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Et le FITHEB du Ministre Abimbola eut finalement lieu…

Avec un logo dont la déclinaison graphique traduisait, certainement, la volonté de mieux faire, le FITHEB 2014, dirigé par monsieur Ousmane Alédji,  semble avoir marqué les esprits.  On pourrait dire qu’il a été similairement à l’image de l’édition de 2002, dont le patron était Alougbine Dine.

Créé entre autres pour,enrichir et élever le niveau de la création et de la production artistique et culturelle, et, pour accroître la production de la plus-value nationale, le FITHEB après douze éditions consécutives, et 24 printemps à son actif, fait toujours les premiers pas titubant d’un enfant. J’en veux pour preuve, toutes les intrigues qui l’entourent.

 

Et si on l’exprimait !

 

Selon les textes et sauf erreur de ma part, le Directeur est élu sur la base d’un projet à mener pour quatre ans. Il est reconduit par le conseil d’administration, pour un autre mandat de deux ans non renouvelable, cette fois-ci, si son bilan d’exécution était jugé convaincant par le conseil d’administration.

Dans l’histoire du FITHEB, aucun directeur n’a vu son rapport rejeté à mi-parcours. Et lorsque cela se produit, ce sont les saveurs des questions d’intérêts personnels, qui sont ainsi bien distillées.

Au Bénin comme à l’étranger, beaucoup d’acteurs culturels se demandent toujours pourquoi, il est nécessaire de changer tous les quatre ans, le directeur d’un festival qui ambitionne d’être incontournable en Afrique. A la fin du mandat de monsieur WANOU comme celui de monsieur Orden ALLADATIN, je n’ai pas à rappeler les tractations qui sèment le doute dans le cœur des acteurs et promoteurs culturels sur l’avenir de l’institution : le retard dans l’organisation des élections, l’incertitude sur l’intention du directeur sortant de vouloir se représenter, les retouches des textes et bien d’autres.

Le FITHEB 2014, les poux et le nerf de la guerre                                                                                                                                                 

Tout a commencé par, un atelier de redynamisation voulu par le Ministre de la Culture Jean-Michel ABIMBOLA, et tenu le 06 juin 2013 dans le somptueux cadre du « Ghana-hôtel »de Grand Popo. Une cinquantaine d’acteurs à divers niveaux, impliqués dans la gestion du FITHEB depuis sa création étaient ainsi réunis afin de réfléchir sur les nouvelles orientations du “marché mondial du théâtre“, comme certains aiment bien qualifier le FITHEB.

Les résolutions prises au terme de cet atelier, devaient permettre au conseil d’administration d’élire un directeur capable de faire du FITHEB un label à la hauteur de l’étendard souhaité.  Mais entre temps avant les assises, un processus d’élection d’un nouveau directeur avait été engagé. Ce qui avait eu pour assaut final l’élection de monsieur Eric Hector HOUNKPE. Contre toute attente, le Ministre Jean-Michel ABIMBOLA, ne reconnait pas le directeur élu par le conseil d’administration, qui avait pourtant les pleins pouvoirs pour le faire en fonction de ses prérogatives. Le Ministre prend ensuite, la décision de nommer Ousmane Alédji en qualité de Directeur par intérim du FITHEB. Malgré tout, cette nomination fait l’unanimité.

Mais Eric-Hector HOUNKPE le Directeur légitimement élu, reste en l’air. De notoriété publique, tout le monde sait que ces deux directeurs se connaissent bien, et qu’ils seraient très proches, selon les propos des uns et des autres. Pour accompagner le directeur intérimaire, un comité de supervision de huit membres a été constitué et installé.

Ousmane Alédji, avait donc un défi à relever ! Mais l’intervention de Gabin ALOGNON, sur l’émission « Zone Franche » de Canal 3 Bénin, est venue calmer pour quelques temps les ardeurs des uns et des autres.

En effet, celui qui était à cette époque,  le Directeur des Ressources Financières et du Matériel du Ministère de l’Economie et des Finances, déclarait à qui voulait l’entendre, qu’il comptait bloquer l’organisation du FITHEB de 2014. Il dressa également, un cinglant réquisitoire contre l’équipe mise en place par le Ministre Jean-Michel ABIMBOLA.

Ailleurs, cela aurait pu être considéré comme un crime de lèse majesté. Malgré tout, Ousmane Alédji continua à faire son petit bonhomme de chemin, en annonçant les dates du FITHEB de 2014. Mais à trois semaines de l’échéance, il tente ce qui se révèle être, un véritable coup de poker. Il adresse une lettre aux compagnies internationales conviées au FITHEB, dans laquelle, il leur annonce le report sine die du festival, qui au finish sera organisé.

Une fois de plus, l’argent le nerf de la guerre, aura été au centre de toutes les conversations. Le budget initial étant de deux milliards, soit presque le double de celui du Marché des Arts et du Spectacle Africain (MASA) organisé à Abidjan (Côte d’Ivoire), et huit fois celui des Récréatrales de OUAGADOUGOU (Burkina-Faso). Finalement, ce n’est que 150 millions que le Directeur intérimaire et son équipe ont pu se voir accorder.

La veille citoyenne                                                                                                                                                                                                        

Il a fallu que plusieurs acteurs culturels, dont ma personne, que certains dans le rang des acteurs culturels qualifient de « jeunes intellectuels énergumènes », fassent spontanément une veille citoyenne. Oui, parce que ces « jeunes énergumènes » ont réussi à déjouer ce  coup qui était en préparation, et qui n’était autre que l’annulation du FITHEB. Les réactions suscitées par le report sine die,  n’étaient certainement pas celles attendues. Des jeunes acteurs et promoteurs dont je salue le courage, ont su dire « non » à cette mascarade. Ils ont été entendus parce que, la bombe qui a été lancée n’a pas atteint la cible visée. Pour ceux qui qualifient ces jeunes d’énergumènes, j’ai envie de leur dire, que ce n’est pas de notre faute, si certains n’ont pas eu les diplômes qu’il faut. J’ouvre cette parenthèse, qui est un coup de gueule personnel à l’endroit de la personne, qui se reconnaîtra. Ces jeunes énergumènes, ont été à l’école à leurs frais, et continuent d’engager de conséquentes dépenses afin d’étudier et de décrocher les diplômes requis.  Grâce à ce courage qu’ils ont eu, des acteurs culturels qui sont restés désespérément silencieux, ont pu toucher des per diem et des cachets. C’est ce que, j’appelle de la veille citoyenne, car certains oublient ce que c’est que la démocratie, encore moins la démocratie culturelle. J’estime que la démocratie culturelle permet de libérer l’expression culturelle à travers divers genres et créations culturelles ainsi que la libéralisation de l’accès à la culture aux plus larges populations…

Quel impact pour le FITHEB 2014 ?                                                                                                                                                                         

A l’actif de l’équipe d’organisation du FITHEB 2014, je mets le fait d’avoir intégré la création d’une pédagogie autour de l’offre culturelle. La création d’une pédagogie autour de l’offre culturelle, étant la possibilité de donner au public notamment au public de demain, le goût du spectacle vivant, et de l’inviter au plaisir de la rencontre directe avec les artistes. En plus de cela, la programmation a été attrayante. Ainsi, c’est un spectacle sur le Fâ, qui a été joué à l’ouverture du festival.  Cela a d’ailleurs été reconnu, par Monsieur TAMER, Président de la Commission Internationale du Théâtre Francophone à l’OIF, selon des propos que j’ai lus sur un forum de discussion culturelle. Pour lui, « le spectacle d’ouverture du colloque fut le plus novateur du FITHEB dans la mesure où, il incarne un nouveau genre théâtral (conférence-théâtre) qui émerge en Europe depuis une dizaine d’années.Ce spectacle mêlant slam poétique, conte narration et démonstration scientifique a permis aux festivaliers étrangers de découvrir un aspect complexe de la culture béninoise. Ce fut enrichissant ». C’est le même constat, pour les spectacles relatifs au théâtre populaire programmés sur le festival dont des compagnies comme « Wobaho ». La stratégie de communication de cette édition, a été bien ciblée. Qu’on soit du non public, du public occasionnel des spectacles, du public empêché, du public avertis, du public impliqué ou du public captif, un travail important a été fait en direction de chacun, afin que le festival puisse toucher l’esprit et le cœur de chacun. C’est compte tenu de tout ce qui précède, que ma petite personne félicite le Directeur intérimaire du festival, son équipe et toutes les personnes qui ont fait la veille citoyenne, qui a été nécessaire pour la réussite de cet événement. Le Bénin culturel de demain, c’est maintenant ou jamais !

Ezin Pierre DOGNON

 

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