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Bénin/Gloria Koessi- Govor : « Nous voulons rallumer le feu sous les marmites de nos grands-mères »

Gloria Kouessi- Govor, promotrice du festival Za

Votre rubrique L’Entretien de la Semaine reçoit ce mercredi 08 novembre 2017 la promotrice du festival Za, Gloria Kouessi- Govor. D’elle à nous, un entretien sur l’édition 2017 de son événement.

Lisez…

Dekartcom.net : L’édition 2017 de votre événement Festival Zâ est proche. D’entrée de jeu, veuillez nous préciser le fond de votre initiative.
Gloria Koessi- Govor : Le Zâ d’abord, c’est un argot (béninois) utilisé pour désigner la nourriture, le met, le repas. Partant de cet mot « Zâ », on comprend déjà que le Festival Zâ, c’est un festival de gastronomie.

Juste qu’à ce niveau, il faut notifier qu’il s’agit de la gastronomie locale, des mets et boissons traditionnels du Bénin. Le festival Zâ est un concept qui vise la promotion et la valorisation de la gastronomie béninoise qui peut être un élément de taille dans la promotion du tourisme. A travers ce festival, nous nous sommes assignés comme mission de rallumer le feu sous les marmites de nos grands-mères afin de démontrer toute la beauté et l’intérêt qui s’y trouve.

Se nourrir aussi, c’est de l’art et de la culture. Alors, nous avons décidé de célébrer cet art à travers une foire gastronomique où les goûts et saveurs locaux donneront rendez-vous à la population béninoise.

Ceci permettra également de mettre en valeur nos producteurs, nos paysans et les différents acteurs qui interviennent dans la production agroalimentaire locale d’autant puisqu’il faut penser produire, transformer avant de consommer le produit final. Notre objectif est clair : Parvenir à promouvoir nos mets à l’intérieur du Bénin afin de contribuer à favoriser l’indépendance alimentaire. Ensuite nous pensons faire déplacer des milliers de touristes grâce à notre gastronomie et enfin promouvoir cette gastronomie hors de nos frontières. Au-delà de l’aspect culturel de cet évènement, nous attachons du prix à celui socio-économique.

Au Bénin, nous constatons une floraison d’événements consacrés à l’art gastronomique. Dites- nous en quoi le vôtre est différent des autres ?
C’est déjà heureux de constater cette floraison d’évènements gastronomiques car je pense qu’il faut de ces genres d’évènements. Mais il faut préciser que le seul événement culturel consacré à la promotion de l’art culinaire béninois, et qui se pérennise depuis 2014, c’est bien le Festival Zâ.

Il y aura d’ici là peut-être un millier d’évènements gastronomiques mais je ne pense pas que le concept ou la vision ou peut-être les objectifs soient exactement les mêmes. Nous, nous avons une vision. Celle de régler deux problèmes en un. Le premier qui est celui de la dépendance alimentaire au Bénin. Nos pauvres paysans cultivent la terre. Des producteurs et transformateurs essaient aujourd’hui de se conformer aux normes internationales afin de s’adapter aux réalités actuelles et de rendre compétitifs leurs produits. Mais le Béninois préfère acheter des produits importés si possible à un prix double que celui du produit made in Bénin. Cela est déjà un problème qu’il faut penser résoudre peu à peu en encourageant les producteurs locaux et en sensibilisant les populations à adopter le local.

Ensuite, si au lieu d’acheter des produits importés, qui viennent servir à faire des mets étrangers qui d’ailleurs envahissent les coins et recoins du Bénin, nous optons pour « La production et le consommons local », quoi de plus beau que de voir que nos produits utilisés pour faire nos mets ? Nous allons peu à peu retourner à la source. Et cela règlera le second problème : celui de la désertification de notre gastronomie. Le Bénin est riche et très diversifié en matière d’art culinaire. Il nous faut alors penser à aller vers la promotion de cette richesse. Il faut également dire qu’au-delà du festival, Zâ est tout un concept dont le contenu sera dévoilé dans les jours à venir. Notre rêve, c’est que l’État s’approprie notre vision afin d’accorder une place de choix aux mets typiquement béninois lors des grandes manifestations. Cela participera à long terme à une véritable indépendance du Bénin, ne serait-ce que sur le plan gastronomique. Il est certes difficile, le combat, mais nous y parviendrons.

Dekartcom.net partenaire du festival Za

Parlez-nous des coulisses de l’édition 2017
L’évènement, cette année se tiendra du 22 au 26 novembre prochain sur l’esplanade du stade de l’amitié Mathieu Kérékou à Cotonou. Et bien parlant des coulisses, nous sommes à pieds d’œuvres pour une bonne fête autour de nos mets locaux. Tout se dessine bien pour que l’objectif soit atteint.

L’appel à participation pour les responsables de restaurants, maquis, bars, désireux de participer à la grande foire gastronomique a été clôturé le 20 octobre passé. A ce niveau, il est important que je vous précise que nous avons reçu un nombre vraiment élevé de candidatures.

Quelles sont les innovations par rapport aux éditions précédentes ?
Eh bien, à chaque édition sa particularité. Chaque année, on tire des leçons dans le but de s’améliorer. On a voulu faire une expérience l’année dernière, on vu les résultats et on a tiré les conclusions qu’il faut. Cette édition réserve beaucoup de surprises. Un village qui sera animé tous les soirs par des concerts et animations diverses, la découverte de certains mets qui ont eu à faire leur temps et qui seront revisités sur le festival Zâ, la formation d’une vingtaine de fille à la pratique de la cuisine ancestrale et la grande surprise de cette édition « la démo cuistot » que vous découvrirez très bientôt.

Nous nous donnons à fond afin d’offrir au public, un évènement de taille. L’aventure cette année est autre et sera assurément belle.

Peut- on avoir une idée sur les pays participants ?
Nous aurions bien voulu faire participer d’autres pays africains mais nous n’avons pas encore cette possibilité. Inviter d’autres pays, n’est pas inscrit dans nos ambitions cette année. Notre vision, c’est d’arriver à faire l’inventaire de tous les mets béninois dans les différentes communes de notre pays. Des mets déjà connus et ceux tapis dans l’oubli seront valorisés à travers le Festival Zâ.

Cependant, nous pensons nous ouvrir à l’expertise d’autres pays en termes de cuisine et ce sera chose faite les années à venir.

Réalisation : Esckil AGBO

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