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Gnonnas Pédro : un talent adulé, une mémoire méprisée

Le maestro béninois Gnonnas Pédro  tant adulé pour la qualité de la musique qu’il a produite est définitivement passé aux oubliettes. Ceci dix ans seulement après son décès. Pour preuve, le musée érigé pour honorer sa mémoire végète depuis de nombreuses années dans un état de délabrement. Ce qui n’honore guère l’artiste défunt.    

Décédé le 12 Août 2004, Gnonan Sossou Pierre Alias Gnonnas Pedro dont la beauté et la pertinence de la musique produisent encore de l’émotion dans le cœur de ses mélomanes a tôt fait de passer aux oubliettes. En témoignent les herbes omniprésentes dans la cour du musée baptisé « Musée Gnonnas Pedro », sa maison située dans un quartier périphérique de Lokossa dans le département du Mono, sa  salle de spectacle en construction depuis son décès et  les images de ses  plus beaux spectacles soumises  à l’épreuve du temps et des intempéries. Tout cela,  faut-il le dire,   contraste l’image de gloire que les mélomanes béninois  retiennent de l’artiste.  Reposant sur sa terre natale Lokossa, l’auteur, compositeur, chanteur, arrangeur et membre du groupe  Africando, n’est véritablement célébré que dans le cœur de Lorenzo, son enfant adoptif et proche collaborateur. « Pour non-paiement des factures, le Musée Gnonnas Pédro, est privé d’eau et d’électricité depuis bientôt deux ans », révèle ce dernier.

La cinquantaine environ, de teint noir, Lorenzo qui doit sa posture debout grâce à ses jambes quelque peu bancales et affaiblies, revit avec beaucoup d’émotions le souvenir de l’homme qui l’aura marqué pendant sa vie et qu’il appelle affectueusement « Feu ». « Mon Feu est mort mais je sais qu’il ne m’a pas abandonné ; c’est pour cette raison que je suis toujours dans sa maison» a déclaré l’homme qui tente tant bien que mal depuis une dizaine d’année de servir  un  maître qui aura rejoint la maison céleste. « Je vais souvent aider les gens dans certaines tâches et les revenus servent à me nourrir et entretenir le musée» affirme-t-il. Ses moyens, sont bien limités, vu l’état de dégradation avancé des photos, des vêtements et autres trophées gagnés par l’artiste Gnonnas Pédro. « J’ai été une fois à la mairie de la ville pour demander de l’aide afin de  sauvegarder la mémoire de mon « Feu » en entretenant le musée. Mais  ils ont estimé que c’est le rôle des enfants du défunt», regrette Lorenzo.   Dans la pièce qui servait de salon au Dadjè nationale, se dressent des images  de l’artiste défunt, prises de par le monde avec les personnalités aussi bien du monde politique que culturel. De François Mitterrand au général Mathieu Kérékou en passant par les ténors du groupe Africando  ou encore le musicien malien Bonkana Maiga, la convivialité remarquable sur ces images  démontre la place qu’a occupée l’auteur d’une centaine de morceaux ayant alimenté  l’histoire culturelle et artistique de l’Afrique contemporaine. Ces titres, le serviteur fidèle qu’est Loreinzo les fredonne si merveilleusement dans la mesure des moyens de son arsenal  dentaire disponible.  « Davô da bômé, glélètô, agaman », et bien d’autres  du répertoire de l’artiste sont parcourus avec émoi et un attachement profond.  A chaque titre, l’homme de main de Gnonnas Pédro  a su associer les vêtements portés pour la circonstance.

Lorenzo ferait davantage s’il obtenait le soutien des autorités en charge de la culture au Bénin. Avis donc au ministre Jean- Michel Abimbola et son équipe.

Gérald SETONDJI  (Coll.)

 

 

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