travail, humilité et discrétion est son crédo.

Blaise Ahouansè

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