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Gaëlle Ikonda, danseuse professionnelle du Gabon, au cours d’un entretien qu’elle a accordé à la rédaction de dekartcom parle, à bâtons rompus, de cet art dans son pays. Selon ses explications, plusieurs difficultés fragilisent son essor, cependant, l’interviewée estime qu’au pays d’Ali Bongo Ondiba, on peut vivre de la danse.

Lisez l’intégralité de l’interview

Dekartcom : Gaëlle Ikonda, vous êtes danseuse professionnelle du Gabon, dites- nous à quand remonte votre initiation à la danse ?
Gaelle Ikonda: Cela remonte à fin 2003 et début 2004. J’ai passé une audition à laGaëlle Ikonda compagnie « No Limit » du Gabon et j’ai été sélectionnée et c’est là que j’ai fait mes premiers pas. Après je suis allée dans une école de danse qui s’appelait à l’époque « Harmony Dance Studio ». C’est avec ces deux institutions que j’ai connu la danse.

Mais il faut dire qu’après Harmony Dance Studio, j’ai fait d’autres écoles : « Carrefour de la danse » et « Corps à corps » qui sont juste des écoles pour apprendre différentes sortes de danses. J’ai fait «l’école des Sable » de Germaine Acogny au Sénégal en 2013 puis « Engagement féminin » avec la compagnie August-Bienvenu au CDC la termitière au Burkina Faso, Crossing Cap Town en Afrique du Sud « ETC » au Gabon, les Résidences Aex Corps de l’association Premier Temps de AndreyaOuamba au Sénégal et je prépare les Atelier du monde à Bamako Malia Donko Seko avec Kettly Noel.

Quelle danse faites- vous et comment cela se pratique ?
Je fais de la danse contemporaine, à la base je suis danseuse Hip Hop donc j’ai commencé avec le Hip Hop puis après, j’ai fait de la salsa, ragga dance hall, danse traditionnelle gabonaise, Jazz, un peu de danse classique et du tango. Mais à présent, je me suis plus intéressée à la danse contemporaine qui est une danse de création, c’est une danse qui se pratique comme on veut parce qu’elle est très libre ; tu utilises tout ce que tu as à l’intérieur, le plus important est qu’il y ait un message et une démarche dans ce que tu fais et cela se pratique n’importe où à n’importe quel moment parce qu’on crée tous les jours.Je la pratique en combinant tous les styles de danse que j’ai eus à apprendre ; j’essaie de faire une nouvelle chose.

Pour Gaëlle, c’est quoi la danse ?
Pour moi, la danse, c’est mon métier, ma passion, c’est quelque chose que j’aime beaucoup que j’adore. C’est comme une cure, cela me guérit tout simplement. C’est beaucoup de choses pour moi la danse.

Gaëlle Ikonda

Gaëlle Ikonda

 

 

 

 

 

 

 

La danse nourrit-elle son Homme au Gabon?
C’est une question très profonde mais je ne dirai pas un gros « Non » parce que cela dépend de tout un chacun. Je connais des personnes comme Jean Smith, Arnaud Ndoumba Mfondo, Tsinga Assana Mika Sandrin Lekonguiet bien d’autres qui sont des grands au Gabon et qui jouissent de leur art. Et Sandrin, j’ai vue, c’est avec les cachets tirés de ses danses à gauche et à droite qu’il a construit sa maison et a pu avoir son école pendant un moment.

Mais après quand tu veux réellement faire de la danse, ta profession, tu te rends comptes que c’est très difficile. Il faut dire aussi qu’avant, il y avait des possibilités mais ce n’était pas aussi difficile, je pense. Aujourd’hui par exemple, on n’a plus de salle de théâtre au Gabon à part l’Institut Français donc c’est déjà difficile pour nous, mais quand on veut, on peut.

Pour moi être danseur professionnel, c’est avoir une démarche qui est totalement liée à la qualité du spectacle que l’on veut faire.

Être danseur, c’est un travail avec une démarche, un thème avec une vie à l’intérieur pour pouvoir le vendre, mais pour vendre, le Gabon n’est pas encore l’endroit idéal, dans quelques années sûrement. Pour finir, je ne dirai pas que c’est impossible de vivre de son art.

Le Gabon dispose-t-il des écoles de danse ?
Aujourd’hui, il y a quatre (4) écoles de danse au Gabon à ma connaissance mais ce ne sont pas des écoles d’où tu sors professionnel. C’est juste des écoles qui vous permettent d’avoir des bases dans des styles de danse comme le Jazz, la danse classique, Hip Hop et autres. Maintenant si tu veux te faire former professionnellement, il faut que tu sortes du Gabon. Dire qu’il y a une école formant des danseurs professionnels au Gabon serait mentir.
Mais aujourd’hui par le canal de Saison Danse Gabon qui est le premier projet de développement professionnel en danse unique,en son genre en Afrique, beaucoup d’aspirants se forment.

La Saison Danse Gabon a trois étapes sur une durée de six mois à savoir : D’Abord en janvier – Février avec Plateau Jeune Création Chorégraphique de Libreville qui à l’étape de la détection, la création et production. Nous recevons une scénographe et un regard extérieur professionnel.Ensuite en avril avec La (FAC) Formation Administrative et Ecriture Chorégraphique nous recevons deux chorégraphes de marque pour former 20 jeunes danseurs et deux Administrateurs de renom pour former 20 jeunes administrateurs culturels et de compagnie,Enfin en juin nous avons le Festival International AKINI ALOUBOU qui est la grande plate-forme de diffusion en présence les invitée internationaux avec ce magnifique projet structure on arrivera à pallier à ces manquements.

Quel est le profil pour être un bon danseur ?
Un bon danseur doit être polyvalent, c’est-à-dire que son corps doit être ouvert pour assimiler différents styles de danse. Il ne doit pas s’enfermer dans un seul style. Moi par exemple, j’ai commencé par la danse Hip Hop et beaucoup d’autres styles de danse.

C’est ce qu’on m’a appris et j’habitue mon corps à encaisser. En plus de cela, il faut travailler avec beaucoup de sérieux, chercher à innover chaque jour parce que la danse évolue tous les jours.

Parlez- nous de vos difficultés
Comme dans tous les métiers, la danse a aussi ses difficultés. La première au Gabon, elle est financière parce que tout ce que j’ai fait ici comme formation, c’est de l’autofinancement et j’ai toujours demandé des appuis qui ne sont jamais arrivés, donc je suis arrivée à ce niveau grâce aux aides portées par la famille et des personnes proches. J’espère vraiment que ça va s’améliorer à l’avenir.

L’autre difficulté pour moi est qu’en étant au Gabon, il est souvent difficile de se mettre en résidence de création avec d’autres danseurs professionnels. La majorité est à l’étranger.

Vous avez participé, sous la couverture de votre compagnie Solik, à la dernière édition du FITMO au Burkina, quels sont vos projets après cet événement ?
Après le festival, la compagnie « Solik » se rendra à Bamako pour une formation et un festival le « Festival Dense Bamako Danse » puis on enchaînera sur d’autres festivals au Cameroun Aboki Ngoma en attendant la confirmation d’un autre au Tchad Souar Souar.

Votre mot de la fin
Pour récapituler, j’aime bien mon pays mais je dis juste ce qu’il y a et ce qu’il n’y a pas et c’est aussi un cri d’alerte pour que cela change et aussi inviter les personnes de bonne volonté qui veulent nous aider à se manifester pour améliorer la situation de la danse au Gabon mais également dans les autres pays d’Afrique.

Ce serait très bien que nous puissions avoir nos salles à nous, ça nous aiderait forcément. C’est vrai que nous avons l’Institut Français mais c’est pour les Français qui sont là juste pour nous aider.Donc, si on pouvait avoir nos propres salles, cela nous permettra de nous exprimer plus librement et nous épanouir.

Réalisation : Tometin Tognidaho Emmanuel / Ouaga 2014

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