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Elvire Adjamonsi : « Nous ne faisons pas téni- tédji pour le maire de Porto- Novo mais pour les populations »

Chargée de l’administration du Festival International de la Marionnette et des Arts de la Rue, Téni- tédji, Elvire Adjamonsi, raconte ici les coulisses de la 7ème édition de l’événement. Entre remerciement et déception, elle se confie à dekartcom.

Lisez….

Dekartcom : Elvire Adjamonsi, c’est vous qui avez gérée l’administration du festival Téni- Tédji 2016. Parlez – nous- en.
Elvire Adjamonsi : Je dois dire qu’on l’a gérée à deux. Jude Zounmènou, le Directeur et moi. C’est la première fois que j’ai travaillé dans le comité d’organisation. Je suis rentrée au pays l’année dernière. J’ai rencontré Jude et dès lors, nous avons commencé par préparer le festival.

Nous avons géré à deux jusqu’au démarrage effectif de la 7ème édition. Et à partir de là, j’ai continué toute seule.

Quels sont les moments forts de votre gestion ?
Je vais parler de trois moments. Le premier, c’est l’avant- festival pendant lequel j’ai travaillé avec Jude sur le montage et la gestion du dossier. C’était l’occasion de mieux nous connaître parce que nous ne nous connaissions pas du tout. Il y a des moments où on ne s’entendait pas sur des points mais, ce qui est bien, nous finissons par nous comprendre. A un moment donné, chacun range ses caprices pour l’intérêt du festival.

Le deuxième moment, c’est quand tout le comité s’est réuni. Ce n’est plus une personne mais plusieurs jeunes gens et jeunes filles que je connais à peine. Il y a donc plusieurs humeurs à gérer… Nous parvenons toujours à nous en sortir.

Le troisième moment est la rencontre avec les festivaliers. Là aussi, chacun vient avec ses qualités et ses défauts. Chacun veut que ce soit son spectacle qui prenne sur tous les autres. Mais, franchement, j’ai aimé la collaboration avec tous les membres du comité d’organisation d’une part et les festivaliers d’autre part.

Vous avez travaillé, sans doute sous pression et gérant dans le même temps les humeurs des uns et des autres, y compris, le stress quotidien. Est- ce qu’il vous est arrivé de désirer démissionner parce que vous en avez ras- le – bol ?
Non, jamais. Les frustrations n’ont pas manqué. Je peux m’énerver et les instants d’après, tout revient au calme.

Avez- vous reçu des promesses lors des préparatifs mais qui, in fine, ne sont plus concrétisées ?
Nous avons l’impression de vivre dans un pays où les promesses sont intégrées dans les habitudes quotidiennes, surtout de la part de nos autorités.

Ah bon ! Donnez- nous des exemples …
(Elle sourit et change de mine). L’institution qui m’a marquée, négativement bien sûr, c’est la mairie de Porto- Novo.

J’étais un jour avec le promoteur du festival Jude Zounmènou et nous étions allés voir un des proches collaborateurs du maire pour voir l’évolution de notre dossier. Dans son bureau, il nous a dit que la mairie a réservé quelque chose pour nous. Jude et moi, nous nous sommes regardés et avions exprimé, immédiatement une reconnaissance.

Celui-ci fouille pendant des minutes ses documents et lança : « voilà, on a réservé 500.000 FCFA pour vous». Notre joie spontanée de départ a reçu un coup, parce que, pour nous, le montant est suffisamment insignifiant. Mais nous nous sommes dit, c’est mieux que rien. Cela servirait à quelque chose.

Nous avons attendu des mois et des mois, sans voir les couleurs de la fameuse somme. Cette enveloppe ne nous est jamais parvenue jusqu’au démarrage et à la clôture du festival. Selon mes recoupements, il y a des éditions antérieures pendant lesquelles le même procédé avait été observé. Et cela finit par ne jamais arriver. Mais qui encaisse finalement cette somme destinée à la culture au plan local ? Je vous laisse investiguer.

La mairie était quand même représentée à l’ouverture !
Bien sûr, un représentant occasionnel était là. Le promoteur de l’événement, dans son discours a été très poli vis- à – vis de cette institution sinon, au regard de la colère à lui infligée par celle- ci, il aurait tenu des propos acerbes à son endroit.

La mairie de Porto- Novo devrait prendre ce festival à bras- le corps, mais c’est elle qui reste indifférente. Cela décourage. Moi, j’ai été administratrice du Festival International de Théâtre d’Abidjan (FITA), sur trois éditions, je vous certifie que la mairie de Yopougon, chaque année, prend en charge, l’hébergement de tous les artistes. Elle participe à leur restauration et à leur déplacement au cours du festival.

Ici, chez moi, au Bénin, il n’y a rien.

Vous confirmez que la mairie vous a fait une promesse mais ne l’a pas honorée ?
Oui, je le confirme. Elle peut, peut-être honorée son engagement demain. Mais au moment où nous faisons cet entretien, ce n’est pas encore le cas. Et je crains que ce soit pareil que ce que le comité d’organisation vivait les éditions antérieures.

Avec cette situation répétitive de la mairie de Porto- Novo, parce que ce n’est pas la première fois, la direction du festival, n’est- elle pas tentée de délocaliser l’événement ?
Oui, j’avoue qu’on y a pensé. Il y a certaines communes qui nous font des yeux doux. Mais avec Jude, on réfléchit même si quelque chose nous bloque. Dans la ville de Porto- Novo, la capitale du Bénin, en dehors de Téni- Tédji, je ne vois pas encore un événement vraiment digne de la ville. C’est le seul festival professionnel, régulier de la ville. Avec cela, le délocaliser serait vraiment difficile.

Nous ne faisons pas le festival ni pour le Maire ni pour ses collaborateurs. Nous le faisons pour la ville, nous le faisons pour les populations. Nous avons un public cible que constituent les enfants. C’est pour cela que la majorité des spectacles et rencontres est programmée pour se dérouler dans les écoles, les lycées et collèges.

Par exemple, avec Médecin du monde, nous sommes en atelier où on apprend aux enfants à fabriquer et à manipuler les marionnettes autour d’une histoire sur les violences faites aux enfants.

Si la mairie veut un jour, elle peut se mettre dans la danse. Si elle ne veut pas, nous, nous continuons. Certains diront peut-être que c’est trop prétentieux de notre part, mais laissez moi vous dire qu’avec ou sans la mairie de Porto-Novo, Teni-Tédji aura toujours lieu.

Réalisation : Esckil AGBO

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