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Dr Samuel Sidibé, Directeur du Musée National du Mali : « Les musées s’enferment dans l’art traditionnel… il faut arrêter cela »

Dr Samuel Sidibé, Directeur du Musée National du Mali

Dr Samuel Sidibé est le Directeur Général du Musée National du Mali. C’est un homme qui manifeste un tendre et respectueux attachement par rapport aux œuvres patrimoniales. Tout son être est d’ailleurs consacré à la lutte contre la destruction des biens culturels. C’est un vaillant défenseur du patrimoine africain que Dekartcom a rencontré à Ségou lors de la première édition du Salon International de l’Art Contemporain du Mali. Volontiers, Dr Samuel Sidibé nous a accordé une interview, pour le compte de notre initiative Vendredi des Patrimoines et du Tourisme.

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Dekartcom.net : Monsieur le Directeur, vous avez pris part au séminaire entrant dans le cadre de la première édition du Salon International de l’Art Contemporain, Ségou’Art. Comment appréciez- vous cette initiative ?
Samuel Sidibé : Mes appréciations sont très bonnes. Cette première édition de Ségou ‘Art est vraiment importante pour le Mali mais aussi pour l’Afrique. Elle donne l’opportunité au Mali d’accueillir un événement international et aux artistes l’occasion de se rencontrer pour discuter de l’avenir de l’art contemporain.

Qu’est-ce que l’art contemporain ?
C’est un concept nouveau parce que jusqu’à présent, quand on parle d’art africain, on fait référence essentiellement aux arts traditionnels. Le concept d’art contemporain est un concept qui s’est épanoui autour des années 70 avec le développement de la Revue Noire qui a commencé par s’intéresser à la création contemporaine africaine. C’est vrai que les institutions publiques comme les musées sont venues un peu plus tard mais la préoccupation sur l’art contemporain est récente.

Dans votre intervention au cours du séminaire, en vous appuyant sur votre travail au musée national du Mali, vous avez développé le rôle des musées dans la promotion de l’art contemporain. Parlez- en à nos lecteurs.
Le musée national essaie de faire en sorte que la perception de l’art africain ne se limite pas à l’art traditionnel parce que nous avons hérité de l’époque coloniale cette vision de notre art. L’ethnologie coloniale nous a donné le sentiment que tout ce qui est contemporain n’était pas africain. Cette ethnologie voulait nous enfermer dans notre passé comme si nos cultures n’évoluaient pas, comme si nos cultures ne communiquaient pas avec d’autres cultures.

C’est pour cela que les musées d’une manière générale sont en marge de la dynamique de la promotion de la création contemporaine. Nous essayons aujourd’hui au musée national de rompre ce cercle vicieux, l’Afrique est un continent qui a créé dans le passé et qui crée aujourd’hui. Donc il n’y a pas de raison que la création d’aujourd’hui ne soit pas perçue comme une création africaine. Evidemment, les musées sont en retard sur cette perception mais nous tentons de la développer pour donner au public le sentiment que nous sommes vivants, que les cultures africaines sont vivantes. C’est une leçon extrêmement importante. J’espère que la vision va se développer de plus en plus dans nos Etats.

Musée National du Mali

Musée National du Mali

Quelles sont vos actions pour la promotion de l’art contemporain ?
Depuis plus d’une dizaines d’années, nous essayons de faire une exposition d’arts contemporains. Nous avons déjà essayé de développer de grands projets africains. Au-delà de cela, nous essayons de constituer une collection d’arts africains, ce que j’appelle patrimoine pour demain parce que les musées, jusqu’à présent s’enferment dans l’art traditionnel… il faut arrêter cela. Il faut que les créations contemporaines, les œuvres des artistes soient valorisées. Nous développons la stratégie de constituer les collections pour que nos patrimoines de demain puissent se trouver dans nos musées.

En dehors de ces activités, que proposeriez- vous pour une meilleure visibilité de l’art contemporain de l’Afrique ?
Il faut aussi travailler à ce qu’il y ait les connaissances sur l’art contemporain. Si vous voulez promouvoir l’art contemporain et que vous ne voulez pas développer les connaissances de cet art, les gens vont juste regarder vos œuvres et passer. C’est pour cela que l’émergence du conservateur, du créateur, du commissaire africain, aujourd’hui, est vraiment essentielle parce que ce sont eux qui vont aider à une véritable médiation entre l’art contemporain et le public.

Enfin, il faut retenir que la promotion de l’art contemporain n’est pas essentiellement du domaine public. Elle se fait également par le secteur privé à travers les galeries, les foires…Donc, il est important qu’il y ait une collaboration entre le service public et celui public.

Réalisation : Esckil AGBO, Envoyé Spécial à Ségou

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